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La Légende des trois Clefs > Thierry Neuvic revient sur l’aventure

Emilie Lopez
Publié le 02/01/2008 à 00:06 Mis à jour le 31/03/2011 à 18:11

Actuellement à l’affiche dans La Légende des trois Clefs, la mini-série des fins d’année de M6, Thierry Neuvic a accepté de répondre aux questions de Toutelatele.com. Sans langue de bois, et en toute sincérité, l’homme à la voix de velours revient sur son personnage de Mathieu, mais également sur sa carrière, qui alterne entre télévision et cinéma. Habitué des seconds rôles, l’acteur livre son constat sur le difficile métier d’acteur en France...

Emilie Lopez : Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’aventure de La légende des trois Clefs ?

Thierry Neuvic  : La productrice a organisé un déjeuner avec Patrick Dewolf (le réalisateur, ndlr). On s’est tout de suite entendus comme larrons en foire devant notre steak (rires). Il m’a alors parlé d’un scénario pas tout à fait abouti et m’a proposé de participer à l’écriture pour approfondir les personnages. C’est sur cette entente et ce petit défi que je suis parti avec lui dans cette aventure.

Emilie Lopez : Dans quelle mesure avez-vous collaboré à l’écriture du scénario ?

Thierry Neuvic  : J’ai surtout re-dialogué ma partie. Nous avons fait des réunions avec Julie Gayet (qui interprète Béatrice, ndlr) et Julie Debona (Vanessa) pour peaufiner les situations. Bien que le temps nous était compté, nous avons donc essayé de le faire en s’amusant. C’était surtout ce défi-là qui m’a motivé. L’écriture est quelque chose qui m’attire, que je fais, et que j’ai toujours fait. Mais je suis assez pudique avec ça. Je préfère participer avec d’autres plutôt que me lancer tout seul. Je ne suis pas encore très libéré.

Emilie Lopez : Auriez-vous accepté le rôle de Mathieu si vous n’aviez pas eu la possibilité de participer au scénario ?

Thierry Neuvic  : Avant la réécriture, il était un peu fade. Il n’avait pas vraiment d’épaisseur ni d’intériorité. Si nous n’avions pas travaillé ensemble là dessus, je ne pense pas que je l’aurais fait !

Emilie Lopez : Qu’avez-vous apporté au rôle ?

Thierry Neuvic  : A l’origine, c’était un personnage un peu plus coloré, branché, avec les cheveux en pétard et la chemise à fleurs ! (rires) J’ai essayé de le rendre un peu plus bougon et plus riche intérieurement, voire mystérieux. Je voulais qu’il ait une histoire et qu’il ne soit pas juste une présence « héroïque » dans le vide.

Emilie Lopez : Etes-vous à l’origine de la « dépendance » de Mathieu au réglisse ?

Thierry Neuvic  : Non ! (rires) Là, je n’ai pas eu gain de cause. J’ai déjà réussi à l’abîmer un peu. Je voulais qu’il essaye d’arrêter de fumer et qu’il ait toujours une clope au bec. Mais ça ne passait pas trop, donc on est parti sur des bonbons. C’est aussi bête que ça ! (rires)


Emilie Lopez : Le premier épisode a rencontré un certains succès auprès des moins de 35 ans. D’après vous, quel est le « plus » de La Légende des Trois Clés ?

Thierry Neuvic  : Je l’ai regardé à nouveau lors de la diffusion, et je zappais pour essayer de comparer avec ce qui se fait en ce moment, notamment Le Réveillon des Bonnes sur France 3. Je trouvais ce téléfilm intéressant visuellement, j’aimais bien la façon de filmer, et quand j’alternais de l’un à l’autre, je me suis rendu compte que sur les Trois Clés, il y a un truc qui fonctionne, une émotion qui traîne. On suit facilement les personnages, on a envie de savoir, de comprendre, même si bien sûr, ce n’est pas un chef d’œuvre ! De toutes façons, nous n’avions pas cette prétention...

Emilie Lopez : Travailler avec trois enfants débutants a t-il été source de difficultés ?

Thierry Neuvic  : Lorsque l’on tourne avec des enfants, c’est toujours tout ou rien, ça peut être la catastrophe comme ça peut fonctionner parfaitement. Pour La légende des Trois Clefs, il y avait une vraie entente entre ces trois mômes. Ils étaient toujours ensemble à jouer, et quand il s’agissait de tourner, ils étaient très concentrés et demandeurs de conseils. Leur complicité a été un atout.

Emilie Lopez : Difficile de ne pas sentir la patte Harry Potter, particulièrement dans l’affiche de présentation. N’avez-vous pas peur de tomber dans ce grand défaut français de vouloir absolument copier les grands succès américains ?

Thierry Neuvic  : C’est vrai qu’il y a eu des cas flagrants avec L’hôpital de TF1, qui était un véritable copier-coller de la série Grey’s Anatomy ! Mais pour ce qui est de La Légende des trois clés, il y avait peut être plusieurs façons de traiter le sujet, mais compte tenu de l’urgence dans laquelle nous nous trouvions, je pense que ça reste efficace et plaisant. C’était, selon moi, une des seules voies à emprunter, du moins au niveau de la forme, de se référer à un truc dont on a la certitude qu’il fonctionne. Après on emmène nos ingrédients « franchouillards » (rires). Et tant mieux si ça se rapproche mais ce n’est évidemment pas à la hauteur de Harry Potter...

Emilie Lopez : Vous insistez beaucoup sur l’urgence dans laquelle vous avez dû travailler. En combien de temps le projet a-t-il été monté ?

Thierry Neuvic  : Le tournage a duré trois mois. Pour ce qui est de l’écriture, quand on a commencé à tourner, le scénario n’était pas entièrement terminé. Si on veut trop partir en profondeur sur certains trucs, ça a le risque d’être bancal et foireux. Nous avons essayé d’être efficaces, et de donner du plaisir à celui qui va le regarder. Nous ne sommes donc pas partis dans des chemins trop compliqués.

Emilie Lopez : On vous a vu récemment dans Autopsy, où vous interprétiez un médecin légiste homosexuel. Comment avez-vous appréhendé ce rôle ?

Thierry Neuvic  : J’avais déjà eu affaire à ce registre de personnages, puisqu’au théâtre j’ai joué un prêtre homosexuel et dans Clara Sheller j’étais un homme qui passait de l’un à l’autre. Ce n’était donc pas totalement nouveau pour moi. Évidemment, quand ce n’est pas votre élément premier, il y a toujours une petite appréhension, mais j’avais suffisamment confiance dans le metteur en scène et le scénario.


Emilie Lopez : Vous avez beaucoup joué pour la télévision, notamment dans Clara Sheller, Le Miroir de l’Eau, Autopsy, et maintenant La Légende des Trois Clefs. N’avez-vous pas peur que l’on vous voit comme un acteur de téléfilm ?

Thierry Neuvic  : On me parle assez souvent de ça. Je trouve ce discours un peu idiot, et pour le coup bien français ! J’essaye de ne pas trop y penser, sinon je ne m’en sortirais plus. Mais c’est vrai que si on fait beaucoup de télé, on est estampillé “télé“, et je trouve cela absurde.

Emilie Lopez : C’est également un peu le cas outre-Atlantique. Certains acteurs de Friends ont beaucoup de difficulté pour percer au cinéma...

Thierry Neuvic  : En général, là-bas, le passage y est beaucoup plus facile, et il y a énormément d’acteurs de cinéma très célèbres qui ont commencé dans des séries américaines, que ce soit les Clooney, les Depp, et plein d’autres. Brad Pitt a commencé dans Dallas et ça n’a jamais posé de problème à personne ! Et encore en France, Clovis Cornillac a commencé dans une série de France 2, Brigade de Nuits, et il y était récurrent. Des contre-exemples, il y en a plein. Après, c’est à soi de ne pas se laisser enfermer dans un confort. J’ai rencontré des acteurs de séries qui se plaignaient de leur situation, mais en même temps ils ne cherchaient pas à faire autre chose. Après il faut savoir ce qu’on veut, tant que les rôles sont intéressants, que le projet l’est aussi, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas sous prétexte que c’est de la télévision.

Emilie Lopez : En tant qu’acteur, n’y a t-il pas une difficulté supplémentaire à accepter autant de rôles dans des téléfilms ?

Thierry Neuvic  : Peut-être, mais qu’est-ce que je peux y faire ? Je ne vais pas me priver d’avoir des rôles intéressants de peur de ce qu’on pourrait dire de moi. Et pour attendre quoi ? Il n’y a pas d’assurance vie dans ce métier...

Emilie Lopez : Vous avez tourné avec des grands noms du cinéma, et notamment des femmes, telles que Anne Parillaud et Mathilde Seigner dans Tout pour plaire. Cela vous a-t-il impressionné ?

Thierry Neuvic  : Pour être sincère, je suis en train de faire un long métrage avec Sophie Marceau et Monica Bellucci, ça fait deux de plus ! Dans l’absolu, ce n’est pas le statut qui m’impressionne. J’ai parfois été très marqué par des actrices que personne ne connaît, simplement je les trouvais extraordinaires.

Emilie Lopez : Il y a-t-il un rôle que vous rêveriez d’interpréter aujourd’hui ?

Thierry Neuvic  : Le problème c’est qu’il y en a plein ! (rires) Des rêves, j’en ai un peu trop ! Je ne peux pas m’arrêter sur un en particulier. Dès que je lis un roman, et qu’il y a un personnage qui me plait, c’est celui-là qui me fait rêver. Ensuite, je lis un autre livre, et je me trouve un nouveau coup de coeur... Ca évolue en permanence. Tout ce qui est inconnu m’intéresse et ça me laisse un large choix.