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Bruno Bonnell (The Apprentice) : « Notre émission sera incomparable par rapport à celle des autres formats »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 09/09/2015 à 20:29

A partir de ce 9 septembre, Bruno Bonnell incarne le patron de The Apprentice sur M6. Le cofondateur d’Infogrames a expliqué pour Toutelatele les raisons de son choix, et ce qu’il a retenu de cette expérience avec tous les candidats.

Joshua Daguenet : L’émission The Apprentice est basée sur le monde de l’entreprise, et le concept est présent dans des dizaines de pays. Quel message souhaite véhiculer cette version française sur le monde du travail ?

Bruno Bonnell : C’est un message qui n’a rien à voir avec le message entrepreneurial du modèle anglo-saxon. Je suis une personne différente quand je suis aux États-Unis, parce que là-bas la règle sociale n’est pas la même. Chez nous, quand on dit à une personne qu’elle n’est pas prête, on lui donne la chance de se reformer, et de progresser. Nos candidats se sont transformés de manière spectaculaire durant l’émission, dans tous les sens du terme. Dans la version de Trump (aux États-Unis, ndlr), vous pouvez dire à une personne qu’elle est virée, en France ce n’est pas acceptable et c’était inenvisageable pour The Apprentice. Aussi pour l’anecdote, aux États-Unis, un patron n’a pas le droit d’être enfermé dans son bureau avec une femme. En France, on jugerait cette interdiction grotesque.

Avez-vous emprunté une diction, un ton particulier pour le jeu ?

Non, je suis resté naturel, ma façon de parler à l’écran est celle que j’emploie dans la vie de tous les jours. Il y a certes, une théâtralisation de certains moments, avec un minimum de consignes comme des phrases courtes, pour créer un impact plus fort au montage. Je peux vous le faire en live (sourire).

Combien de temps ont duré les épreuves ?

Il y a eu 12 épreuves : 1 mois de tournage très intensif, de tôt le matin pour annoncer les règles aux candidats, jusqu’au soir, parfois jusqu’à 3 heures du matin.

Dans la réalité, pourriez-vous recevoir en entretien des candidats sans diplôme, et non qualifiés pour le poste ?

J’en ai reçu beaucoup, mais dans la réalité, le tri des candidats s’explique par un pur manque de temps. Il faut une certaine technicité dans certains métiers, mais donner sa chance à des gens aux profils complètement différents est une grande transformation de The Apprentice. Le seul critère pour cette émission était de parler anglais, c’est d’ailleurs indispensable au 21è siècle.

Les candidats ont t-ils du du abandonner leur poste pour participer à l’émission ?

Il y a eu de tout, deux entrepreneurs, une personne en recherche d’emploi, d’autres ont posé des congés sans solde, et effectivement d’autres se sont jetées dans le vide en quittant leur emploi. Les candidats connaissaient les termes du contrat avant de signer et de participer à The Apprentice. Mais tous ont des qualités et pour ceux qui sont en reconversion, je suis certain qu’ils rebondiront. D’ailleurs je suis resté en contact avec eux, et pour les conseils, ils savent où me trouver.

« Dans la version de Trump, vous pouvez dire à une personne qu’elle est virée, en France, ce n’est pas acceptable »

Avez-vous souhaité vous démarquer de la version plus folklorique de Donald Trump ?

Je ne me suis jamais défini par rapport à quelqu’un d’autre. J’ai ma propre personnalité, et ce show aura sa propre spécificité. Au tennis, Nadal et Federer jouent avec les mêmes règles mais leur tennis est incomparable. Nous c’est pareil, notre émission sera incomparable par rapport à celle des autres formats.

Offrir ce poste par le biais de la télé ne fait-il pas suite à un échec de recrutement par des voies plus classiques ?

Non, je souhaitais un poste très spécial, très stratégique qui va me rapporter directement. Le projet d’Endemol et de M6 était adapté pour le travail que j’avais à proposer, et de mon côté j’avais un vrai besoin. Maintenant, la personne a été recrutée, et elle intégrera l’entreprise à Lyon au début de l’année 2016.

Ressentez-vous la crise en France, dans vos activités ?

Bien sûr ! Cette crise n’est pas seulement économique d’ailleurs. Nous vivons une transformation d’un monde analogique vers le digital, ce qui entraîne de nombreuses modifications y compris dans la presse, les médias, la télé. J’espère que The Apprentice sera beaucoup relayée sur les réseaux pour que les gens communiquent sur cette crise.

Que vous a appris cette expérience sur le plan du management ?

Je donnerai le conseil aux chefs d’entreprise de parler directement à leurs salariés.
La vérité est la meilleure chose à dire, à condition que le salarié soit en état de la
recevoir. Parfois, elle n’est pas évidente à accepter, et aujourd’hui mes collaborateurs
ont observé que j’avais changé de ton depuis l’émission, mais je ne peux pas en dire
plus, ils m’observent (rires).