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Dans l’oeil des Enfoirés

Alexandre Raveleau
Publié le 11/03/2011 à 20:50 Mis à jour le 09/05/2011 à 15:36

Chaque année, le concert donné par les Enfoirés au profit des Restos du cœur est attendu par plus de dix millions de Français, faisant de ce show télé l’un des plus prisés. Pour cette édition 2011, la troupe d’artistes s’est installée à l’Arena de Montpellier. Les inconditionnels retrouveront les habitués, tels que Tina Arena, Jean-Louis Aubert, Claire Keim, Natasha St-Pier, Nolwenn Leroy, Maxime Le Forestier ou encore Jean-Baptiste Maunier. À leurs côtés, comme chaque année, quelques « petits nouveaux » sont venus leur prêter main-forte comme les nageurs Alain Bernard, Amaury Leveaux et Fabien Gilot, ou encore Sébastien Loeb. Retour sur les moments forts de ces 150 minutes de show !

La grande soirée des Enfoirées 2011, pour les 25 ans des Restos du cœur, a démarré avec les rêveries de Lorie, Maxime Le Forestier, Mimie Mathy, Michèle Laroque et « des milliers d’Enfoirés ». Bientôt, toute la troupe, réunie autour des lettres géantes écrivant le mot « TERRE », a interprété le tube d’Indochine, hymne du concert, « J’ai demandé à la lune ». Il n’a pas fallu plus de trois minutes pour que le mot RESTOS ne s’écrive à la place, au rythme du « On ne demande pas la lune... » général. Juste après, Mimie Mathy a eu l’honneur de lancer officiellement l’édition 2011. Pourquoi ce titre ? « Parce qu’on va vous avoir à l’œil, encore plus que d’habitude » !

Un peu de classique pour bien démarrer le show. Place à Mozart, l’opéra rock ! Tous les musiciens de l’orchestre des Enfoirés ont tenté la très célèbre « Assasynphonie » de la comédie musicale... avec Nolwenn à la harpe, Pascal Fiori aux timbales et surtout Laurent Blanc à la baguette ! Pascal Obispo et Tina Arena figuraient parmi les solistes de cette formation orchestrale unique en son genre. Le sélectionneur des Bleus semble bien avoir rapidement perdu le contrôle de l’ensemble ses artistes, avançant à visages bientôt masqués pour l’unisson final tant attendu... Et les flashes de crépiter pour la première fois face aux 40 artistes réunis.


Après la relecture du classique « Comme d’habitude », l’équipe féminine de football du MHSC (le club professionnel de Montpellier) a bel et bien « mis le feu » à l’Arena sur un air bien connu des supporters, suivi du culte « Allez viens boire un p’tit coup à la maison ! ». De l’autre côté du mur, les hommes ont préféré l’hommage à Gainsbourg, tout en revisitant les tâches ménagères... Patrick Bruel au tricot et Kad Merad à la vaisselle ! Heureusement, Sébastien Loeb a déboulé avec son bolide de la police ! Le champion a remis un peu d’ordre dans tout ce ramdam, aidé par Jean-Jacques Goldman himself. Et le numéro de se conclure naturellement avec Indochine : « des garçons au féminin... des filles au masculin ».

Après les interventions des duos Gérard Jugnot / Liane Foly et Kad Merad / Jean-Baptiste Maunier, Zazie a voulu régler ses comptes avec ZAZ. Un nom de scène curieusement similaire à ses yeux... La nouvelle Enfoirée aurait-elle eu du mal à se faire accepter dans la troupe ? Pas du tout, et bien au contraire ! Les deux Isabelle repartent bras dessus bras dessous, faisant place aux pirates Mauranne, Yannick Noah, Claire Keim et Patrick Fiori pour « Ecrit l’histoire », d’après Grégory Lemarchal. Hissés au milieu du public, les flibustiers ont laissé la scène disponible pour un Waka waka à l’anglaise, mené par Lâam et Tina Arena. Ballet de parapluies au menu ! Et le « what’s else » de... Kad Merad.

Gérard Jugnot, chapeau melon vissé sur le crâne, s’est donné bien du mal avec « Partenaire particulier », le tube des années 80, en duo avec Renan Luce. Après lui, Jenifer et Christophe Willem ont partagé le plateau pour une touche so british. Star Academy et Nouvelle star (et bientôt X Factor) unis pour un seul et même combat. Le chœur des soubrettes mené par Amel Bent et Natasha St Pier a ensuite livré son message : « Laissez-moi danser » d’après Dalida. Qu’à cela ne tienne, Zazie et Pascal Obispo ne se sont pas fait prier avec « Alors on danse », le succès de Stromaé.


Comme son Garou « a lâché au bout de 10 ans », Mimie Mathy est à la recherche d’un nouvel Enfoiré, « capable de chanter des kilomètres ». La vendeuse Claire Keim lui-propose un Patrick Fiori, qui « ne roule qu’au saucisson corse ». Ou plutôt la version Obispo « qui offre « carrément l’impression d’avoir le toit ouvrant ». Trop d’astiquage selon Mimie... « En plus c’est salissant ! ». Le must ? Le Bruel selon la commerciale. L’alarme dernier « cri » fonctionne à entendre le public de Montpellier. Le modèle amphibie Camille Lacourt alors ? Le joli garçon (en maillot de bain) est fabriqué en « ronce de noyer »... Le choix se porte finalement sur la sécurité : Maxime le Forestier.

Le tableau suivant a mis en scène Jean-Baptiste Maunier, le choriste enfant devenu trop vite adulte. Seul et avachi dans le canapé, le jeune homme a vu apparaître une kyrielle de grands frères. Jean-Jacques Goldman, Christophe Maé, Patricia Kaas et Amel Bent lui ont donné une petite leçon de solidarité de circonstance, avec la chanson « Dis-moi » de Florent Pagny. Très vite, les tambours des Enfoirés ont fait leur apparition d’une seule ligne, pour célébrer le départ imaginé de l’artiste, sous une pluie battante au rythme de la mesure. Ce moment de répit sera de bien courte durée avec l’arrivée des trois hommes en habits colorés...

Gros nez rouge de sortie et vestes à carreaux de sortie, les clowns ont accueilli les poupées blondes platine Alizée et Claire Keim. « Un oiseau, un enfant, une chèvre » et tout le monde « s’endort au pays des merveilles »... Sauf si le monstre noir Patrick Fiori surgit et propose de vivre « aux couleurs de l’été indien » ? Dans des habits dignes des monstres de Bioman, Jean-Jacques Goldman est la deuxième vilaine créature à apparaître dans le tableau présenté, lui à la recherche de la « tendresse ». Puis est venu le tour de la pieuvre Kad Merad avec « la chanson douce que me chantait ma maman », en suçant son « poulpe » !


Serge Lama a ensuite eu droit à une petite séance de psy... par Mimie Mathy. Son aveu ? « Il est malade, complètement malade ». Mais le vrai problème ? « Je m’appelle Lama, et c’est le nom d’un animal... » avoue-t-il avec la mine d’un chien battu. Bernard Lama, Dalaï Lama... ce n’est pourtant pas un nom si triste selon Joséphine, l’ange gardien de TF1. Patricia Kaas et Michelle Laroque ont balayé cette mauvaise humeur avec le « Je veux » de ZAZ. Yannick Noah est venue se greffer au duo. « Bienvenue dans ma réalité ». Et Serge Lama de réapparaître pour le « Tu veux ou tu veux pas ». Les Enfoirés ont la réponse : ils veulent la joie, l’amour et la bonne humeur comme le dit le tube de ZAZ.

Christophe Maé hésitait à chanter seul ou avec la troupe. En pleine réflexion existentielle, sa bonne conscience était incarnée par Pascal Obispo, déguisé en angelot. Son côté obscur était, quant à lui interprété par Patrick Bruel, tout de diable rouge vêtu. Finalement, le chanteur préféré des jeunes demoiselles a démarré la chanson de Francis Cabrel « Octobre », avec Mauranne, Serge Lama et Hélène Ségara. Au coin de la cheminée en carton, les artistes ont offert le premier moment mélancolique du concert. L’instant tendresse a été balayé par le casting des sosies, avec Mimie Mathy en Catherine « Grégoire » Lara. Et Thomas Dutronc « imitant » Jean-Jacques Goldman, avec l’aide du vrai...

Au piano, les artistes ont joué au relais pour la ritournelle « et toi tu m’aimes un peu plus fort ». Alizée, Jenifer, Patrick Fiori et Natasha St Pier ont fait une véritable déclaration d’amour au public. Dans un décor de jardin public bucolique, ces Enfoirés ont été rejoints sur le tourniquet par leurs compères pour l’ensemble harmonisé. L’heure est ensuite venue de fermer le musée imaginaire. Grégoire et Jean-Louis Aubert, torches allumées, ont tenté de « garder la tête sur les épaules ». Dans l’univers des Restos du cœur en effet, les tableaux s’animent, les personnages historiques finissent toujours par s’échapper... Les héros Zazie et Alizée en armures ont entonné un premier « Bouge de là ».


Sirène hurlante, le musée a poursuivi son éveil historique avec Claire Keim en Napoléon. L’égyptien Gérard Jugnot n’a pas hésité à démarrer une petite chorégraphie de biais. Tina Arena a « demandé du temps » comme le disait il y a quelques années Pascal Obispo. « Il faut du temps et un peu d’espoir pour changer l’histoire » selon les deux chanteuses. A leur retour, les deux gardiens ont découvert, circonspects, que l’ensemble des personnages de leur galerie avait disparu en un clin d’œil. Pour Gérard « Ramsès » Jugnot, « la vie va commencer ». Pour eux, « c’est fini le musée » comme l’a bien rappelé Christophe Maé, dans le rôle de Jules César !

Lady Gaga et Madonna présentes ? Enfin presque... En réalité, les deux stars internationales n’ont pas fait d’escale à Montpellier. Liane Foly (Lady Gaga) et Mimie Mathy (dans le rôle de « Midonna ») ont débarqué « dans des tenues ridicules », capable de faire « virer » Mimie de TF1 ! Retour sur Terre ensuite avec ZAZ, Jean-Jacques Goldman, Jean-Louis Aubert et Thomas Dutronc pour un hymne au bonheur, teinté de nostalgie, « Pourtant, que la montagne est belle »... Les deux routiers des Enfoirés et les deux jeunes artistes ont présenté ce numéro depuis une scène placée au milieu du public montpelliérain.

Le vigile Pascal Obispo a refoulé bon nombre d’artistes à l’entrée de sa discothèque. Bien qu’ils dansent le Mia, scandent les « Hey oh » de Tragedie, ou slament sur la fable de Jean de la Fontaine « Le Corbeau et le renard », Jenifer, MC Solaar et Lâam n’ont pas réussi à entrer dans la soirée très privée. Yannick Noah avait sorti son plus gros manteau de fourrure et ce signe extérieur de richesse a fonctionné ! La grande majorité des Enfoirés a failli rater « la fête de ce soir ». Il ne restait plus qu’à Amel Bent et Jenifer de crier leur ras-le-bol avec la Boulette de Diam’s, la « génération non non ». Bon seigneur, Pascal Obispo a cédé et ouvert les portes à tous.


Au temps des chasses à la sorcières, la fée Lorie était enfermée dans un cachot, dont l’un des gardiens n’était autre qu’un chevalier, un colosse qui répondait au nom d’... Alain Bernard  ! Sur la chanson « Voici les clefs » de Gérard Lenorman, le nageur a fait ses premiers pas assumés dans la musique, avec un clin d’œil à un certain Nicolas. Mollette, USB ou de sol, les clefs étaient nombreuses pour sortir Lorie de ce curieux pétrin. L’anniversaire de Nicolas, comme le veux le classique, a finalement été fêté avec un gros gâteau en carton pâte, d’où est sortie Jenifer. Et la fée de finalement s’envoler dans les airs, retrouvant toute sa liberté.

En pleine mode Abba, Jean-Jacques Goldman et Patrick Fiori sont sortis de la coulisse avec des tenues moulantes et argentées. Avec Mimie Mathy et Liane Foly, les deux meneuses de la revue, ce fut « Waterloo » ! Strass et paillettes au menu ! Neuf Enfoirés ont ensuite littéralement fait tapisserie, avec le tube de Christophe Maé « Je me lâche ». Dans une marée de ballon de baudruche rouge et rose, les artistes du numéro ont rapidement « envoyé tout foutre en l’air », Amel Bent n’hésitant pas à faire tournoyer sa chevelure brune, dans un pont musical de première volée.

Après la tempête, le calme de la relecture de Phil Collins a donné naissance au leitmotiv : « aujourd’hui, c’est juste un jour de plus pour vous pour nous au paradis ». Bâton lumineux claquants et kilt rouge assumé, la troupe des Enfoirés a traversé le public pour rejoindre la scène et lancer le dernier « On compte sur vous » de cette soirée. Les bénévoles présents ont été appelés sur la scène pour le désormais très célèbre hymne officiel : « Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid. Dépassé le chacun pour soir, quand je pense à moi, je pense à toi ! ».

Après le bouquet final et le salut au public de l’Arena, le rideau s’est baissé sur la soirée Dans l’œil des Enfoirés, cuvée 2011 du concert au profit des Restos du cœur. Le divertissement aura, une nouvelle fois, réuni plus de 10 millions de téléspectateurs devant TF1. Après le générique de fin, comme le veut la tradition, Laurence Ferrari et Harry Roselmack ont pris le relais et animé l’émission spéciale « Restos du cœur et Enfoirés : même combat depuis 25 ans », en présence de témoins et acteurs de la première heure, avec Jean-Jacques Goldman, Jacques Attali, Véronique Colucci et Pierre Lescure. Témoignages et souvenirs ont ponctué ce rendez-vous dédié à l’action des bénévoles.