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César, Oscars, Gérard : le cinéma récompensé de trophées

Claire Varin
Publié le 25/02/2011 à 11:55 Mis à jour le 22/02/2015 à 23:25

Ce week-end du 25/27 février 2011, les férus de cinéma auront probablement les yeux rivés devant leur poste de télévision pour suivre en France Les César, et de l’autre côté de l’Atlantique, les Oscars. Le Théâtre du Châtelet versus le Kodak Theater. La descente du taxi à pas pressés pour éviter la pluie versus les limousines et le long tapis rouge. Et ce vendredi, l’Académie des Arts et Techniques du cinéma français ouvrira le bal des cérémonies récompensant le Septième art.

Cette année, le duo Valérie Lemercier / Gad Elmaleh laisse la place à Antoine De Caunes, revêtant ainsi pour la septième fois, le costume de maître de cérémonie. Finis les pas de bourrées à deux, voici le retour de l’humour Canal et du flegme appris chez les Britanniques. Tandis que la présidence de cette 36e édition des César est confiée à la plus française des actrices américaines, Jodie Foster. Celle qui a débuté sa carrière avec Claude François, verra son compatriote Quentin Tarantino recevoir un César d’honneur.

Et du côté de la compétition, les votants s’accorderont-ils avec le public en récompensant L’Arnacoeur, comédie aux 3,7 millions d’entrées ? En 2010, Le Prophète avait tout raflé. Y aura-t-il une meilleure répartition des prix, cette année ? Le cinéma français honorera-t-il ses poids lourds que sont Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Roman Polanski ?

Ce suspense et ces protagonistes seront-ils suffisamment intéressants pour parvenir à attirer un public nombreux ? Car l’émission est en perte de vitesse. L’an dernier, les César et la prestation des Valérie Lemercier et Gad Elmaleh n’avaient pas passionné les foules. La cérémonie avait rassemblé 1,7 million de téléspectateurs, soit 500 000 de moins qu’en 2009. Un score qui ne cesse de baisser depuis quatre ans. Le dernier record d’audience remonte à 2005, l’émission avait alors captivé 3,3 millions de Français.

Et, parmi ceux qui ne regarderont pas les César vendredi, certains se lèveront à 3 heures du matin pour suivre la retransmission des Oscars, qui sacrera - sauf surprise - Natalie Portman pour son interprétation dans Black Swan. À l’occasion de cette 83e édition, que l’on pressent déjà jeune et gay friendly, la présentation a été confiée à un duo inattendu Anne Hathaway et James Franco. Une prise de risque pour ces deux acteurs montants à Hollywood. Mais la soirée, retransmise dans des dizaines de pays, promet déjà du divertissement et du professionnalisme sans débordement.


Chez nous, public crispé venu pour gagner, discours à rallonge, petits couacs, et grands moments de solitudes, rythment et marquent chaque cérémonie. Créés il y a 36 ans par Georges Cravenne, dans le but de donner un équivalent français aux Academy Awards, les César souffrent toujours de la comparaison. Les cérémonies de remise de prix en France ont une image assez terne, voire négative. Ainsi, le chanteur et comédien Philippe Katerine a récemment déclaré à propos des César : « Moi, je ne regarderai pas la cérémonie. C’est comme les Victoires de la musique, c’est un milieu qui s’autosatisfait, le ventre rond. C’est assez horrible. »

A l’opposé, mais toujours inspirés par les américains - inventeurs des Razzie Awards -, les Gérard du cinéma ont vu la lumière il y a six ans. Les Parpaings d’or récompensent le meilleur du « pire » du cinéma français de l’année. Cette remise de prix se veut l’anti-César, où l’enjeu ne serait pas aussi crispant et où l’on rirait à gorge déployée.

Le 21 février, la chaîne Paris Première a diffusé cette cérémonie spéciale dézinguant le milieu en proposant des catégories changeantes, adaptées aux films vus dans l’année, telles que le « Gérard de l’acteur qui nous faisait bien rire et qui maintenant nous fait bien chier », le « Gérard du film guimauve que tu te forces à aller voir uniquement pour emballer une meuf », le « Gérard du film français sorti avec un titre en anglais parce qu’on sait jamais, sur un malentendu, on peut croire qu’il est américain » ou encore, celui « de l’acteur qu’on croyait mort depuis 1985 et qui en fait, tourne encore ».

Le petit monde du cinéma français a la réputation d’être très égocentré. Difficile alors d’imaginer un acteur ou un réalisateur ayant l’autodérision d’une Halle Berry ou la classe d’une Sandra Bullock, en venant chercher son prix avec une carriole pleine de DVDs du film incriminé. Sauf, si on se nomme Henri Guybet, pour qui, il est bon de montrer que l’on n’est effectivement pas décédé...