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Eric Naulleau (De quoi je me mêle, C8) : « La polémique Yann Moix est terminée... »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 16/11/2019 à 20:16 Mis à jour le 16/11/2019 à 20:47

Parallèlement à Touche pas à mon poste et Balance ton post, C8 a pris les commandes de De quoi je me mêle le 26 septembre. Après avoir été diffusé le jeudi en troisième partie de soirée, le talk culturel basculera le samedi à 22h45 dès ce 16 novembre. L’animateur se confie sur ce nouveau défi et l’arrivée de Yann Moix dans son équipe de chroniqueurs.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivé aux commandes de De quoi je me mêle ?

Eric Naulleau : Le projet est né d’une volonté commune avec Cyril Hanouna de travailler ensemble depuis des années. Il m’a proposé un « package » où je serais chroniqueur de Balance ton post et je ferais deux fois par semaine Touche pas à mon poste. Vu que j’ai animé des émissions tout au long de ma carrière, il a essayé d’inventer un programme qui me correspondrait. Avec C8, on est tombé d’accord pour De quoi je me mêle, un talk-show culturel basé sur le signe de la liberté de ton et de l’éclectisme. Pour la première du samedi soir ce 16 novembre, nous recevrons Clara Morgane, Frédéric Mitterand et Sheila. Cette formule me convient, car dans la vie j’ai des goûts qui me rapprochent d’un certain élitisme et du goût populaire.

Avez-vous eu des appréhensions lorsque C8 vous a annoncé que De quoi je me mêle allait être diffusé le jeudi en troisième partie de soirée ?

J’étais plutôt favorable à cette formule. Vu que c’était en direct, j’aime bien les tournages de nuit. Les gens sont un peu plus décontractés et relâchés. Ils disent parfois des choses qu’ils n’exprimeraient pas en plein jour. Après, on se heurtait à un horaire tardif parce qu’il est presque impossible de terminer Balance ton post à l’heure face à la vigueur des débats. On rendait l’antenne en retard et on avait la frustration de devoir un peu accélérer Balance ton post. Le changement de case s’imposait de manière à ce que De quoi je me mêle commence plus tôt. Le samedi, on sera dans une case plus favorable puisque le public ne se lève pas le dimanche. Ce basculement met moins de pression sur Cyril Hanouna qui ne sera pas obligé de réduire le format de Balance ton post.

Vous avez choisi Enora Malagré comme chroniqueuse. N’a-t-il pas été difficile de la convaincre de signer son retour sur C8 deux ans et demi après son départ de Touche pas à mon poste ?

Ça n’a pas été compliqué, car on a des liens d’amitié assez étroits. Avec Enora Malagré, on a discuté de ce que serait l’émission. Elle a compris qu’elle s’y sentirait probablement à l’aise et qu’elle aurait son rôle à y jouer. Une fois que je lui ai bien expliqué la formule, elle était tout à fait d’accord pour rejoindre l’équipe.

« C8 ne m’a fixé aucun objectif d’audience »

De quoi je me mêle a été lancé le jeudi 26 septembre. Quel premier bilan en tirez-vous ?

Bien que l’on avait une frustration de ne pas être dans la meilleure case à laquelle on pouvait prétendre, le bilan est honorable. Le jeudi 7 novembre, De quoi je me mêle a réuni 531.000 téléspectateurs et 4.6% du public (soit son meilleur score historique, ndlr). Je ne pousse pas un cri de triomphe, mais il n’y a pas à rougir des scores. De ce point de vue là, j’en tire une expérience très positive. De ce qui se passe en plateau, je suis content. On arrive à faire dialoguer des gens d’horizons différents et la bande de chroniqueurs s’est formée très spontanément. Énormément de promesses ont trouvé une première réalisation et là on passe au deuxième stade avec une case plus exposée.

En basculant le samedi en deuxième partie de soirée, De quoi je me mêle se prive du direct. Est-ce un regret pour vous ?

J’ai beaucoup pratiqué l’un et l’autre. Bien que je n’ai pas de frustration, j’aime beaucoup l’adrénaline du direct. Quand on y est, on fait moins de bêtises et il y a moins d’incidents. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a un surcroît de concentration quand on enregistre. L’émission sera enregistrée dans les conditions du direct.

Comment avez-vous réagi lorsque C8 vous a annoncé votre basculement le samedi soir ?

J’ai pris ça comme une suite de bonne nouvelle. Il n’y avait pas énormément de cases disponibles, car C8 a déjà des programmes bien installés. Le samedi est quasiment la soirée royale. Ce défi à relever est très excitant, enthousiasmant et stimulant. Que ça soit pour l’ancienne formule du jeudi et la nouvelle du samedi, C8 ne m’a fixé aucun objectif d’audience. La chaîne était très contente des premiers résultats de De quoi je me mêle.

« La seule limite que j’imposerais à Yann Moix sera celle du temps et de la concision »

Vous allez être en concurrence avec On n’est pas couché, le talk de Laurent Ruquier où vous avez été chroniqueur entre 2007 et 2001…

Cyril Hanouna (producteur de De quoi je me mêle, ndlr) aime bien faire des surprises. Jusqu’à présent, ça lui a plutôt réussi de prendre tout le monde à contre-pied. Je trouve que c’est un clin d’œil du destin. J’ai officié un peu plus de quatre saisons à On n’est pas couché. J’ai même débuté avec Laurent Ruquier dans Ca balance à Paris. Il faut être à la hauteur du destin et tout faire pour y arriver.

Pour relancer les audiences d’On n’est pas couché, Laurent Ruquier a supprimé le traditionnel duo de polémistes. Qu’en avez-vous pensé ?

Qu’on veuille changer des choses d’une émission assez ancienne, je comprends. Il faut toujours essayer de renouveler même si ça reste un talk-show avec une table, des invités, des chroniqueurs et un animateur. C’est dur de révolutionner le genre qui a déjà sa tradition et son histoire. Mais je ne comprends pas ce choix. D’après mon expérience de chroniqueur et de téléspectateur, on aime bien retrouver des personnages familiers. Les polémistes étaient devenus des personnes à part entière d’On n’est pas couché. Ça crée un effet de fidélité et de bande. Je suis très attaché à cela. Je ne crois pas que ça soit une bonne décision. Je ne pas vais me mêler des affaires de Laurent Ruquier et Catherine Barma (productrice d’On n’est pas couché, ndlr), mais moi j’aurais touché à tout sauf au duo de chroniqueurs. Enlever un élément primordial comme celui-là ne semble pas avoir été une bonne idée.

Ex-visage d’On n’est pas couché, Yann Moix fera ses débuts dans De quoi je me mêle ce samedi 16 novembre sur C8. Pourquoi avoir choisi de le recruter ?

C’est un de mes chroniqueurs préférés d’On n’est pas couché pour la pertinence de ses avis et le côté atypique de ses interventions. Yann Moix a réussi à renouveler le genre du chroniqueur du talk-show. Bien qu’il fait des choses pertinentes, il est un peu parfois oblique. Je trouve ça très intéressant. J’ai beaucoup d’admiration pour l’écrivain et la dernière matière de Yann Moix. Il m’est arrivé d’éreinter des livres un peu plus anciens sur le plateau d’On n’est pas couché. Cela rajoute encore au clin d’œil du destin. C’est dommage que quelqu’un avec de telles capacités intellectuelles reste sur la touche. On lui a fait cette proposition qu’il a acceptée tout de suite. Il y a beaucoup d’enthousiasme de part et d’autre. La seule limite que j’imposerais à Yann Moix sera celle du temps et de la concision. Il pourra parler de ce qu’il veut quand il veut.

Avez-vous compris les critiques suscitées par son arrivée dans De quoi je me mêle ?

Je comprends qu’on se pose des questions. Pour la polémique qui est directement liée à « Orléans » (dernier ouvrage de Yann Moix, ndlr), j’ai exposé les pièces du dossier. J’ai fait un travail d’investigation et je suis allé interviewer sa grand-mère pour Touche pas à mon poste. J’ai lu le livre de son frère donc j’ai vraiment fait un travail de journaliste. Cela m’a permis de me faire une conviction : Yann Moix dit la vérité dans ce livre et on lui a fait de très mauvais procès en prétendant qu’il était le bourreau et en retournant les accusations contre lui. Il me semble que la vérité est apparue et j’y ai modestement contribué. Le temps de la polémique est terminé et celui de Yann Moix chroniqueur à De quoi je me mêle a commencé.