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Carole Dechantre (Les Mystères de l’amour) : « Ingrid cherche encore à manigancer les pires choses »

Marion Olité
Publié le 01/11/2014 à 18:52 Mis à jour le 17/12/2014 à 15:02

Elle incarne la grande méchante que les fans des Mystères de l’Amour adorent détester. Après un guest dans Les vacances de l’amour, Carole Dechantre a rejoint la bande d’Hélène en 2010 dans le rôle de la machiavélique Ingrid Soustal. Dans la saison 7 de la série, qui touche à sa fin sur TMC, elle est prête à tout pour conserver Nicolas prêt d’elle. Rencontre.

Marion Olité : Dans quel état d’esprit se trouve votre personnage en cette fin de saison 7 ?

Carole Dechantre : Je dirais qu’il est toujours un peu dans le même état d’esprit tordu. Ingrid cherche encore à manigancer les pires choses et reste toujours très amoureuse de Nicolas. Enceinte, elle arrive à avoir un pouvoir sur lui. Cette saison de toute façon, son grand objectif est de garder Nicolas. C’est vraiment le point central et la seule chose sincère dans ce personnage. Son amour est extrême. Il la pousse à faire des choses insensées, mais il est authentique.

Sentez-vous une évolution de votre personnage au fil des saisons ?

Oui, dans la mesure où Ingrid est de plus en plus amoureuse. Elle manigance toujours autant de choses, mais elle est concentrée sur Nicolas. Avant, elle tenait son bar et régentait son monde. Là, Ingrid régente encore, mais dans un but amoureux. Et dans ce sens, elle possède l’objectif de plein de gens. Dans la vie, on est tous portés par l’amour et on en a tous envie. Ça la rend peut-être plus humaine, mais sa fonction reste toujours un peu la même. Je dois être détestable !

Pensez-vous qu’Ingrid va arriver à ses fins avec Nicolas ?

Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle arrive toujours à s’en sortir ! Je ne sais pas par quel miracle à chaque fois, mais elle est toujours là. Elle se présente devant tout le monde, tranquille (rires). Les relations sont tendues seulement avec le personnage de Olga, et ça devient un petit jeu.

Travaillez-vous beaucoup en amont sur votre personnage avec Jean-Luc Azoulay ?

J’ai la chance d’avoir un personnage qui a énormément de teintes. Je peux jouer le mensonge, la manipulation, la gentille qui fait semblant... J’ai plein de couleurs à jouer, qui me permettent d’interpréter des états très différents. Je suis très contente que Jean-Luc Azoulay m’ait écrit ce personnage. Je ne m’ennuie jamais. Parfois, c’est tellement insensé que je demande des explications. Je ne sais pas toujours comment jouer ou défendre certaines scènes. En règle générale, j’accepte tout et je ne donne pas particulièrement mon avis. Par exemple, elle a des scènes avec des filles, car Ingrid est bisexuelle. Je n’aime pas du tout, mais je ne le refuse pas. Ça fait partie du personnage. Ce qui est génial, c’est qu’on peut toujours aller lui donner notre avis. On peut discuter, donner des clés, des chemins, et parfois on trouve des idées ensemble.

« Il faut un personnage méchant dans une série. C’est moi ! »

Sur le plateau, avez-vous le temps d’expérimenter différentes interprétations ?

Pas vraiment. Il faut aller assez vite à l’essentiel. On a deux prises et c’est tout. Parfois, c’est très difficile d’être bon. Je me pose toujours plein de questions sur le jeu : « c’est nul », « il faut le refaire »... Et quand je sens que c’est trop la catastrophe, je demande à le refaire. Mais vraiment, on manque de temps pour bien travailler. L’avantage, c’est qu’on connait nos personnages depuis longtemps. Ça permet d’avancer assez vite. Et en revanche, on est libre dans l’interprétation. On peut proposer des choses très différentes et ils garderont la prise qui leur convient le plus.

Comment se déroule la collaboration avec Patrick Puydebat, l’acteur avec lequel vous avez le plus de scènes à défendre ?

Patrick est comme mon frangin ! On est très à l’aise tous les deux. C’est un bonheur de jouer avec lui. On s’amuse beaucoup. Il n’y a aucune gêne entre nous. Je ne me pose jamais de questions quand on doit tourner des scènes au lit, un peu intimes, devant l’équipe. C’est ce qui fait que travailler sur cette série est vraiment sympa. L’ambiance est particulièrement bonne. C’est très agréable de tourner dans ces conditions...

Quelles sont les scènes les plus jouissives à tourner avec un tel personnage ?

J’aime bien quand dans une même scène, il y a plusieurs niveaux à jouer. Quand par exemple j’ai l’air super sincère en parlant à Nicolas, lui aussi doit avoir l’air d’y croire, mais je suis en train de manigancer un truc... J’adore naviguer entre la sincérité et le mensonge avec Ingrid. Ce que j’aime aussi, c’est que je ne joue pas du tout pareil avec Nicolas qu’avec le gars chargé de tuer je ne sais lequel de mes ennemis. Le ton est différent. J’aime bien interpréter la vraie Ingrid à visage découvert, qui ne se cache pas de sa méchanceté, et la Ingrid amoureuse, sincère aussi, mais qui masque complètement ce mauvais fond.

Par rapport à sa méchanceté, avez-vous parlé de ses motivations avec Jean-Luc Azoulay par exemple, pour mieux la comprendre ?

J’ai arrêté de chercher à la comprendre, car je n’y arrive pas (rires) ! Il faut un personnage méchant dans une série. C’est moi. Je trouve ça complètement insensé d’être aussi méchant, mais je crois que ça marche ! Effectivement, c’est extrême, mais elle est comme ça. C’est sa couleur et sa marque de fabrique.

Partie 2 > Sa vision de Ingrid et sa relation avec les acteurs des Mystères de l’Amour


Les gens qui vous abordent dans la rue pour parler de votre personnage, font-ils bien la différence entre Ingrid et vous ?

Je suis très étonnée à chaque fois, mais les gens qui m’abordent sont très gentils. Ce serait difficile à vivre autrement ! Il y a des gens qui viennent et d’autres qui n’osent pas. Je comprends, ils doivent se demander s’ils ne vont pas s’en prendre plein la figure façon Ingrid (rires) ! Mais personne ne vient vers moi en m’insultant. Au début, j’avais peur de ça. Les personnes qui me connaissent savent que c’est un personnage de composition. Mais ça arrive que des amis d’amis à moi demandent si je suis comme ça dans la vie (rires).

Lisez-vous les commentaires des fans sur le site ou la page Facebook des Mystères de l’amour ?

Pas du tout et je ne souhaite pas le faire. Je ne veux pas forcément avoir un retour de ce côté-là. Si je vais fouiller là-dedans, je vais probablement tomber sur des choses qui ne me plaisent pas et je préfère m’abstenir. En fait, j’ai l’impression que tout va bien et que les gens sont gentils avec moi, mais peut-être pas sur internet (rires) ! Donc je ne vais pas lire les commentaires. Je n’ai pas envie de savoir.

N’avez-vous pas envie parfois de vous glisser dans la peau d’un personnage sympathique de la série ?

Pas vraiment, je m’en fiche d’être aimée puisque le but premier de ce personnage, c’est que les gens me détestent. Personnellement, je n’ai pas envie qu’on me déteste, mais encore une fois, ce n’est pas le cas pour les gens qui me connaissent (rires) ! En revanche, j’aimerais jouer un peu plus de choses qui vont vers la comédie. J’essaie, mais ça fonctionne rarement avec Ingrid. Elle n’a pas beaucoup de second degré. Ça me plairait en tout cas.

Les Mystères de l’Amour est un succès pour TMC avec déjà sept saisons au compteur et une saison 8 en tournage. Comment expliquez-vous cet amour du public pour la série ?

J’explique son succès par le talent de Jean-Luc Azoulay, qui a écrit Hélène et les garçons il y a 20 ans. Il a su faire perdurer et évoluer tous ces personnages. Il y a mis de sa magie. Je regarde assez peu la télé, donc je ne peux pas trop comparer. Mais je suis très étonnée en fait qu’elle plaise toujours.

« J’ai arrêté de chercher à comprendre Ingrid ! »

Regardiez-vous auparavant Hélène et les garçons ?

Non, mais j’ai rejoint l’équipe à peu près à cette époque, il y a vingt ans. AB Productions produisait plein de séries. J’ai commencé dans La Philo selon Philippe, et les studios étaient à côté de ceux de Hélène et les garçons. J’avais commencé à faire des guests.

Chez les historiques de la série, on sent un véritable esprit de famille. Le ressentez-vous sur le plateau de tournage ?

Oui, complètement. Je n’ai pas passé autant de temps avec les historiques de Hélène et les garçons qu’ils ne l’ont fait entre eux, mais je ressens effectivement cette très bonne ambiance. Les nouveaux sont aussi accueillis à bras ouverts. Il n’y a pas de clans. On se voit en dehors des plateaux. On a tous dix mille projets à côté, mais on essaie de faire des choses ensemble et on prend toujours plaisir à se passer du temps ensemble.

Souffrez-vous toujours un peu de l’étiquette AB Productions ?

Pour ma part, je n’en ai jamais souffert, car je passais d’une série à l’autre. Je n’ai pas été marquée par un personnage en particulier. Cela m’a permis de faire plein d’autres choses. Je ne sais pas si je suis marquée aujourd’hui, mais je m’en fiche totalement, car je travaille sur des projets très différents.

Quels sont vos projets parallèlement aux Mystères de l’Amour ?

Je suis productrice et présentatrice de documentaires « outdoor » sur les sports extrêmes, diffusés sur la chaîne Escales. Je présente l’ascension de sommets de plus de 4000 mètres. Je produis des documentaires d’expédition dans l’Himalaya ou dans le Grand Nord. Avec une nouvelle chaîne, Trek, on a des projets de documentaires de voyage en famille. Je me bats toujours avec le temps. J’aimerais que les journées soient plus longues !