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Boubacar Kabo (Plus belle la vie) : « Avec Mouss, j’avais peur de caricaturer les personnes handicapées »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 08/12/2019 à 19:07

Le 11 mars 2019, Boubacar Kabo est arrivé dans la peau de Mouss, un jeune homme en fauteuil roulant qui s’est lié d’amitié avec Luna au centre de rééducation. D’une nature optimiste et chambreuse, sa bonne humeur a rafraîchi le public qui pourra le découvrir plus en profondeur dans une websérie. Pour Toutelatele, le jeune comédien a décrit ses relations avec Anne Décis (Luna) tout en espérant s’inscrire dans la durée au Mistral.

Joshua Daguenet : Comment s’est concrétisée votre arrivée dans le feuilleton ?

Boubacar Kabo : J’ai passé un casting au mois de décembre 2018 car la production cherchait une personne d’une vingtaine d’années en situation de handicap. Ce personnage devait être souriant et ne pas pleurer sur son sort avant de devenir le confident de Luna et lui montrer que la vie ne s’arrêtait pas avec le handicap. J’ai obtenu une réponse favorable une semaine après le casting et commencé le tournage un mois plus tard.

Comment avez-vous préparé le rôle de Mouss, ce jeune homme en fauteuil roulant qui s’est lié d’amitié avec Luna ?

Avec les fêtes, il y a eu pas mal d’attente avant de recevoir les textes. Entre temps, j’ai reçu en vidéo le film Patients car Mouss s’inspire de l’un de ses personnages. Cela m’a permis de voir comment se comportent des personnes en situation de handicap, comment se déplacer avec le fauteuil… J’ai constaté qu’elles restaient les mêmes hormis le fait qu’elles soient immobilisées sur une chaise.

Actuellement, Mouss s’intéresse de près à la relation entre Luna et Andrès. Mais pour lui, Luna est-elle davantage une amie ou une seconde maman ?

Un peu des deux. Luna est avant tout une amie et le « Maman » est surtout taquin car elle a le double de mon âge. C’est vraiment moi qui l’ait beaucoup rajouté car le « Maman » a été écrit une fois dans le texte. Il y avait aussi « sœurette » mais je préfère dire « Maman » car, dans la vraie vie comme dans la série, Anne m’aide et m’apprend beaucoup de choses.

« Anne Décis m’aide et m’apprend beaucoup de choses »

En parlant de famille, on ignore tout de l’entourage de Mouss. Avez-vous quelques pistes sur l’histoire de votre personnage ?

Cela arrive avec la web-série sur le personnage de Mouss qui va être progressivement diffusée dans les jours à venir sur le site de Plus belle la vie. Elle s’appelle « Mouss, la vie d’avant » et sera centrée sur les événements déroulés avant son accident.

L’équithérapie a donné lieu à de très belles scènes entre Mouss, Luna et le cheval Rafale. Comment se sont déroulés les contacts avec l’animal ?

Nous avons eu des séances de rencontre avec le cheval qui s’appelle en réalité Alande. Nous nous sommes déplacés au centre équestre en amont. Je n’avais jamais approché de chevaux de ma vie et Anne n’était pas plus rassurée. Nous avons commencé par brosser le cheval et l’avons monté dès la deuxième séance. La jument nous a rassurés car elle suivait tout ce qu’on lui disait. Il y a juste eu de légers imprévus durant le tournage car elle « éternuait » et parfois ne s’arrêtait pas quand elle devait s’arrêter, mais ce sont aussi les aléas de tourner avec les animaux.

Les gens sont-ils surpris dans la rue de constater que vous n’êtes pas réellement handicapé ?

Cela arrive au quotidien. On me dit « Ah tu marches ! » ou « Je peux te toucher les boobs ? » car c’est la première réplique que j’ai adressée à Luna. Les gens me félicitent pour le personnage que je joue car Mouss est attachant et marrant. Les gens sont surpris que je marche car ils me jugent crédible et parce que je fais de petits wheelings avec le fauteuil.

Votre arrivée a précédé de peu le quinzième anniversaire de Plus belle la vie. Connaissiez-vous bien le feuilleton avant de l’intégrer ?

Je le connaissais de loin comme beaucoup de monde. Les personnages de Luna, Abdel, Thomas et Djawad me parlaient car ma copine regardait. J’ai commencé à véritablement m’y intéresser quand Valère est arrivé car Alexis Baginama [son interprète, ndlr] est mon pote d’avant Plus belle la vie. Une semaine après ses débuts sur l’écran, j’ai passé le casting avant d’avoir le rôle. Quand on est ensemble, c’est la fiesta car on est très proches. Il a dit à tout le monde que j’étais son ami quand il a su que j’étais pris.

« Les gens sont surpris que je marche »

Après avoir beaucoup tourné en extérieur, vous vous êtes progressivement familiarisé avec le Mistral. Est-ce une sensation différente de travailler dans un studio ?

Oui, ce n’est pas la même chose. J’ai beaucoup commencé par l’extérieur même si la chambre de Luna était en intérieur. Quand j’ai tourné au Mistral, les scènes étaient différentes, et on dispose de moins de temps. J’étais davantage habitué au dehors mais on finit par s’y faire.

Votre année a été marquée par votre participation dans le long-métrage de Kery James et Leïla Sy : Banlieusards. Quel est votre rapport à la banlieue, aussi sujet du film Les Misérables ?

L’équipe qui s’occupait du casting de Banlieusards est la première qui m’a fait travailler en 2013 dans Les Lascars. Je les ai revus par hasard car ils ont fait une visite dans un centre de loisirs que j’animais. Le tournage s’est déroulé tout près de chez moi, là ou j’ai grandi, et ce film me représentait. J’adore Kery James en tant que chanteur, je suis un fan de rap français et c’est un grand nom de ce milieu. J’ai donc passé un casting qui a été décroché par Bakary Diombera, un ami, et même si je n’ai pas eu le rôle principal, j’en ai obtenu un autre que j’étais très content de jouer même s’il ne me ressemble pas beaucoup.

Quels sont vos projets en dehors du feuilleton ?

J’ai joué récemment un autiste dans Hors normes. J’ai eu l’occasion de rencontrer des psychologues et des médecins afin de préparer le rôle. Pour la suite, je pars sur trois tournages de courts-métrages. Je ne ferme pas la porte à des projets de longs-métrages et Plus belle la vie est loin d’être terminé pour moi. Au départ, j’avais peur du ridicule de jouer une personne handicapée, d’être dans la caricature mais ce sujet et mon personnage ont beaucoup plu et j’en suis très content.