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Agathe Lecaron (La vie rêvée de Gaspard / On n’est pas que des Cobayes) : « Je ne joue pas un rôle, je suis vraiment une blonde candide »

Olivier Sudrot
Publié le 12/12/2014 à 18:09 Mis à jour le 05/01/2015 à 19:45

Présente au sein de l’équipe d’ « On n’est pas que des cobayes ! » depuis 2011, Agathe Lecaron a endossé le rôle de réalisatrice pour la série documentaire « La vie rêvée de Gaspard ». L’animatrice est revenue pour Toutelatele sur l’origine du programme et le succès de l’émission de vulgarisation scientifique de France 5.

Olivier Sudrot : Comment est née votre série documentaire La vie rêvée de Gaspard ?

Agathe Lecaron : Les dirigeants de France 5 savaient que je voulais faire d’autres choses alors ils m’ont proposé de faire du documentaire que je puisse incarner et réaliser. À l’époque, j’étais enceinte et je me posais vraiment des questions dès que j’allumais la télévision. Je me disais : «  Tiens, on va mourir de chaleur à cause du réchauffement climatique... Il n’y a pas de travail... ». Je me suis demandé si je faisais un enfant par égoïsme ou si je le mettais dans un monde où il serait heureux. On est plus fragile quand on est enceinte et cela m’angoissait vraiment alors j’ai voulu faire quelque chose de positif.

Pour son premier numéro proposé le 5 décembre, La vie rêvée de Gaspard a attiré 300 000 téléspectateurs contre 650 000 pour On n’est pas que des cobayes ! diffusé juste avant. Etes-vous tout de même satisfaite du résultat ?

Ce n’est ni une 2ème partie de soirée, ni un prime. À cette heure-là, on n’a pas démérité, mais j’aurais préféré que ça fasse plus et que le plus grand nombre le voie. Ce qui m’importe le plus, c’est qu’on ait de bons retours critiques, c’est le cas et j’en suis fière.

Pourrait-on vous voir renouveler ce genre d’expérience pour France 5 ?

J’adorerais ! J’ai plein d’autres idées dont je voudrais parler à Pierre Block de Friberg (Directeur d’antenne et des programmes de France 5, ndlr) et je vais m’empresser de le faire. La réalisation est un aboutissement après 20 ans de télé, on connait un peu les rouages, les étapes, etc. alors j’avais un petit peu peur de ne pas être à la hauteur. En fait, je me suis rendu compte qu’à force d’en faire, on sait en faire. On a une liberté géniale !

France 5 vous a-t-elle laissé carte blanche ?

Quand on est réalisateur, on a vraiment le final cut sur tout et le choix d’imposer sa direction. France 5 nous a laissé une totale carte blanche. Une liberté dingue au point que je me disais : « Mais ils ne se rendent pas compte ! Ils me jettent dans la nature. Le truc va être nul !  ». Cela dit, dès que le tournage a commencé, tout s’est bien passé. Ils n’ont vu le documentaire qu’une fois qu’il avait été monté donc c’est vraiment formidable.

« France 5 nous a laissé une totale carte blanche »

On vous voit notamment manger des vers. Était-ce pour vous une façon de garder ce petit côté insolite des Cobayes  ?

Idéalement, la chaîne préférait que ce soit cohérent par rapport à l’émission que je fais d’habitude. Ce sont des choses qui m’intéressent et naturellement, j’ai eu envie de tester des nouveautés et comme j’avais aussi très envie de montrer ce qui existait déjà, je voulais prouver aux téléspectateurs qu’on n’était pas en train de fantasmer et que ces innovations étaient déjà en passe d’être sur le marché. C’est pourquoi j’ai payé un peu de ma personne.

Vous incarnez On n’est pas que des cobayes depuis trois ans, est-il difficile de se renouveler ?

C’est toujours notre angoisse parce qu’il faut trouver 100 expériences par an donc c’est énorme parce qu’il y a un peu plus de 30 numéros et 3 expériences par émission, mais on se rend compte qu’à partir du moment où l’on parle de science, il y a une infinité de sujets. Évidemment, il faut qu’il y ait de l’enjeu et que ce soit intéressant. Ce qui fait peur, c’est de sécher à un moment, mais pour l’instant ce n’est pas arrivé et on en est à la 4e saison donc il y a de l’espoir.

Combien de temps faut-il pour réaliser une expérience ?

Quoi qu’il se passe, on dispose de cinq jours pour tourner un numéro. Cela dépend aussi des expériences. Pour l’émission diffusée le 5 décembre, la voiture immergée a demandé un peu plus de temps. On s’est rendus à Marseille, il y a un dispositif de sécurité à mettre en place et avant ça on fait des tests dans un hangar donc cela a pris trois jours, mais il y a des expériences qui prennent juste une journée.

Partie 2 > Les Cobayes, Elise Chassaing, Les Expériences..


Plus de 100 émissions ont été diffusées, vous attendiez vous à une telle longévité ?

Franchement, je ne l’aurais pas cru. Les succès sont des petits miracles. David Lowe, Vincent Chatelain et moi, on ne se connaissait pas du tout, on est extrêmement différents. Ce sont trois personnalités radicalement opposées qui tout d’un coup s’imbriquent et c’est vraiment miraculeux, car on ne nous a pas choisis parce qu’on était copains. Ensuite, on a mis chacun un petit peu de notre personnalité et la sauce a pris. C’est compliqué la science, j’avais tendance à me demander, arrivant d’un gros programme comme Top Chef, si la science à la télé un vendredi soir pouvait attirer le public et lui donner envie de suivre un cours de physique. En fait, naturellement, on a compensé ça avec nos blagues et c’est devenu ludique et donc digeste, mais ce n’était pas gagné !

Élise Chassaing a rejoint l’équipe définitivement en septembre. Comment avez-vous perçu cette nouvelle arrivante ?

Très bien, d’autant qu’Élise est saine et structurée. Cela aurait pu poser problème, parce que c’est toujours compliqué de se faire remplacer, mais avec elle ça s’est toujours hyper bien passé, car on sent qu’elle n’a pas une ambition démesurée, elle ne va pas marcher sur la tête des gens pour réussir. Tout ça est abordé de façon très saine, très franche et elle n’a rien à voir avec les clichés des filles qu’on peut rencontrer dans le PAF. Élise a apporté une touche féminine un peu plus téméraire. Comme je suis peureuse, il fallait aussi une fille qui ose faire quelque chose. J’essaie le plus possible d’éviter de me mettre en danger. Maintenant elle attend un bébé donc elle m’a vraiment remplacée dans tous les sens du terme. On s’entend très bien et comme ça la parité est parfaitement respectée.

Prenez-vous davantage de précautions depuis que vous êtes devenue mère ?

Comme je suis trouillarde, ils savent qu’ils ne vont pas demain me jeter d’un pont ou me mettre dans un avion qui fait des loopings. Dans la vie en général, on se créé des angoisses quand on a un enfant. On veut rester avec lui le plus longtemps possible donc forcément on fait plus attention, mais c’est une question qui vaut surtout pour Vincent qui lui, je le sens, prend plus de précautions. Il faisait déjà attention, mais là il y pense plus en tout cas.

« Élise Chassaing a apporté une touche féminine un peu plus téméraire »

Dans l’équipe, vous apparaissez comme la blonde candide. Avez-vous parfois envie de changer de registre ?

D’abord, je ne joue pas un rôle, je suis vraiment une blonde candide. D’ailleurs, j’ai montré mon bulletin dans La vie rêvée de Gaspard, j’avais 1, 2 et 3 en maths, physique et SVT. Du moment que j’arrive à varier les plaisirs, ça me va. Dans Les Cobayes, c’est comme ça que je me situe naturellement parce que je n’y connais rien et ça m’intéresse d’apprendre, même si c’est sur le tard, et de transmettre et vulgariser des informations qui peuvent être compliquées. J’ai aussi envie de faire d’autres choses et c’est pour ça que j’ai fait ce documentaire parce que c’est formidable d’aller étudier des sujets et les écumer de A à Z. Forcément, quand on fait une hebdomadaire, on n’a pas le temps d’approfondir. On apprend des choses, mais on est vite sur une autre émission.

Avez-vous déjà regardé le modèle américain MythBusters diffusé sur Discovery Channel ?

Oui, j’ai pu voir deux expériences. On ne peut pas se comparer, car je pense qu’ils ont dix fois notre budget. C’est une émission qui est super, mais disons que c’est moins scientifique, c’est plus dans l’explosion. Sur France 5, on adorerait, mais on a moins les moyens de faire du spectaculaire et on a une mission sur la chaîne, et sur le service public en général, de faire un magazine scientifique. Si on ne fait pas de science, c’est un problème. On ne peut pas se contenter d’une explosion, on va se limiter davantage à l’explication qu’à l’explosion en elle-même.

Quelle expérience vous a le plus marquée ?

Il y en a deux : ma toute première expérience où ils m’avaient congelée pour voir si les poux mourraient si on les mettait dans de l’extrêmement froid ou de l’extrêmement chaud, donc je suis passée de -110°C à un sauna à 50°C. Les poux ont résisté et moi, difficilement (rires). Après celle-là, j’ai dit : «  Il va falloir qu’on se parle parce que ce n’est pas demain que vous allez me recongeler ! ». Celle qui m’a le plus marquée de tous Les cobayes c’est lorsque Vincent était sur un fil à 50 mètres de hauteur, entre deux falaises. Cela m’avait impressionnée et j’ai vu qu’il avait peur.

À quoi peut-on s’attendre dans les prochaines semaines ?

On va voir Vincent faire du bobsleigh. Il avait descendu une piste de luge à 70km/h, là il va faire du 100km/h et même plus donc ça va être impressionnant.