Castle > Rencontre avec Seamus Dever alias inspecteur Kevin Ryan

Claire Varin : Castle est un succès aux États-Unis comme en France. Vous qui êtes apparu dans un grand nombre de séries policières, avez-vous une explication à ce succès ?

Seamus Dever : C’est vrai, j’ai souvent joué les méchants dans les séries policières. Je crois que la différence entre notre série et les autres vient du sens de l’humour. Les personnages ne cherchent pas à convaincre les téléspectateurs qu’ils sont de vrais policiers en étant trop sérieux. On s’amuse beaucoup dans Castle. On peut voir un épisode très drôle, comme celui avec Laura Prepon dans le rôle de Nikki Heat et la semaine suivante, un épisode où l’assassin de la mère de Beckett revient. Je pense que les gens aiment cet équilibre entre différents genres, la comédie, la romance, le drame et l’action.

Peut-on dire que Castle est une série « old school » ?

J’ai grandi avec des séries comme Mash et Pour l’amour du risque. C’était des séries amusantes puis dans les années 90, on a changé de voie. Les séries sont devenues très sérieuses. Peut-être est-ce New York police judiciaire qui a changé notre façon de faire des séries policières. Aujourd’hui, la télévision est en compétition avec le cinéma. La série ressemble à un film. Semaine après semaine, les épisodes sont écrits comme des films de cinéma. Castle a cette modernité, mais la série a aussi emprunté à quelque chose de plus ancien.

On compare souvent Castle à Clair de Lune, mais la comparaison avec Remington Steele ne vous semble-t-elle pas meilleure ?

Oui, c’est très juste ! (enthousiaste) C’était amusant. Il était cool, mais on pouvait rire de lui. Et il y avait toutes ces références au cinéma classique. J’aimais beaucoup Remington Steele à l’époque, je me souviens que je regardais chaque semaine. C’est vraiment ce genre de série vers lequel Castle se tourne et je suis très heureux d’en faire partie.

Pouvez-vous parler du créateur et showrunner Andrew Marlowe ?

Je le considère comme un de mes amis. C’est un homme très intelligent. Il me surprend constamment avec ses nouvelles idées. Lorsque je pense que l’intrigue va aller dans une direction, il en fait quelque chose de plus unique et de moins cliché que ce à je m’attendais. C’est un scénariste très talentueux et je trouve ça merveilleux qu’il dédie son talent au long format de la télévision. Ses idées nous mettent souvent au défie et c’est aussi un très bon leader pour nous.

Souhaiterez-vous que Castle ait une relation Beckett comme de nombreux shippers (fans) aux États-Unis ?

On me pose beaucoup trop souvent cette question, mais la réponse est oui. Jon Huertas répondrait différemment en disant « Non, je veux que Beckett et Esposito soient ensemble ! » (rire) Évidemment, c’est un élément de la série qui intéresse beaucoup le public. Castle et Beckett ressemblent à ces couples de Screwball Comedy du milieu des années 30 comme New York -Miami. Ces films merveilleux où le personnage masculin et le personnage féminin s’agacent mutuellement, pourtant on sait tous qu’ils vont finir ensemble. Mais ce qui est intéressant, c’est de voir leur évolution et le chemin parcouru. Je suis sûr qu’Andrew Marlowe a un excellent plan à long terme pour ces deux là. Mais je ne crois pas à la version « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Je n’arrive pas à les imaginer ne pas se chamailler.

Êtes-vous impatient de reprendre le tournage pour une saison 4 ?

Oui, je suis impatient de voir ce qu’ils vont faire cette saison, de l’évolution de la série. Parce que je n’ai aucune idée de la direction qu’ils vous prendre. De voir comment ils vont nous de la situation dans laquelle nous sommes.

Avez-vous des attentes concernant votre personnage ?

Oui, bien sûr. Les acteurs veulent toujours des développements pour leur personnage. On ne veut jamais rester à un endroit trop longtemps, on veut toujours faire autre chose. Il y a quelques semaines, nous avons vu les scénaristes et nous avons discuté des directions que nous pourrions prendre pour nos personnages. Ryan est fiancé, nous allons donc en voir un peu plus sur sa vie privée. Il pourrait y avoir un mariage lors de cette saison 4. Il y aura aussi un épisode avec le tueur 3XK, que nous avions déjà vu la saison dernière. Cette enquête impliquera de nouveau mon personnage. Au-delà de ça, on n’a jamais rencontré la famille de Ryan. Il a parlé de sa sœur plusieurs fois, j’aimerais qu’on puisse les voir. Et ce serait intéressant de voir Ryan et Esposito dîner avec leurs compagnes lors d’un double rendez-vous. Cela pourrait être surprenant.

Lors du dernier épisode de la saison 3, on apprend quelque chose de très important sur le Capitaine Montgomery. Ce retournement de situation a-t-il été une surprise pour vous ?

Ça a été une surprise totale pour nous tous. Nous avions entendu dire que Ruben Santiago-Hudson allait quitter la série. Nous avons appris ce départ deux mois avant de tourner l’épisode. Nous espérions qu’il partirait en héros parce que Ruben est un type super et un acteur avec qui il est très agréable de travailler. Je crois qu’ils ont réussi son départ. Mais nous avons été informés des circonstances de sa mort qu’une semaine avant le début du tournage. C’est un très bon épisode. Beaucoup de gens considèrent qu’il s’agit du meilleur de la série à ce jour. Je suis d’accord avec ça. Et la chaîne aussi, je crois.

Savez-vous qui va remplacer Montgomery ?

Ils cherchent un acteur qui a une certaine réputation. J’aimerais que ce soit une femme appartenant à une minorité. Car je trouve dommage d’avoir perdu un acteur afro-américain. J’ai toujours aimé que notre série reflète la face du monde. En Amérique en particulier, c’est important. J’espère qu’ils feront ce choix. De plus, avoir une femme à la tête de la brigade amènerait de nouvelles dynamiques intéressantes. Jusqu’à présent, parmi les personnages réguliers nous avions quatre hommes et quatre femmes. Ça ferait alors cinq femmes et trois hommes. Les hommes deviendraient minoritaires. C’est fou ! Mais ce serait cool de pouvoir dire que je joue dans une série où les hommes sont une minorité. [Depuis l’interview, l’actrice Penny Johnson (24 heures chrono) a été choisie pour incarner la Capitaine Victoria Gates, ndlr]

Quelles seront les conséquences lors de la saison 4 ?

L’arrivée d’un nouveau capitaine apportera de nouveaux conflits. Je pense que les scénaristes choisiront un personnage qui n’apprécie pas particulièrement Castle et qui nous apparaitra moins chaleureux que Montgomery. Pour nous, la trahison de notre capitaine pourrait remettre en cause notre confiance en l’autorité.

Cette révélation autour du passé du Capitaine Montgomery donne lieu à une scène très intense entre Ryan et Esposito (Jon Huertas). Pensez-vous que leur relation pourrait être mise à mal ?

Jon Huertas et moi discutons beaucoup et souvent nous essayons de contraster leurs réactions. Si l’un réagit de telle façon, l’autre ira dans une direction opposée. En découvrant ce que Montgomery avait fait, Esposito voulait garder le secret, à l’inverse de Ryan. Après avoir été des partenaires aussi proches, ce conflit pourrait peut-être les éloigner.

Êtes-vous sous contrat pour sept saisons ?

Oui, c’est le contrat type pour une série télé. C’est amusant, les contrats pour les acteurs disent que vous ne pouvez rien faire d’autre, mais qu’on peut vous virer à tout moment (rires) Nous avons tous le même donc nous serons là encore quelque temps. Jusqu’en 2015 si tout va bien. Jon Huertas et moi travaillons dur pour créer des partenaires uniques. Ryan et Esposito sont bons dans leur boulot, et ils sont aussi amusants. Le public y répond positivement alors je crois que ces personnages ont encore plein de choses à vivre.

Que retenez-vous de votre expérience dans le feuilleton General Hospital (Hôpital Central) ?

Les fans de soap opéra sont très intéressants. Ils sont tellement loyaux et ont le sentiment que ce sont leurs histoires et leur monde. Ils ne font pas de distinction entre votre personnage et vous. Aux États-Unis, le soap opéra est un genre sous-évalué. Mais, c’est une bonne formation pour un acteur. Nathan Fillion serait d’accord avec cela. Il a passé deux ans sur One Life to Live (On ne vit qu’une fois, ndlr), alors que je n’ai passé que quatre mois sur General Hospital Ça a été très utile pour ma carrière car les gens ont commencé à penser à moi comme acteur régulier de série. Avant cela je ne faisais pas plus d’un épisode par série. J’ai été guest-star sur neuf productions de Jerry Bruckheimer. Je crois que c’est plus que n’importe qui d’autre à Los Angeles.

Que pensez-vous de cette crise qui touche le soap-opéra aux États-Unis ?

Le soap est en train de disparaitre. Nous sommes en train de perdre All My Children et One Life to Live. Au printemps prochain, ABC ne diffusera plus que General Hospital. Tandis que CBS a réduit les épisodes des Feux de l’amour et d’Amour, Gloire et Beauté à une demi-heure. Avant, on répétait puis on tournait une ou deux prises avant de passer à la scène suivante. Aujourd’hui, pour gagner du temps - parce que le temps c’est de l’argent en télévision - sur Amour, Gloire et Beauté, ils filment les répétitions. C’est de la folie pour un acteur. Mais, ça vous oblige à être prêt. Vous n’avez pas le temps de réfléchir sur le plateau. Vous devez être créatif chez vous la veille lorsque vous apprenez votre texte.

Êtes-vous vous-même un téléspectateur avide de séries télé ?

Oui, j’étais un grand fan des Soprano et de The Wire. Je regarde Game of Thrones qui est vraiment fantastique. J’adorerais avoir un rôle dans cette série. Ça n’arrivera probablement pas. J’ai vu The Walking Dead. La saison 1 avait besoin de plus de six épisodes et je n’ai pas aimé le dernier. Modern Family me fait beaucoup rire, tout comme Happy Endings.

Avez-vous d’autres projets ?

Castle est la seule chose à laquelle j’ai vraiment le temps de me consacrer. Je travaille sur la série dix mois de l’année. Quand on est acteur, on se dit : « Oh peut-être que je vais tourner un film durant mes deux mois de libre » mais, ça n’est pas arrivé. L’année prochaine, je me consacrerai peut-être à un projet plus personnel. J’ai écrit le scénario d’une sitcom, alors nous verrons ce qu’il adviendra...