Jacky > Le trublion du Club Dorothée rend hommage à Gainsbourg

À jamais considéré comme le fidèle acolyte de Dorothée par toute une génération, Jacky a pourtant eu une carrière avant et après Le Club Dorothée. Animateur muet dans Chorus, puis aux commandes des Enfants du rock ou encore Platine 45, l’intéressé a également été attaché de presse, notamment pendant 10 ans pour Serge Gainsbourg. En parallèle de son JJDA pour IDF1, il a naturellement été approché pour présenter cet hommage diffusé sur AB1. À cette occasion, Toutelatele.com a rencontré ce trublion touche-à-tout...
Tony Cotte : Voilà vingt ans que Serge Gainsbourg s’en est allé. À l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, vous proposez une soirée spéciale sur AB1. Était-ce une volonté de votre part en tant que son attaché de presse pendant 10 ans ?
Jacky : Je ne suis qu’animateur sur Gainsbourg, 20 ans déjà. Mais j’ai été ravi que l’on me confie cet hommage. C’est une émission que j’avais enregistrée pour Virgin 17, mais le producteur l’a finalement vendue au groupe AB.
De nombreux artistes reprennent ses titres, dont Julie Zenatti, Sanseverino, Arielle Dombasle et même Dany Brillant. Cet éventail large d’artistes reflète-t-il l’influence que Gainsbourg a pu avoir sur toutes les générations ?
Tous ces chanteurs ont une certaine différence d’âge, ils sont issus de plusieurs générations, notamment avec la présence d’Hugues Aufray et de plus jeunes artistes. Même ceux et celles qui ne l’ont pas connu, adorent son répertoire. Beaucoup de ses textes sont multi générationnels et intemporels. Musicalement, il était aussi très en avance, il a été l’un des premiers à enregistrer en Angleterre.
Étant donné votre relation avec lui, essaye-t-on toujours de vous soutirer des anecdotes croustillantes et autres secrets d’alcôves ?
Au début, quand j’ai fait de la télévision, peu de gens savaient que j’avais été attaché de presse. Quand ça a commencé à se savoir, il y a eu une petite curiosité. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les secrets ne concernent que lui et moi, du moins quand j’étais témoin de certains trucs.
Le grand public ignore-t-il encore beaucoup de choses à son sujet ?
Il y a eu beaucoup de témoignages et documentaires réalisés sur Serge avec l’investissement de gens proches de lui. Disons que tout ce qu’on a pu dire a donc été dit...
Dans Gainsbourg, 20 ans déjà !, les caméras de AB1 sont parties à la rencontre de Lise Levitzky. S’agit-il d’un choix par défaut face au refus de Bambou ou Lulu de s’exprimer davantage sur le sujet ?
Bambou, Lulu et même Charlotte refusent de s’exprimer, et ce, quel que soit le média. Mais je ne suis pas sûr que la production ait essayé de les avoir. L’intervention de Lise n’en est pas moins intéressante. Elle l’a quand même très bien connu.
Quand elle évoque l’« adultère post-conjugal » de Serge Gainsbourg, n’avez-vous pas l’impression d’assister à un déballage pas forcément nécessaire dans le cadre d’un hommage ?
Elle n’entache pas l’image de Serge, mais ses propos ne sont pas forcément agréables. À titre personnel, je ne partage pas tout ce qu’elle dit. Quant à son « scoop » selon lequel Serge aurait toujours eu en sa possession une « mallette à rançon », dans la crainte que l’on enlève Charlotte, cette information reste à vérifier.
Qu’avez-vous pensé du film Gainsbourg - (vie héroïque), lauréat de trois César ?
J’ai aimé car ce n’était pas un biopic mais un « conte musical ». Le réalisateur, Joann Sfar, vient de la BD et c’était un bon premier long-métrage. J’ai trouvé ça bien éclairé avec sa vision qu’il a de l’artiste. L’interprète de Serge (Eric Elmosnino, ndlr) est incroyable et proche de la réalité.
Si on devait décrire Gainsbourg en un seul mot, serait-ce « provocation » ?
Je préfère « Dandy » à « provocateur », même si c’est ce qu’il était.
Peut-on dire que la « provocation » a également suivi votre parcours ?
Je ne pense pas être un animateur lisse. Dans tout ce que je fais, soit les gens aiment, soit ils n’adhérent pas, mais il y a toujours un humour au 15e degré. Je ne suis pas non plus irrespectueux, mais je peux être provocant dans ma manière de présenter. J’avais 24 ans quand j’ai connu Serge, il a vraiment compté pour moi et m’a beaucoup appris.
En tant qu’animateur, quel a été votre souvenir le plus marquant de votre carrière ?
Difficile d’en choisir un précisément, mais je me souviens évidemment de Platine 45 présenté avec Isabelle Adjani et Catherine Deneuve. C’était extraordinaire ! Cette émission m’a aussi permis d’être populaire. Elle est irréalisable aujourd’hui : on enregistrait avec mes invités les sketches avant de tourner. Il y avait un vrai investissement de leur part. J’ai d’ailleurs en projet de faire revivre Platine 45, sans doute sous la forme d’un documentaire ou d’un jeu autour de l’émission...
Ce programme a été l’occasion de petites saynètes avec de nombreux artistes, dont Mylène Farmer où l’on retrouve l’icône, dite « profondément timide et mystérieuse », plutôt extravertie et amusée. Qui est-elle réellement ?
C’est vrai que la vidéo passe beaucoup sur Dailymotion (rires). C’était à l’époque de son premier single, il y a donc presque 30 ans. Elle était naturellement comme ça. Son changement s’est opéré au fil des années. Elle est devenue plus « sombre » dirons-nous...
Quel(le) artiste avez-vous eu le plus du mal à recevoir sur l’un de vos plateaux ?
Aussi curieux que cela puisse paraître : Françoise Hardy !
Tous ces programmes façonnent une image assez paradoxale, entre un expert du rock, un homme assez influent dans l’industrie du disque il y a quelques années et l’animateur d’émissions jeunesse. Que vous inspire cette description ?
Je présentais trois émissions dans les années 80 et j’ai toujours été le même Jacky. Ce n’est pas du tout schizophrénique, je n’en ai pas souffert et, surtout, je ne regrette rien. Ça m’a évité la routine
Lors d’une précédente interview accordée à Toutelatele.com, en 2006, vous avez déclaré ne pas vouloir vous « faire de l’argent sur la nostalgie des trentenaires » en animant des soirées « gloubi-boulga » au Queen. Pourtant le 18 décembre dernier vous animiez le concert de Dorothée à la gloire de toutes les stars AB...
Je continue à le dire, je n’ai pas changé. Dorothée à Bercy c’était un vrai spectacle, je ne me suis pas contenté de présenter des gens en playback avec des dessins animés derrière moi, ça ce serait épouvantable. Le concert de Bercy, comme les quatre dates à l’Olympia l’année dernière, ont été un très bon souvenir. On était tous contents de se retrouver et ça a été un succès.
Sur les 7 600 places mises en vente à Dijon, seule une soixantaine a été vendue avant l’annulation du concert. Même cas de figure pour Lille...
Un tourneur est dessus, on devrait commencer au mois de septembre. Ce sera un show moins lourd en termes d’infrastructure avec seulement Dorothée, Hélène et moi sur scène. Mais les dates prévues à l’origine n’ont jamais été annulées à cause de prétendues mauvaises ventes. Pour le concert de Lille, Jean-Luc Azoulay s’est rendu compte que se produire le vendredi soir, la veille du show à Paris, c’était impossible !