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Adam Rodriguez : rencontre avec l’Expert de Miami

Robin Girard-Kromas
Publié le 15/03/2012 à 20:00

Déjà dix années qu’Adam Rodriguez interprète l’inspecteur Delko dans Les Experts : Miami. Après une petite escapade du côté d’Ugly Betty, l’acteur est revenu à temps plein dans la série de Jerry Bruckheimer, bien heureux de pouvoir partager encore quelques moments avec ses collègues devenus amis. A 36 ans, il envisage l’avenir sereinement et revient pour Toutelatele.com sur son parcours et ses ambitions.

Robin Girard-Kromas : Vous incarnez l’inspecteur Delko depuis déjà 10 saisons. Comment décririez-vous l’évolution de votre personnage ?

Adam Rodriguez : Je dirais qu’il a beaucoup mûri. Au début de la série, il était très jeune, il avait beaucoup à apprendre. Mais maintenant, il a plus confiance en lui, il est clairement moins fragile.

Avez-vous, en tant qu’acteur, suivi la même évolution ?

Pas seulement en tant qu’acteur. Je pense que tout le monde gagne en confiance en soi avec l’âge, car on se connaît mieux soi-même. C’est clairement ce qui m’est arrivé ces 10 dernières années et j’espère que cette évolution va se poursuivre dans les années à venir.

Quel souvenir gardez-vous de votre audition pour intégrer le casting des Experts Miami  ?

À l’époque, je jouais dans Roswell. Mon manager m’avait obtenu un rendez-vous pour rencontrer des gens de la série Les Experts qui souhaitaient créer un spin-off à Miami. Je me suis retrouvé en face de Carol Mendelsohn, Ann Donahue et Anthony Zuiker, les trois créateurs de la série originale. Ils avaient déjà vu plusieurs de mes scènes dans d’autres séries et on a parlé pendant environ 45 minutes. C’était déjà fini. Pendant une semaine, je n’ai eu aucune nouvelle d’eux. Ils ont finalement appelé pour dire qu’ils m’avaient beaucoup aimé, mais qu’ils n’étaient pas encore sûrs de leur choix. Nous étions alors encore trois sur les rangs pour interpréter l’inspecteur Delko.

Comment avez-vous fait pour décrocher le rôle aux dépens des deux autres candidats ?

En attendant, j’ai fait d’autres castings et j’ai obtenu un rôle régulier dans le pilote d’une sitcom pour NBC, A.U.S.A., avec Scott Foley [cette comédie sur un procureur un peu naïf sera finalement programmée en février 2003 sur NBC sans grand succès et ne connaîtra que 12 épisodes. Chose amusante, Ana Ortiz, que Adam Rodriguez retrouvera quelques années plus tard dans Ugly Betty, faisait partie de la série, NDLR]. J’ai donc contacté les représentants de CBS pour les informer de la proposition de NBC : s’ils ne me donnaient pas le rôle dans Les Experts : Miami maintenant, je partais chez la concurrence. Et c’est comme ça que j’ai obtenu le job ! (rires)

Vous avez écrit et réalisé un épisode de la saison 10 (prochainement diffusée en France). C’est la deuxième fois que vous vous prêtez à l’exercice, comment cela s’est-il passé ?

J’étais vraiment à l’aise. Même la première fois, malgré l’appréhension à réaliser un tel défi, les équipes techniques m’avaient totalement mise en confiance, tout comme mes camarades acteurs. Cela faisait déjà des années que je travaillais avec eux, et ils m’avaient vraiment soutenu. Cette première expérience m’a rassuré pour ce deuxième épisode.


Pourquoi avez-vous choisi d’aborder le thème des abus sexuels sur mineurs ?

En réalité, je n’ai pas choisi le sujet. C’est Ann Donahue, le showrunner, qui a tranché. À ce moment-là, l’affaire du coach de l’équipe de football de Pennstate University faisait la Une de tous les journaux, car il était accusé d’avoir abusé de jeunes garçons. C’était un thème au cœur de l’actualité difficile et pas forcément celui que j’aurais choisi. Mais c’était mon boulot de le faire, donc j’ai pris mes responsabilités. C’était un vrai défi d’aborder un thème aussi sensible. Et je suis plutôt satisfait de ce que ça a donné !

Vous avez été remercié des Experts : Miami au cours de la saison 8, dans laquelle vous êtes finalement apparu pendant 11 épisodes, avant de réintégrer complètement le casting un an plus tard. Que s’est-il passé en coulisses ?

C’est le business ! Je n’ai pas été très content de la façon dont tout cela s’est produit, mais il ne faut pas le prendre personnellement. Il ne faut laisser aucune place aux sentiments, car eux n’en ont aucun. Pour être honnête : nous n’étions pas d’accord sur le montant de mon salaire. Je pensais que je méritais plus que ce qu’ils me proposaient, pas eux. Ils m’ont dit que si je n’étais pas content, je pouvais partir, ce que j’ai fait. Après, je ne voulais pas quitter la série brutalement, sans donner de fin aux intrigues de mon personnage.

Vous avez donc décidé de rester un peu plus longtemps ?

J’ai dit au showrunner Ann Donahue que je souhaitais revenir au début de la saison 8 pour donner une bonne conclusion au personnage. Elle était très enthousiaste à ce sujet, et je pense que le premier épisode de la saison 8 est l’un des meilleurs de la série. Puis, les trois épisodes sur lesquels nous nous étions convenus au départ pour conclure les intrigues de Delko se sont transformés en 11 épisodes. Après, je suis parti surUgly Betty, où j’ai également tourné 11 épisodes. Cette année-là s’est avérée être la meilleure de ma vie, avec deux jobs différents. Finalement, sûrement grâce aux fans de la série qui protestaient contre mon départ, CBS et les producteurs de la série m’ont demandé de revenir.

Eddie Cibrian, engagé pour la saison 8, a été remercié dès la fin de celle-ci avec votre retour à temps complet. Certains ont affirmé qu’il y aurait eu double emploi avec deux « inspecteurs beaux gosses » dans la série...

(Rires) À vrai dire, je n’ai jamais vraiment travaillé avec lui sur les Experts : Miami, donc c’était moins difficile pour moi. Nos intrigues dans la série n’étaient quasiment jamais reliées, nous n’étions jamais dans les mêmes scènes. Après c’est malheureux qu’il ait perdu son travail...


Encore une fois, « c’est le business » ?

Exactement ! Le bon côté des choses, c’est qu’il a eu un beau rôle dans Les Experts : Miami et qu’après il n’a eu aucun mal à retrouver directement une autre série, avec Playboy Club. Eddie aura toujours du travail !

Quand Les Experts : Miami s’achèvera, dans quel genre de série aimeriez-vous jouer ?

J’adorerais intégrer le casting d’une comédie. Mais nous verrons si ça se passe comme ça ou non. En tant qu’acteur, c’est souvent une question de timing : on prend le rôle qui nous plaît le plus à un instant T. Donc j’espère que ce sera une comédie.

Y a-t-il des réalisateurs avec lesquels vous rêveriez de travailler ?

Je viens de terminer un film avec Steven Soderbergh (Magic Mike, où Adam Rodriguez interprètera le rôle d’un stripteaseur confirmé initiant un jeune premier à l’art de l’effeuillage, NDLR). Ca s’est très bien passé et j’adorerais travailler avec lui à nouveau. Je rêverais aussi de pouvoir travailler avec Martin Scorsese. Il y a encore beaucoup d’autres gens avec qui je voudrais collaborer, mais la liste est trop longue pour tous les citer.

Avez-vous suivi les différents projets de séries pour la saison prochaine, dans le cas où Les Experts : Miami disparaitrait ?

Je n’ai pas vraiment suivi la saison des pilotes [période où le casting des nouvelles séries se produit, NDLR], mais à vrai dire j’ai reçu quelques appels pour des projets. Je ne sais pas encore ce qui va se passer avec Les Experts : Miami, je ne suis donc pas sûr d’accepter un rôle dans une autre série. Je profite de mon temps pour voyager. J’ai quitté les États-Unis le lendemain de la fin du tournage de la saison 10 des Experts : Miami !

Si la série est annulée à la fin de la saison 10, le dernier épisode pourra-t-il faire office de conclusion, à la fois au show et à l’histoire entre Delko et Calleigh ?

C’est un très bon épisode pour conclure la saison, mais pas la série. S’il s’avérait que c’était le tout dernier épisode des Experts : Miami, je pense qu’on aurait tous voulu qu’il soit différent. Mais je ne pense pas que la série va être annulée. À mon avis, elle reviendra l’an prochain.


Le dernier épisode a presque été entièrement réécrit. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

La fin de l’épisode laissait à penser que ce serait le tout dernier. Puis, le destin de la série s’est éclairci et tout le monde est devenu plus optimiste sur nos chances de renouvellement. Donc les scénaristes ont décidé de réécrire l’épisode pour qu’il ressemble plus à une fin de saison qu’à une fin de série.

Avez-vous gardé contact avec le casting d’Ugly Betty et en particulier votre partenaire dans la série, Ana Ortiz ?

Nous sommes devenus de vrais bons amis, je suis toujours en contact avec elle et America [Ferrara, Betty Suarez dans la série, NDLR], à qui j’ai d’ailleurs parlé il y a très peu de temps. Tony Plana (Ignacio Suarez dans la série, NDLR) est aussi un très vieil ami. Je l’avais rencontré sur Resurrection Blvd., une série américaine du câble diffusée sur Showtime, il y a plus de dix ans. Et à part les acteurs, je suis aussi toujours en contact avec Victor Nelly, l’un des producteurs d’Ugly Betty.

Comment compareriez-vous l’ambiance sur les plateaux de tournage des Experts : Miami et d’Ugly Betty ?

Sur Les Experts : Miami, on s’amuse beaucoup. Nous sommes tous amis depuis des années, mais comme les scènes concernent toujours des morts ou des crimes, l’atmosphère est parfois un peu plus lourde qu’elle peut l’être sur les plateaux d’une comédie comme Ugly Betty. Là-bas, on blaguait tout le temps, et on pouvait s’amuser encore plus pendant les scènes. Que ce soit l’une ou l’autre, j’ai passé très bons moments. Seule l’énergie est différente au vu de leur genre.

Ugly Betty était l’une des premières et des seules séries américaines à prendre comme personnages principaux une famille latino. Depuis sa disparition, aucun autre show n’a pris le relai. Qu’en pensez-vous ?

C’est un peu décevant qu’il n’y ait aucune autre série à mettre en scène une famille latino, mais je suis sûr qu’il y en aura dans le futur. Si c’est un programme d’aussi bonne qualité qu’Ugly Betty, j’espère que cela arrivera vite. Mais dans Ugly Betty, les Suarez étaient bien plus que cela. Quand le personnage de Justin s’interroge sur son orientation sexuelle, qu’il traverse une période souvent difficile, et que l’on suit la relation qu’il a avec sa mère et tout l’amour qu’ils se portent, ce sont de vrais beaux moments de télévision.


Après une expérience sur le câble au début des années 2000, aimeriez-vous y retourner ?

Absolument. Je pense que c’est là où l’on retrouve les meilleures intrigues. Il y a plus de liberté, plus de temps pour écrire les scénarios, plus de latitude pour raconter les histoires, en l’absence d’une coupure publicitaire toutes les 15 minutes (sur les chaînes à péage comme HBO et Showtime seulement, NDLR). Sur le câble, les producteurs ont une heure entière pour développer leur sujet. Leurs séries sont presque toutes sérialisées, ce qui est plaisant pour les acteurs, car ils jouent un arc scénaristique entier et non pas une histoire condensée en un seul épisode. Pour moi, les séries du câble, ce sont des films de 13 heures, qu’on regarde simplement par morceau d’une heure.

Vous évoquez l’aspect « sérialisées » des séries du câble. Aimeriez-vous que les Experts : Miami suive le même chemin ?

J’aimerais beaucoup. Surtout maintenant, alors qu’on sait que la série arrive lentement à sa fin, ce sera bien de donner aux téléspectateurs quelques épisodes plus sérialisés, centrés davantage sur les personnages, avec des intrigues développées sur plus d’un seul épisode.

« La série arrive lentement à sa fin » : cela signifie-t-il que si les Experts : Miami était renouvelée, il s’agirait d’une ultime saison, annoncée comme telle ?

Je pense que c’est la façon dont nous l’appréhenderions tous. Si nous obtenons une saison 11, je pense que nous serons aussi renouvelés pour une douzième salve. Ce n’est qu’une hypothèse, mais je sais qu’AMC a signé pour 12 saisons et fournira donc une partie des financements si CBS décide de continuer [AMC, chaîne du câble américain, a acheté les droits de rediffusions des Experts : Miami pour les 10 premières saisons, et, en cas de renouvellement, jusqu’à la saison 12]. Mais je ne sais pas, je n’ai pas de boule de cristal ! (rires)

Les audiences des Experts : Miami, ainsi que de beaucoup de séries des grands networks, ont fortement chuté aux États-Unis ces dernières années, quand les séries du câble n’ont cessé de progresser. Quelle en est selon vous la raison ?

Je pense qu’avec internet, la VOD, les nouvelles technologies, les gens ne se divertissent plus de la même façon qu’avant. Ils n’ont plus besoin de regarder les séries à l’heure à laquelle elles sont proposées par les grands networks. Je pense qu’il n’y a jamais eu autant de gens qui regardent les Experts : Miami autrement qu’en direct, sur TiVo (enregistreurs permettant de regarder les programmes en différé, NDLR), sur le net, en vidéo à la demande... Après, aucune série du câble ne dépasse encore les audiences des Experts : Miami, donc tout est relatif.