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Jean-Luc Azoulay : ses projets pour la TNT et les Mystères de l’amour

Robin Girard-Kromas
Publié le 05/03/2012 à 19:13 Mis à jour le 05/03/2012 à 19:13

Camping Paradis, Commissaire Magellan, Les Mystères de l’amour, IDF1 : le succès ne quitte plus Jean-Luc Azoulay, le co-fondateur d’AB Productions aujourd’hui à la tête du groupe JLA. A quelques jours de son audition devant le CSA pour une fréquence sur la TNT nationale, ce dernier a dévoilé son projet, ID France 1. Pour Toutelatele.com, il revient en détail sur ce nouveau grand défi...

Robin Girard-Kromas : Vous avez déposé une candidature pour une fréquence TNT avec IDF1. Selon vous, quelles sont les raisons pour lesquelles le CSA devrait trancher en votre faveur ?

Jean-Luc Azoulay : Nous avons un projet de chaîne destiné à développer la création de fictions françaises longues, qui comportent au moins 100 épisodes et qui permettent de faire une programmation horizontale afin de fidéliser le public sur des rendez-vous quotidiens, tous les jours à la même heure. Nous en manquons cruellement en France. Il y en a à peu près dans tous les pays du monde, beaucoup en Amérique du Sud, en Allemagne ou en Espagne, mais nous, nous n’en avons pratiquement pas, à part Plus belle la vie et Scènes de ménages. Nous aimerions qu’ID France 1 soit la chaîne de cette création de fiction longue. Je pense que c’est indispensable au paysage audiovisuel français.

IDF1 fait-elle également partie des arguments à mettre en avant devant le CSA ?

Oui, IDF1 est leader sur l’Île de France et arrive à son point d’équilibre. Nous avons prouvé en quatre ans que nous savions faire une chaîne de télévision et la rendre rentable. Par ailleurs, nous sommes les seuls parmi les nouveaux entrants à n’avoir qu’une chaîne, et pour notre équilibre global, il est important que nous ayons cette chaîne nationale.

La programmation de ID France 1 serait-elle la même que celle d’IDF1 ?

Ce ne serait pas du tout la même chose. Nous allons garder IDF1 qui restera en chaîne régionale. ID France 1 serait une deuxième chaîne qui rentrerait dans le groupe avec une programmation totalement différente. Deux chaînes sœurs, un peu comme NRJ12 et NRJ Paris.

Retrouverait-on encore le catalogue AB sur la chaîne ?

Non, pas forcément. Notre programmation serait basée sur les fictions longues. Dès la première année, on produirait une sitcom en direct. Par la suite, on lancerait des co-productions avec l’ensemble de la profession. De toute façon, on ne produira pas tout, car il y a la règle des indépendants et des dépendants, on ne pourra donc produire au maximum que 30% des fictions de la chaîne. Pour les projets, il y a différentes façons de faire : on peut lancer le projet seul avec la chaine, mais on peut aussi trouver des co-productions internationales ou nationales, avec d’autres chaînes de la TNT ou du câble par exemple, et lancer des opérations qui permettent rapidement de créer un catalogue de fiction française. C’est ce que nous avons fait avec Les Mystères de l’amour, qui a débuté d’abord sur IDF1 puis a été co-produit par TMC.

Pouvez-vous en dévoiler un peu plus sur cette sitcom en direct ?

C’est l’un de nos gros projets afin de lancer très vite une fiction française identifiable. Nous avons étudié l’idée techniquement, artistiquement, sur tous les plans. Nous avons un studio ce qui nous permettrait de le faire dans nos murs. Nous aurions une équipe qui écrirait le soir et le matin, des répétitions dans l’après-midi et enfin une diffusion en access-prime time. Nous considérons actuellement différents pitchs.


Y aura-t-il également des séries américaines sur ID France 1 ?

Non, car elles sont déjà préachetées par tout le monde, vues, revues et re-revues. Nous, nous souhaitons proposer des fictions originales, jamais diffusées.

Outre la fiction, que prévoyez-vous pour ID France 1 ?

Il y aura des magazines, qui seront proposés tous les jours à la même heure, pour que les gens repèrent la chaîne. Il faut créer des rendez-vous. Il y aura également quelques émissions de flux, notamment un programme de recherche de talents dans toute la France, entre la Star Academy et notre émission de IDF1 Vous avez du talent, afin de donner la chance aux Français qui veulent s’exprimer dans le domaine artistique d’avoir un support quotidien télévisé.

Vos productions pour TF1 ou France 3 (Navarro, Commissaire Magellan...) auront-elles leur place sur ID France 1, au moins sur la première grille ?

Non, la première année, nous allons utiliser le catalogue de fictions sud-américaines et européennes qui vont nous permettre d’assurer des diffusions. ID France 1 n’est pas du tout une chaîne destinée à passer Navarro, mais à passer des fictions plus jeunes et plus modernes.

Quelle sera la cible de la chaîne ?

Un public familial de ménagères, le public de tous les gens qui aiment les feuilletons.

Quel budget est prévu pour ID France 1 sur la TNT ?

Notre budget prévisionnel est de 30 millions d’euros. Nous espérons ensuite atteindre assez rapidement 1 à 1.5% de part de marché, ce qui représenterait un budget de 60 millions d’euros.

Retrouverait-on des animateurs d’IDF1 sur ID France 1 ?

A priori non, ce sont deux chaînes différentes. IDF1 va conserver son identité. Elle marche bien, donc on ne va pas déshabiller Pierre pour habiller Paul !


En janvier dernier, Caroline Got, directrice générale de TMC, a affirmé à Toutelatele.com que rien n’était encore fait pour une saison 3 des Mystères de l’amour. Qu’en-est-il vraiment ?

Il y aura une saison 3. Ce n’est pas vraiment à moi de l’annoncer, mais c’est officiel.

Par la suite, Caroline Got a déclaré vouloir « redynamiser » les histoires. Qu’en pensez-vous ?

Je pense comme elle. Quand on fait une série, on tente des expériences. Dans la première saison, nous avions fait une intrigue policière. Dans la seconde, c’était une autre expérience qui a un petit moins marché. Mais cela a quand même très bien fonctionné, car TMC commande la suite. Après, c’est un dialogue que nous avons perpétuellement. Nous sommes tous les deux conscients des réussites, mais aussi des problèmes et des choses qui marchent moins bien.

Qu’avez-vous prévu pour la troisième saison ?

La saison 3 est actuellement en écriture donc je ne peux pas vraiment vous en parler. Mais elle devrait arriver à l’antenne assez vite, car nous nous sommes dit avec Caroline qu’il fallait que peu de temps s’écoule entre la saison 2 et la saison 3 afin de garder le public que nous avons. Tous les personnages principaux seront de retour.

Vous avez produit SOS18, Navarro, Le Tuteur..., mais beaucoup de ces fictions se sont arrêtées aujourd’hui, excepté les succès Camping Paradis et Commissaire Magellan. Avez-vous d’autres projets de séries en tant que producteur pour TF1, France 2 ou France 3 ?

On vient de finir un 6x52 minutes pour France 3 qui s’appelle Jeu de Dames. C’est une comédie écrite par Bruno Dega qui met en scène quatre jeunes femmes qui ne se connaissent pas, et dont les maris ont mystérieusement disparu en mer. On y retrouve Claire Borotra, Léa Bosco, Catherine Demaiffe et Samira Lachhab. Et en cas de succès, on espère bien qu’il y aura une série. Ensuite, on travaille également sur une sitcom pour NT1 et une nouvelle série pour France Ô.

Après 400 épisodes, comptez-vous poursuivre La Baie des flamboyants ?

On travaille actuellement sur une possible suite de la série. La Baie des flamboyants a été un gros succès sur France Ô, la dernière saison a fait en moyenne quasiment 50% de part de marché sur les stations régionales et elle a doublé les parts de France Ô en access. Je pense donc qu’une suite serait logique (rires) ! En plus, c’est une série à laquelle je tiens beaucoup, car c’est la seule série de la diversité. On a eu du mal à l’imposer, car ce n’était pas facile de tourner une série dans les Antilles avec des comédiens locaux qui n’étaient pas expérimentés. Mais nous y sommes arrivés. Donc c’est une belle réussite.


On dit la fiction française fragilisée alors que les séries américaines sont plébiscitées. Quelle est la raison de ce phénomène unique en Europe selon vous ?

C’est exactement la raison pour laquelle je souhaite faire ID France 1. En France, on n’a pas assez de fictions longues « fidélisantes ». Pour vous donner un exemple, l’un des plus grands succès français, c’est Camping paradis. Et pourtant, on en fait 7 par an. C’est beaucoup, mais ça n’en fait qu’un tous les mois et demi. Les Experts, Dr House, quand ils arrivent, ils ont 24 fois 52 minutes ! Comment voulez-vous qu’on lutte au niveau de la fidélisation ?

Les chaînes avancent souvent des problèmes de budget pour justifier les commandes réduites pour les séries françaises...

Je ne pense pas que ce soit un problème de budget. Très honnêtement, nous réussissons à faire des séries qui marchent très bien avec des budgets réduits comme Les Mystères de l’amour ou La Baie des flamboyants. Je pense que c’est un problème de philosophie des chaînes. Il manque une chaîne qui donne cette chance aux fictions longues. La télévision, ce n’est pas un univers de téléfilm unitaire, ce n’est pas le cinéma. C’est un univers de fidélisation où on a des rendez-vous. Comment voulez-vous qu’avec 3 épisodes de Magellan je lutte face aux 24 de séries américaines ? Enfin, concernant Magellan, nous sommes en discussion pour en produire un de plus, c’est le souhait de la direction de France 3.

On a beaucoup parlé de Mallaury Nataf dans la presse ces derniers temps, qu’en pensez-vous ?

Ah, Mallaury... c’est Mallaury vous savez (rires) ! Je pense qu’elle a toujours été comme ça. C’est une fille que j’aime bien, pour qui j’ai de la tendresse quoi qu’elle puisse dire sur moi. Ça lui passera un jour. Quand elle avait fait La Ferme Célébrités, elle avait fait des pieds et des mains pour être dans le programme et elle s’était fait sortir au bout de deux jours, car elle faisait la poule ! C’est Mallaury, elle a besoin de coups d’éclat comme cela. Elle m’avait expliqué que ça faisait partie de sa démarche artistique.

Pourriez-vous l’engager à nouveau dans Les Mystères de l’amour ?

Si elle le veut et qu’on a un rôle pour elle, pourquoi pas ! Je n’ai rien contre elle, tout ce qu’elle a pu déclarer, ça ne m’atteint pas vraiment, car je sais que c’est quelqu’un d’assez extravagant donc elle aura toujours des coups de cœur et des coups de gueule !

Jean-Pierre Spièro est décédé le lundi 13 février dernier. Quel souvenir garderez-vous de lui ?

C’est une énorme tristesse. Jean-Pierre était notre papa, notre copain à tous. Il venait réaliser des émissions sur IDF1 depuis le début de la chaîne, comme Vous avez du talent deux fois par semaine en remontant spécialement de Cap d’Agde pour ça. Il avait une vraie passion et il a formé beaucoup de gens chez nous, dont tous nos réalisateurs actuels. Nous sommes tous très tristes. Il a travaillé pour nous jusqu’à la fin du mois de janvier. C’était un grand monsieur de la télévision. Mon seul regret, c’est que nous souhaitions faire, ensemble, un portrait de lui, mais nous n’en n’avons pas eu le temps.