Toutelatele

Après la Trilogie de M6, voici la Trilogie de Canal +

Cécile Raigne
Publié le 11/04/2006 à 01:35

Exit La Ligue des Champions, Canal + récupère sa case fiction du mardi en seconde partie de soirée, pour offrir à ses abonnés un tout nouveau rendez-vous. Au programme, ni téléfilm maison, ni sitcom déjantée, ni série américaine explosive... mais du neuf, de l’original, du surprenant, dans la forme et dans le traitement : place à La Nouvelle Trilogie. Tournée en Haute Définition, initiée par le producteur Gilles Galud (La Parisienne d’Images) et supervisée par Bruno Gaccio, Directeur Adjoint de la Fiction française de Canal, cette franchise réunit un thriller psychologique : Turbulences, une comédie : Enterrement de vie de jeune fille, et une satire animée : Les Multiples, soient trois mini-séries successives portant le point de vue d’auteurs français. Minies, elles le sont par leur durée (13 min) et par leur nombre d’épisodes (6 chacune), mais certainement pas par leur ambition.... Curiosité et étonnement sont de mise dans cette case que la chaîne présente comme un laboratoire de talents. A l’image de ce que les courts sont aux longs métrages au cinéma.

Pour ce premier package test, qui devrait s’étirer sur plus d’un mois, la chaîne s’est penchée sur trois genres séducteurs, revisités à travers une facture originale. La soirée s’ouvre sur Turbulences, polar de Nicolas Hourès, ou l’histoire de Clovis Flabert (Michael Abiteboul), jeune employé d’aéroport bègue et mal loti, dont la vie bascule. La série retrace cette journée de revanche, dont chaque volet est un tour de force tourné en plan séquence. Puis vient Enterrement de vie de jeune fille, une road-comédie créée par le collectif Les Quiches, à qui l’ont doit Allô Quiche !, et le film franglish Foon. Baptiste et Eléonore se marient dans deux jours, mais d’ici-là, tout peut arriver... un condensé d’amour, de sexe et de liberté à travers l’expérience de huit jeunes adultes. Enfin, Les Multiple de Julien David, explore un monde où la soif de pouvoir conduit le maître de la communication Promotéo, et son savant fou de serviteur Zif, à faire commerce du clonage. Une satire au vitriole où des visages filmés en vidéo surmontent des corps en 3D placés dans des décors stylisés. Rien que ça !

En matière de fictions, Canal + n’est plus à la traîne depuis longtemps. D’abord réputée pour ses programmes sportifs, ses films exclusifs et ses émissions de talk-show, la chaîne a depuis assis sa crédibilité en développant l’information, et sa politique de fictions. Grâce à des productions maisons décalées (la sitcom H), à de prestigieuses et provocantes séries américaines dont la notoriété n’est plus à faire (24, The Shield, Desperate Housewives...), à des téléfilms socio-historiques proches de l’investigation (93, rue Lauriston, Nuit noire, Le Rainbow Warrior...) ou plus récemment encore, à la série événement Engrenages. Autant d’exemples dont le fil conducteur reste la recherche de l’exigence et de l’exception, sans pression de l’audimat. En matière de fiction française, une place restait cependant à prendre du côté d’une production plus incarnée. C’est chose faite. Mais sans traditionnel héros récurrent. Canal + a trouvé un autre cheval de bataille : « revitaliser la fiction française ».

Avec cette case dédiée à la fiction originale, l’objectif revendiqué par la chaîne cryptée est de favoriser l’émergence de nouveaux talents professionnels. Devenir un tremplin pour jeunes auteurs, réalisateurs et acteurs, une fenêtre de visibilité pour qu’ils fassent leurs armes tout en concoctant leur carte de visite. A travers ce parti pris créatif, Canal + se positionne aussi en précurseur et réinvestit des valeurs qu’elle a toujours fait siennes : celles d’audace et d’innovation. D’ailleurs, le duo qui en est à l’origine n’en est pas à son premier fait d’armes puisque le chef d’orchestre des Guignols de l’Info et le PDG de Gédéon ont déjà commis Les Films faits à la maison, émission pourvoyeuse « d’Objets Télé Non Identifiés », un lundi soir sur deux. La chaîne qui s’adresse à ses seuls abonnés ne se doit pas d’être fédératrice, mais au contraire, différente et inventive. Et s’il s’agit en prime de se poser en leader de la production française, l’enjeu vaut qu’elle y mette le prix.

Le chantier sensé succéder à cette Nouvelle Trilogie est d’ailleurs déjà en cours. Côté séries US, la chaîne n’a pas dit son dernier mot non plus puisque les programmes se bousculent sur la file d’attente. On connaissait déjà l’arrivée très prochaine de Over There (FX) et de Rome (HBO). Canal + vient d’annoncer l’achat au MIPTV de la très controversée Weeds. Diffusée sur Showtime aux Etats-Unis, cette comédie est centrée sur une mère de famille qui décide, à la mort de son mari, de vendre de la marijuana dans sa banlieue huppée de Los Angeles... Cette fois encore, le politiquement correct ne sera donc pas de mise.