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Le FIFO : un festival en quête de reconnaissance

Joseph Agostini
Publié le 01/02/2007 à 00:00 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Le CNC (Centre national du cinéma), RFO (Radio France Outre Mer) et le CFI (Canal France International) s’allient pour la quatrième année consécutive, pour proposer, dans la ville de Papeete, le FIFO. Ce Festival du Film Documentaire Océanien vise à promouvoir les œuvres documentaires de la zone Pacifique. 39 documentaires sont actuellement projetés, dont 18 sont en lice pour obtenir le grand prix du jury présidé par la femme de radio, de télévision et de littérature, Laure Adler.

« Si on ne produit pas nous-mêmes, on ne sera jamais visible et éternellement consommateur des images des autres » résume Wallès Kotra, directeur délégué de France Ô, la chaîne du câble et du satellite de RFO, aujourd’hui en passe de faire partie de la TNT. Wallès Kotra a été l’instigateur de ce Festival, qu’il porte à bout de bras depuis son année de création. A coup sûr, son initiative relève de l’acte militant : « Jusqu’à présent, le secteur audiovisuel n’était pas considéré comme un secteur stratégique en Polynésie. Les jeunes documentaristes ne bénéficiaient d’aucun soutien. Les lauréats du Festival voient leurs films projetés par le CNC et rachetés par des chaînes de télévision. C’est pour eux un tremplin formidable, en attendant un véritable fonds d’aide à la production locale ». Car, bien au-delà de l’initiative proprement artistique, ce Festival permet de donner au regard océanien sur le monde une dimension à sa juste valeur, avec des ateliers d’écriture de scénarios et de réflexions autour des métiers de l’image.

« Des grandes questions politiques aux enjeux historiques, de la tournée du Général de Gaulle dans notre région à l’itinéraire d’un laveur de vitres en Nouvelle Zélande, nous voulons offrir au public toute la diversité possible ». De nombreux documentaires en compétition invitent en effet le public à connaître la réalité des peuples du Pacifique. Des Rapa Nui aux Maoris en passant par l’injustice criante dont sont victimes les papous en Indonésie, ils donnent ainsi à voir toute la richesse culturelle de ceux qui sont encore parfois vus comme de « bons sauvages » par les Occidentaux. C’est donc encore et toujours de lutte pour la reconnaissance dont il est question, à l’heure où les racismes sont encore monnaies courantes, souvent même alimentés par nos institutions politiques.

Hervé Bourges, dont on connaît la passion et l’engagement pour l’Afrique, a été le Président du FIFO trois années consécutives. « Il nous fallait un personnage comme lui, d’envergure nationale et internationale, pour donner une impulsion à un Festival, certes français, mais qui se passe à 20 000 kilomètres de Paris », explique Wallès Kotra. Cette année, Laure Adler a pris le relais, avec un jury de prestige, comprenant notamment Stéphane Martin, le Directeur du Musée des arts premiers du Quai Branly ou encore Emmanuel Priou, producteur à qui l’on doit, entre autres, La Marche de l’empereur.

Walles Kotra espère faire toujours mieux découvrir aux Européens les mille trésors des peuples du Pacifique. « France Ô doit relever un défi au sein de France Télévisions : traduire le bouillonnement créatif de cette région du monde à travers des reportages toujours plus nombreux. Il s’agit de lutter contre l’uniformisation des programmes de télévision, un objectif très difficile, mais, à en juger le succès de certains documentaires, le public est avec nous ». Cette quatrième édition du FIFO s’inscrit plus que jamais dans cette perspective.