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Docu-fiction : le genre à la mode à la télévision

Alexandre Raveleau
Publié le 07/07/2005 à 00:40 Mis à jour le 16/04/2009 à 16:31

C’était le grand absent des primes time du PAF. En 2003, le documentaire a fait son retour gagnant via le service public. L’Odyssée de l’espèce (F3), le Dernier jour de Pompéï (F2), D-Day, le jour le plus long (F2), Homo Sapiens (F3), le genre a trouvé son nouvel angle. Le docu-fiction est désormais au documentaire ce que la télé réalité est aux divertissements : un vent nouveau qui souffle très fort et des audiences synonymes de record.

En leader incontestable, la britannique BBC est le premier
diffuseur et producteur en la matière. Chaque mois, un nouvel opus captive les téléspectateurs d’outre-manche
en access comme en prime time. Entre autres exemples, en septembre 2003, Sea Monsters : a walking with dinosaurs trilogy réalisait 31,2% de part de marché sur BBC1. La moyenne de la chaîne à cet horaire étant 26,2%. Le 13
mars dernier encore, Supervolcano enregistrait 28,2%. Et la petite soeur BBC2 n’est pas en reste. Fin 2003, Ancient Egyptians permettait à la chaîne de grimper vers les 14,6% (moyenne BBC2 : 11,4%). BBC3 et BBC4 suivent la tendance, à l’image de Channel 4.

Et le phénomène touche l’Europe entière. La Suède, en bon
consommateur de produits cathodiques étrangers, a acquis de
nombreux droits. En Allemagne, Minuten der Entcheidung
(3x60 minutes), consacré aux catastrophes du siècle (attentats du 11 septembre, Tchernobyl et crash du Boeing 767 à Boston), a été suivi par 4,2% des téléspectateurs en octobre dernier sur Vox (moyenne Vox : 3,5%).

L’Australie n’est pas exclue du cercle des adhérents. Marchant main dans la main avec les diffuseurs anglo-saxons, les succès européens traversent bien souvent les
océans. Pompéi : the last day, Colosseum : Rome’s Arena of
death, Seven Wonders of the industrial world, Nile : crocodiles and kings
ont successivement remporté la palme
des audiences. Le 9 mars dernier encore, Seconds from disaster, en seconde partie de soirée, permettait à Network 7 de dominer ses concurrents avec 25,9% de part de marché (moyenne Network 7 : 25,6%).

Un seul territoire reste encore inexploré. Terre de séries,
magazines et télés réalité, les Etats-Unis ne semblent pas
encore convaincus par l’intérêt du genre au sens général.
Toutes chaînes confondues, dix documentaires seulement ont été programmés depuis la rentrée de janvier 2005. En France, le service public compte bien poursuivre sa politique d’évènements. En projet sur France 2, Toumai,
le premier homme
, devrait trouver un écho d’ici la fin de
l’année 2005. Les chaînes privées s’y frotteront également.
Canal + a déjà commandé un 90 minutes consacré à la construction de la Tour Eiffel. Et après 23/12/2008 le jour où la France s’est arrêtée et Supervolcan, M6 poursuivra son exploration des documents « catastrophes ».

 PAROLE D’EXPERT

Toutelatele.com : Pourquoi le docu-fiction captive-t-il les foules ?

Shelly Lemon : C’est une nouvelle façon de vivre le passé. Le docu-fiction permet de remonter les siècles jusqu’au Temps des mammouths (BBC1). A l’image, il n’est plus seulement question d’archives, cartes et peintures accompagnées de séances d’interviews. Cette nouvelle écriture intéresse toute la famille, les adultes mais surtout le jeune public.

Plus de 8 millions de téléspectateurs en moyenne sur France 3, des parts de marché record dans le monde entier. C’est une recette sans faille ?

Selon nos études, il n’y a eu qu’un seul flop ces trois dernières années. C’était Space odyssey : voyage to the planets. Diffusé sur BBC1, le film n’a enregistré qu’une part de marché de 12,8%. Il s’agissait de l’expédition de cinq spationautes.

Et quelle est la tendance aujourd’hui ?

Les débuts du genre étaient toujours synonymes d’Histoire. On a vu fleurir tout un lot de films sur l’Egypte des pharaons par exemple. Et maintenant, il s’agit plutôt de documents d’anticipation sur les catastrophes climatiques, les attentats... Le récent If... de BBC2 sera d’ailleurs adapté par M6 pour la France. Le magazine politique de Canal +, C’est déjà demain, est dans cette lignée directe.

Article et entretien réalisés en collaboration avec Sheily Lemon, chargée d’étude NOTA