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Céline Nallet (Directrice générale) : « On ne s’interdit rien sur HD1 »

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Directeur de la publication
Publié le 17/09/2014 à 17:51 Mis à jour le 25/09/2014 à 18:29

En un an, HD1 a enregistré la plus forte progression de la TNT HD. La chaîne du groupe TF1 compte bien poursuivre sur cette voie ascendante en multipliant les séries et fictions sur sa grille. En cette rentrée 2014, trois séries inédites et la production culte de Michael Crichton, Urgences, vont tenter de séduire un public toujours plus large. Toutelatele est parti à la rencontre de Céline Nallet, directrice général de la chaîne, histoire d’en savoir plus...

Jérôme Roulet : L’été a confirmé le leadership de HD1 devant 6ter auprès des femmes de moins de 50 ans (1.4%). Comment expliquez-vous ce succès alors qu’au lancement de la TNT HD, 6ter avait pris le leadership ?

Céline Nallet : On était persuadé avant même de lancer HD1 qu’il y avait une vraie attente des téléspectateurs sur la thématique « séries, cinéma et fictions », genres préférés des Français. On avait raison sur ce point-là. Et puis, on a fait attention à notre sélection de programmes, en essayant de présenter un panorama de la création avec des offres variées pour plaire à tous les publics.

Quelles sont les forces de HD1 aujourd’hui ?

On a un certain nombre de points de différenciation dans notre offre. Nous proposons du cinéma avec une sélection qualitative éditoriale, des films d’auteurs et grand public. À ce côté-là est associé un critère qualitatif technique, car on diffuse tous nos films en HD, et en version multilingue, et cela nous démarque des chaines historiques. Quand on propose, par exemple Mulholland drive ou Eyes wide shut, on les diffuse pour la première fois en clair en version remasterisée. Au final, le public peut revoir le cinéma autrement.

Côté audience globale, RMC Découverte progresse fortement, et dépasse parfois HD1. Bien que les cibles soient différentes, suivez-vous cependant de près cette concurrence ?

Sur la thématique, effectivement, on ne peut pas se comparer. De notre côté, on vise le 1.2% de part d’audience en fin d’année. Mais au-delà de ça, c’est vraiment la dynamique de progression constante qui nous intéresse : progresser un mois sur l’autre et offrir des programmes qui permettent au public de venir plus nombreux sur HD1. Ça fait cinq mois de suite qu’on est à 1 point, on consolide vraiment notre puissance à ce niveau là. Autre point de différenciation par rapport à RMC, c’est la puissance de HD1 en prime time. On dépasse les 200 000 téléspectateurs en moyenne sur cette tranche. Aujourd’hui, on tourne même à 230 000. Ce qui est puissant !

D’ici fin octobre, toute la zone sud-ouest sera couverte par la TNT HD. Et en juin prochain, la couverture sera totale avec la région Rhône Alpes. Avec vous une « réserve » de contenus pour attirer ces nouveaux téléspectateurs ?

On ne résonne pas comme ça. On est plutôt en train de construire la meilleure grille possible avec les programmes dont nous disposons, par rapport à notre ligne éditoriale et notre économie. En juin 2015, on dépassera les 80% en initialisation. C’est un développement naturel qui va nous permettre de toucher un maximum de téléspectateurs.

« On vise le 1.2% de part d’audience en fin d’année »

Votre offre s’appuie sur de la fiction française, issue du catalogue TF1. En cette rentrée, après RIS : police scientifique, qui rencontre un joli succès sur HD1, vous accueillez Section de recherches. Est-ce une demande de votre part ?

Oui, et c’est aussi une logique d’exploitation de ces séries. Sur Section de recherches, TF1 en est à la 9e saison. Mais les premiers épisodes ne sont pas reproposés aux téléspectateurs. C’est donc le bon moment pour les redécouvrir sur HD1. D’autant plus que public peut voir la série différemment, sur plusieurs semaines d’affilé, et sur plusieurs saisons... La consommation est donc différente. Et Section de recherches a su renouveler le genre avec RIS. On est fier de l’avoir sur la grille. D’ailleurs, elle a très bien marché pour sa première soirée avec près de 400 000 téléspectateurs, et je pense qu’elle les dépassera sans problème !

Vous ajustez assez fréquemment votre grille de day-time. Quelle est votre stratégie sur ce créneau ?

On veut vraiment offrir des programmes différents et variés. On a donc pas mal rénové la grille de day time en septembre 2013 en faisant rentrer par exemple Sous le soleil, car c’est une série phare de la création française, et les audiences ont prouvé que le public avait envie de la revoir. Depuis avril dernier, on propose également une autre série culte, Madame est servie. Pour le day time, on essaye de retrouver des marques que le téléspectateur connait et prend plaisir à revoir. On conserve la nouveauté plutôt pour le prime time et le week-end.

Vous multidiffusez avec succès Julie Lescaut. Est-ce une valeur sûre de HD1 ?

Oui, c’est une valeur sûre ! Elle a marqué la fiction française avec Navarro, toutes chaines confondues. Julie Lescaut est la première série qui a mis en scène une femme commissaire, c’était révolutionnaire à l’époque. Et quand on programme les premiers épisodes, le public les redécouvre. De plus, la série a duré 20 ans et compte 100 épisodes, les téléspectateurs n’ont donc pas tout vu. On est content en après-midi de passer du bon temps avec Julie Lescaut, si bien qu’on vient d’en racheter les droits.

Partie 2 > Les nouveautés de la saison de HD1


Esprits de famille est la nouveauté française de la saison. Comment HD1 est-elle arrivée sur ce projet ?

La série nous a été proposée par un producteur français, mais a été développée pour la RTBF. On l’a pre-achetée à partir des scénarios, qu’on a trouvé très bien écrits. Et la démarche de création de la RTBF était intéressante et ressemblait à la nôtre. Nous sommes des petites chaines avec des moyens limités et on essaye de faire de la fiction inédite. On a les mêmes enjeux, les mêmes problématiques... On s’est retrouvé avec la RTBF sur cette série et on va pouvoir peut-être collaborer ensemble sur d’autres projets. C’est intéressant de se rapprocher d’autres types de créateurs en Europe, dans d’autres budgets et univers.

À quoi doit s’attendre le public avec Esprits de famille  ?

C’est une comédie familiale, un mix entre Une famille formidable, Mes amis mes amours mes emmerdes et Clem. On parle des relations parents-enfants à l’âge adulte. Il y a un brin de fantaisie avec les parents décédés qui reviennent sous la forme de fantômes. Les acteurs sont essentiellement belges, peu connus du public français. C’est un pari, mais on pense qu’avec l’histoire et la thématique, cela peut séduire le public pour une diffusion en prime time.

Autre nouveauté de la grille, Marchlands, diffusée en 2011 sur ITV. Pourquoi avoir misé sur ce programme ?

C’est une très belle série à la fois par l’intrigue, la réalisation et l’interprétation. Elle fait partie de ces grandes séries anglaises. L’univers est mystérieux avec une construction sur trois générations, et, pour le coup, d’un point de vue réalisation c’est très bien fait. On est vraiment très fier de pouvoir la proposer sur HD1.

Avec seulement cinq épisodes de 52 minutes, doit-on s’attendre à une diffusion en bloc au cours d’une seule soirée ?

Nous attendons d’avoir la version doublée pour la revoir et en décider de la programmation. En général, sur les chaines de la TNT, on programme effectivement en bloc. Pour nous, tout va dépendre de la possibilité de rentrer en cours d’histoire dans la série. Si tel est le cas, on programmera plusieurs soirées, s’il vaut mieux avoir suivi tous les épisodes, on fera alors une soirée événementielle avec les cinq épisodes. Elle sera diffusée à la fin de l’année.

« Pour le day time, on essaye de retrouver des marques que le téléspectateur connait et prend plaisir à revoir »

Une suite à Marchlands a été programmée en 2013 sur ITV sous le titre de Lightfields. En avez-vous fait également l’acquisition ?

On attend de voir les audiences de Marchlands, et si cela fonctionne, on continuera dans cette veine là, bien évidemment.

La série américaine, 666 park avenue sera également proposée cette saison. Pourquoi ce choix ?

Sur HD1, on aime aller dans des univers différents, et ce, depuis le lancement de la chaîne. On l’avait fait avec Pan Am ou encore la série juridique un peu déjantée, Eli Stone. 666 park avenue change des séries traditionnelles. On est dans le frisson et le mystère...

Est-ce difficile d’imposer une nouvelle marque de séries en prime time sur une chaine comme HD1 ?

Ce n’est pas évident. Après, à force de créer des rendez-vous, on peut y arriver. On a réussi par exemple la saison dernière avec Suburgatory. Imposer de la dramedie de 26 minutes en prime time, c’était un vrai risque. J’espère qu’on aura le même succès avec 666 park avenue.

Vous avez cependant échoué avec Parenthood...

On tente, mais on ne peut pas gagner à tous les coups... On est là pour tester et proposer des choses nouvelles aux téléspectateurs.

Partie 3 > Urgences, les films et les objectifs


Vous avez décroché les droits d’Urgences, qui sort pour la première fois du groupe France Télévisions. Comment avez-vous réussi à obtenir cette série culte qui rencontrait un franc succès sur France 4 en après-midi ?

On a des acheteurs de talent dans le groupe TF1 ! Urgences est une très belle série qui va nous permettre de faire évoluer notre offre de day time, début 2015.

Cette célèbre marque pourrait-elle également venir titiller House en prime time ?

On hésite encore. On souhaite la revoir pour savoir s’il est possible de la programmer encore en prime. On se pose vraiment la question, à vrai dire !

Sur HD1, on peut voir de temps à autre, deux soirées par semaine consacrées à la même série, on l’a vu avec RIS et House. Quelle en est la raison ?

On s’est rendu compte tout simplement que le public aimait bien regarder House et RIS. Mais on fait en sorte de ne pas proposer les mêmes saisons au cours des deux soirées. On ne s’oblige pas à faire régulièrement ce type de programmation, mais on ne s’interdit pas de la faire effectivement.

Le dimanche, la grille propose uniquement trois séries (Le journal de Meg, Petits secrets entre voisins, House) sur la page horaire 03h/21h. N’est-ce pas un peu osé ?

Ça marche très bien ! C’est une manière de faire un peu de « binge viewing » (regarder plusieurs épisodes d’une série à la suite, ndlr) sur HD1. C’est très à la mode puisque tout le monde parle du « binge viewing » de Netflix. Hé bien, nous, on en fait avec House le dimanche après-midi !

La chaîne réalise ses meilleures performances avec des films. Quels sont les titres phares que les téléspectateurs vont pouvoir regarder cette saison sur HD1 ?

En première diffusion, nous programmerons la comédie romantique, Crazy stupid love, avec Ryan Gosling, Julianne Moore et Steve Carrel, ainsi que The Descendants, un drame émouvant avec George Clooney. Le secret de BrokeBack Mountain, Inception, Matchpoint et bien d‘autres sont également attendus sur la grille.

« Urgences est une très belle série qui va nous permettre de faire évoluer notre offre de day time »

À un moment donné, vous avez tenté la diffusion de docu-réalité comme Les maçons du cœur ou Premier amour. Pourquoi ne pas avoir continué ?

On a testé certains genres de programmes qui racontaient des histoires. Les essais ont été plus ou moins concluants. À court terme, on n’a pas prévu le retour de ce genre de programmes. Mais on ne s’interdit rien sur HD1. Il faut juste trouver le programme adéquat, qui reste cohérent avec notre ligne éditoriale...

La scriptes reality semble en faire partie....

Oui, et on a pas mal d’épisodes récents à programmer. C’est une manière un peu différente de voir les histoires.

Quand le public pourra-t-il découvrir le fameux feuilleton français prévu sur HD1 ?

On a voulu accélérer les choses à un moment donné, mais nous sommes revenus au planning initial de 2015. C’est complexe à développer, il faut vraiment un temps de maturation. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a qu’une chaine en France qui diffuse un feuilleton quotidien. On a un projet en développement avec TF1 Production. Nous sommes en train de travailler à l’écriture d’arches pour bien analyser les forces du projet, et pour savoir s’il peut s’inscrire dans la durée.

Quel est l’objectif de HD1 pour cette saison ?

On veut continuer à progresser régulièrement. On souhaite consolider notre grille, et programmer des séries inédites. Depuis le début de l’année, on a quand même diffusé 200 heures de séries inédites, et on en aura au total 300 d’ici la fin de l’année. On va donc continuer à développer en ce sens là et renouveler nos franchises de journée.