Toutelatele

Cyril Aubin (Le miel et les abeilles) : « On ne s’attendait pas à une fin aussi brutale... »

Par
Rédacteur - Expert TV
Publié le 27/04/2019 à 18:51 Mis à jour le 27/04/2019 à 22:39

Dans les années 90, Cyril Aubin a participé à l’épopée d’AB Productions. L’interprète de Johnny dans Le miel et les abeilles se confie sur son parcours d’Hélène et les garçons aux Filles d’à côté. Il évoque également son récent retour dans Les mystères de l’amour et ses projets.

Benoît Mandin : En 1993, vous avez rejoint Le miel et les abeilles sur TF1. Comment est née votre collaboration avec AB ?

Cyril Aubin : Avant les séries d’AB, j’avais déjà un parcours. Mon père était comédien donc un jour, il m’a dit qu’un réalisateur cherchait des enfants pour un téléfilm avec Bernard Le Coq. J’ai ensuite fait plusieurs petits rôles et participé à des émissions jeunesse, dont Destination Noël sur TF1. Une année, je l’ai présenté avec Karen Cheryl et une autre avec Plastic Bertrand. J’ai ensuite joué dans le film Croque la vie où il y avait Aude Messean. Elle est devenue la directrice de casting d’AB et j’ai passé un casting pour Hélène et les garçons où j’ai eu un petit rôle. Et AB m’a rappelé pour me confier le rôle d’un rocker.

Comment avez-vous imaginé le personnage de Johnny ?

J’avais un bon ami de mon beau-frère qui était sympa, grande gueule et branché rock. Je me suis inspiré de lui et surtout de la façon dont il parlait. Un type rigolo à qui il arrive un tas de choses. Progressivement, Jean-Luc Azoulay (producteur du Miel et les abeilles, ndlr) s’est servi de ce que je proposais pour développer Johnny. Vu que je m’amusais beaucoup, j’ai été encore plus à fond dans le truc.

Était-il amené à devenir aussi récurrent ?

Au début, je ne sais pas si Jean-Luc Azoulay et les auteurs savaient ce qu’il voulait en faire. Si le rôle plaisait, on avait la chance de rester plus longtemps avec ce genre de série. J’étais parti pour une journée, je suis resté une semaine et finalement j’ai bossé pendant un an et demi sur Le miel et les abeilles.

Dans quel état d’esprit avez-vous affronté l’attachement du public pour Johnny ?

Je m’en suis rendu compte puisque je pouvais moins facilement me déplacer dans le métro. J’étais assez vite reconnu. Vu que je ne regardais pas trop la télévision, je n’ai pas compris tout de suite l’engouement autour du Miel et les abeilles. J’ai découvert petit à petit les sitcoms AB. Ariane Carletti (membre du Club Dorothée, ndlr) m’avait dit que je recevais un grand nombre de courriers. Des gens que je ne connaissais pas m’exprimaient toute leur gentillesse et admiration. Je pense avoir bien géré cette soudaine notoriété. Sur le plan personnel, cela m’a appris à être rigoureux et à apprendre un texte pour le lendemain même si on était bien conscient que l’on ne jouait pas du Molière.

Les sitcoms AB ont été la cible de critiques dans la presse. Comment l’avez-vous vécu ?

Je ne me suis jamais senti atteint. Comme on bossait tous les jours, je rentrais chez moi, j’apprenais mon texte… Le week-end, je me consacrais aux amis et à la famille. Je ne m’inquiétais pas de ça. J’étais certainement naïf en étant content du succès de la série. Je savais qu’Antoine de Caunes se moquait des Musclés, mais je n’étais pas concerné par ça.

« Je ne regrette pas et je ne renie rien »

Sur les plateaux AB, les tournages des sitcoms s’enchaînaient à un rythme effréné. Comment s’est passée votre collaboration avec les autres comédiens du Miel et les abeilles ?

Lors du deuxième jour de tournage, j’ai compris vers quelle sitcom j’allais. J’avais déjà bossé sur des séries comme Maguy et Marc et Sophie. Je voyais le personnage de Johnny qui se foutait de la gueule des Abeilles tout le temps donc je me suis dit : « Je vais aller à fond là dedans ». Avec les autres comédiens, on ne se connaissait pas trop. On n’a pas eu tout de suite un rapport amical. C’était un peu comme dans la série (rires). Progressivement, on a appris à se connaître et on a partagé des super moments. Il y avait une bonne ambiance sur le plateau.

Quid de Mallaury Nataf, interprète de Lola ?

On s’est assez vite bien entendus. Je pense que Johnny la faisait rire. À l’image de nos personnages dans la série, on s’est rapprochés et on a même joué une pièce de théâtre ensemble. Pour différentes raisons, il y a aussi eu quelques tensions, mais le tournage était loin d’être désagréable.

Comment avez-vous vécu l’arrêt du Miel et les abeilles en 1994 ?

On a tourné un épisode qui s’appelait « C’est fini » et portait le numéro 200. La production nous a dit que la série reprenait à la rentrée. Finalement, on nous a parlé d’un report pour finalement nous dire que c’était fini. On n’était pas dans le secret des chaînes et de la direction d’AB Productions. À l’image des Garçons de la plage, on savait que ça allait s’arrêter, mais on ne s’attendait pas à ce que ça soit aussi brutal. Je partais aussi sur d’autres projets d’écriture et au théâtre.

Après Le miracle à l’amour, vous êtes apparu dans Les nouvelles filles d’à côté. Comment êtes-vous arrivé dans la série ?

Je jouais Benoît, le neveu de Thierry Redler (interprète de Marc, ndlr). On se voyait régulièrement sur les plateaux et Thierry a suggéré à Jean-Luc Azoulay de nous faire travailler ensemble. Et j’ai bossé cinq mois sur Les nouvelles filles d’à côté. J’avais pas mal de scènes avec Gérard Vivès où il y avait un contraste assez rigolo. J’ai ensuite fait quelques épisodes de L’école des passions et en parallèle je me suis remis au doublage. J’ai eu la chance d’être assez diversifié dans les corps d’acteurs pour ne pas me trouver avec rien du jour au lendemain.

Quels souvenirs gardez-vous de l’épopée AB ?

J’en garde des bons souvenirs. À travers les sitcoms AB, j’ai performé mon métier de comédien. Comme dans la chanson, on s’est perdus de vus, on s’est retrouvés. Je suis toujours ami avec François Roquelin (Aristide dans Premiers baisers et Le miel et les abeilles, ndlr). J’ai revu Olivier Vaillant (Richard, ndlr) et Eric Dietrich (Bruno, ndlr) est venu quand je jouais au théâtre. On s’est recroisés, mais je vois moins Romain Jouffroy (Edouard, ndlr). Je ne regrette pas et je ne renie rien.

« Je n’ai pas souffert directement d’une étiquette AB »

Mallaury Nataf a annoncé avoir connu une descente aux enfers. En 2012, la presse a révélé qu’elle était devenue SDF…

Comme beaucoup, j’ai souhaité lui apporter mon aide. Le problème était de savoir où elle était exactement. Je l’ai croisée une fois dans la rue, puis après ce sont des amis qui l’ont vu. Ils ont discuté avec elle, mais quand on n’a pas de téléphone, c’est difficile de retrouver quelqu’un. Quand je l’ai revue, ça m’a fait de la peine parce qu’on a quand même bossé ensemble pendant un an et demi. Jean-Luc Azoulay a également essayé de faire quelque chose…

Avez-vous souffert de l’étiquette AB ?

Indirectement, certainement. On ne m’a jamais dit en face : « C’est non, car t’as fait du sitcom chez AB ». J’imagine très bien que dans les bureaux il devait y avoir des discussions autour d’un personnage « trop connoté AB » comme on pourrait dire aujourd’hui « trop connoté Plus belle la vie ». Je sais qu’il y a des décisionnaires qui ne préfèrent pas, mais je ne l’ai pas ressenti directement.

En 2017, vous avez retrouvé Jean-Luc Azoulay à travers Les Mystères de l’amour, série dérivée d’Hélène et les garçons et diffusée sur TMC. Comment avez-vous vécu ce clin d’œil ?

Cela m’a fait rigoler. Mis à part qu’on a bien eu froid (le tournage a eu lieu à la montagne, ndlr), on s’est bien marrés avec Eric Colado, Patrick Puydebat, Sébastien Roch et Hélène Rollès. Quand ils m’ont vu arriver, ils ont dit : « Oh trop drôle ! ». On a passé une superbe soirée et on a même été voir tous ensemble un concert d’Alain Souchon. On a tourné trois ou quatre jours.

Accepteriez-vous de reprendre un rôle récurrent dans Les Mystères de l’amour ?

Tout dépendra du rôle. Même si on s’est recroisés avec Jean-Luc Azoulay, on ne l’a pas vraiment évoqué. J’ai un projet personnel que je suis en train de développer. A bientôt 50 ans, je n’irais plus refaire Johnny parce que ce n’est plus du tout le même personnage. J’ai tourné avec Jean-Luc Azoulay à travers Camping Paradis. J’ai adoré aussi faire Section de recherches avec Chrystelle Labaude. On s’est rendu compte que l’on avait des points en commun dans la région où je suis aujourd’hui. J’ai également joué dans Commissaire Magellan et Dix pour cent. Cela fait trois, quatre fois où j’ai des rôles avec des personnages qui ont des textes hyper compliqués à sortir. Cela a été notamment le cas dans le film que je viens de tourner, Mine de rien, avec Arnaud Ducret et Hélène Vincent. Ce sont des anciens mineurs qui décident de reprendre une mine pour en faire un parc d’attractions. Il devrait sortir à la rentrée.