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Julie de Bona (Une famille formidable) : « La mort de Sébastien est l’événement de la saison »

Claire Varin
Publié le 09/12/2013 à 20:11 Mis à jour le 15/12/2013 à 13:01

A la télévision, Julie de Bona oscille entre deux familles : Une famille formidable sur TF1 et La smala s’en mêle sur France 2. A l’occasion de la diffusion de la nouvelle saison des aventures de la famille Beaumont, Toutelatele a rencontré l’actrice. Le temps d’évoquer ces séries mais aussi de parler d’elle, de ses projets et de ses envies.

Claire Varin : Après une saison d’absence, votre retour dans Une famille formidable se fait autour d’un drame...

Julie de Bona  : La mort de Sébastien est l’événement de la saison. Christine revient de Thaïlande et elle va rester dans la saison prochaine puisque nous l’avons tournée. Nicolas m’aide à traverser la crise. C’est l’ami de Sébastien, c’est mon ami et on se rapproche. De l’amour naît entre nous...

Étiez-vous surprise par ces rebondissements ?

Sébastien est une tête brûlée depuis assez longtemps. Il a un destin un peu tragique ; c’était bien de pousser l’histoire jusqu’au bout. Ça fait vingt ans que Tristan Calvez est dans la série donc c’est aussi chouette d’avoir des choses comme ça à jouer. Après, c’est triste parce qu’on ne l’a plus avec nous. Mais ça amène une vraie tension dramatique. La scène de la révélation de la mort où Christine ouvre la porte est très belle ; c’est une mort artistique. C’est une histoire de scénaristes : on ne sait jamais où ils vont emmener nos personnages.

Comment décririez-vous ce personnage de Christine ?

C’est une femme seule, un peu perdue et sans famille, un électron libre. Pour moi, c’est un peu une tragédienne orpheline, qui s’attache à une tribu qui n’est pas la sienne. Elle est très proche de Reine, pourtant ce n’est pas sa mère et son fils n’est pas son fils. Cette fille est seule, moins intégrée que les autres. Et Nicolas lui ouvre une porte...

Comment imaginez-vous l’évolution de votre personnage ?

Je n’ai pas un grand rôle dans Une famille formidable, donc je fais mon travail d’actrice. Ce travail autour du personnage, je le fais vraiment dans La smala s’en mêle. On a une super productrice, Laurence Bachman, qui fait des réunions et des dîners avec tout le monde. On exprime nos envies, ce que l’on aime ou pas. On insuffle une énergie aux auteurs. Là, on communique. Et je pense que j’ai plus ma place pour exprimer des choses pour La Smala que pour Une famille formidable. Mais Joel Santoni (réalisateur et scénariste, ndlr) m’a toujours offert de belles choses à jouer, je n’ai pas à me plaindre.

« Christine est un peu une tragédienne orpheline, qui s’attache à une tribu qui n’est pas la sienne »

Que réserve Wanda dans les prochains épisodes de La smala s’en mêle ?

On vient de tourner deux épisodes. Wanda va évoluer. Le personnage de Michèle va hériter d’une boîte de nuit par sa mère. Wanda va tout faire pour ouvrir et tenir cette boîte de nuit. Elle va mûrir et sera moins dans l’hystérie. Je suis très attachée à ce personnage. J’aime son côté fille de la rue.

Vous avez tourné un téléfilm pour France 3, La vallée des mensonges. Que pouvez-vous en dire ?

C’est un premier rôle dans une fiction mêlant thriller et drame psychologique. C’est l’histoire d’une jeune femme qui n’arrive pas à construire sa vie à Paris et qui revient dans sa maison d’enfance. Elle décide d’en faire une maison d’hôte, mais il y a plein de meurtres autour d’elle. Et il y a un secret sur sa naissance... Jusqu’à présent, j’ai fait beaucoup de comédies que ce soit au théâtre, au cinéma ou à la télévision. J’avais très peur de me frotter au drame, mais je me suis beaucoup amusée.

La scène vous manque-t-elle ?

Le théâtre me manque énormément. J’ai un projet et j’espère vraiment qu’il pourra se concrétiser. Ces derniers temps, j’ai fait plusieurs lectures pour trouver la bonne pièce. La dernière était avec Michel Bouquet [Le Malade imaginaire, ndlr.] alors j’ai du mal à remonter sur scène si ce n’est pas une pièce qui me passionne. C’est horrible à dire, mais c’était tellement bien. Michel Bouquet est ma grande rencontre artistique. J’avais une formation classique, après j’ai fait du café théâtre et pris des cours d’Actor studio, mais je n’avais pas saisi ce qu’était l’essence de l’acteur. Avant de le rencontrer je me sentais usurpatrice, pas actrice. Jouer avec lui tous les soirs et avoir son retour direct, c’était merveilleux. Michel Bouquet est très généreux. Le jour où tu as bien joué, il te le dit.

Partie 2 > De La vie devant nous à Sœur Thérèse, ses souvenirs d’actrice


Comment est venue cette envie d’être actrice ?

C’est venu petit à petit. À 15 ans, j’ai eu envie de prendre des cours de théâtre. À 16 ans, un metteur en scène est venu me voir à Montpellier pour me faire jouer dans des opérettes. J’avais trois phrases à dire, j’étais contente. Puis, il y a eu une tournée et j’ai aimé cette ambiance. Après, j’ai fait le Conservatoire de Montpellier tout en continuant ma fac de biochimie. À 18 ans, je jouais des pièces de café-théâtre dans un petit théâtre au milieu des vignes. J’avais toujours à la fac à côté, alors mes journées n’en finissaient plus. Et c’est ma mère qui m’a dit qu’il fallait faire un choix parce que j’étais en train d’y laisser ma santé. Elle avait bien compris que ça me démangeait, mais que je ne m’autorisais pas à le faire. Elle m’a dit « Prend une année sabbatique et va à Paris. Si ça ne marche pas, tu reviens ». Et je ne suis jamais redescendue. J’ai vite décroché un petit rôle dans la série La vie devant nous. Ça m’a permis de vivre quelques mois. Puis, il y a eu la pièce État critique [avec Gérard Jugnot, ndlr.] et ses 270 représentations.

Quel souvenir gardez-vous de La vie devant nous ?

J’avais dix-neuf ans, j’étais encore ado. Deux ans avant, je regardais encore Hartley cœur à vif et j’avais envie de faire ce genre de série. Après quand on grandit, l’envie passe. Mais, à cette époque, je trouvais ça cool.

Vous avez également joué dans Sœur Thérèse.com

J’ai adoré jouer une bonne sœur. Je suis passée de la bonne sœur à la prostituée (dans La smala s’en mèle, ndlr) ; j’ai fait le grand écart. [Rires.] J’avais rencontré Martin Lamotte grâce à Gérard Jugnot. Il m’a proposé un rôle parce que Marie Denarnaud quittait la série. J’ai beaucoup aimé tourner avec Dominique Lavanant. Au final, j’ai été beaucoup formée au café-théâtre et avec les gens du Splendid. Dominique a un vrai sens du rythme. Et comme Josiane Balasko, elle peut changer le texte deux minutes avant la scène. Je me souviens que Balasko avait changé un tiers de mon texte le matin-même de la première [Dernier rappel, ndlr.]. Ça procure un mélange de peur et d’excitation, j’adore ça.

« J’ai été beaucoup formée au café-théâtre et avec les gens du Splendid »

Cette année, on vous a vu au cinéma dans Né quelque part...

Mohamed Hamidi est quelqu’un de très engagé et il a écrit un très beau film. C’est super de travailler avec lui. Le thème des origines est un sujet qui me parle. On est tous Français, quelles que soient nos origines. C’est l’histoire de ce pays. J’ai des origines vietnamiennes et italiennes. On n’en parle pas, mais on a vécu la même chose avec la guerre d’Indochine. Il y a eu autant de souffrance d’identité, mais ça a été vécu d’une manière différente et à une époque différente. Je me sentais très concernée.

Cette question des origines a-t-elle été problématique dans votre construction ?

Ma grand-mère est Vietnamienne et elle est arrivée en France après la Seconde Guerre mondiale. Elle est venue avec toute sa culture : la pudeur des sentiments et des émotions. C’est très dur l’éducation à l’asiatique. Ce manque de chaleur humaine m’a fait mal dans mon évolution. J’appelais ma mère « le vaisseau de l’angoisse ». [Rires.] Et mon père est italien, alors c’était vraiment le choc des cultures. Et moi, là-dedans, j’ai eu envie de faire du théâtre. Maintenant, je peux en parler parce que j’ai réglé mes comptes avec ma mère, qui a fait beaucoup de progrès. Elle est beaucoup plus ouverte et chaleureuse. Ma sœur fait également un métier artistique, elle est dessinatrice.

Vous avez écrit un scénario avec Émilie Alibert. Où en est ce projet ?

Il s’agit d’un road-movie sur le poids de l’éducation trigénérationnelle. C’est ma grand-mère asiatique, ma mère et moi dans une voiture. J’ai donné le scénario à Hervé Brami, réalisateur de La crèche des hommes, pour avoir un œil neuf. Et j’ai écrit un autre scénario sur le parcours d’une femme qui est coincée par les codes sociaux. Elle va se marier, mais elle sent une pression sociale très forte. Elle va faire une rencontre et de cette rencontre, elle va exploser et se découvrir monstrueuse. On est entre le film sociétal et le fantastique. On devrait le tourner cet hiver avec Laurent Dussaux à la réalisation. Ce sera un petit film « à l’arrache », mais il faut le faire. Le titre provisoire est Lilith, qui est le nom de la première femme vampire. Mais le personnage ne sera jamais vampire. Le sujet est vraiment sur comment devient-on monstrueuse aux yeux de la société ? Il y a une telle pression sur les femmes dans notre société. Je ressens ce besoin de m’exprimer aussi à travers l’écriture.