Toutelatele

Les Animatueurs ou le miroir aux alouettes

Alexandre Raveleau
Publié le 15/03/2008 à 13:02 Mis à jour le 22/08/2008 à 12:26

Voici plus d’un mois que Michel Malausséna a lancé son pavé dans le PAF. Depuis le 7 février dernier, jour où l’auteur « est définitivement mort pour la télévision », les portraits au vitriol des « Animatueurs » Stéphane Collaro, Mireille Dumas et Thierry Ardisson sont en libre service dans toutes les librairies. Un carton qui a déjà connu un deuxième tirage en imprimerie.

Michel Malausséna est entré à la télévision en 1980. Pendant plus de 25 ans, il a connu un parcours que beaucoup ont jugé quasi sans faute. Du simple rôle d’assistant de Stéphane Collaro (Collaro Show), jusqu’à celui de producteur pour Nagui (l’Appel de la couette) ou Karl Zéro (60 jours, 60 nuits et le Vrai journal), « Malo » - comme le surnommait Thierry Ardisson - a côtoyé au plus près tous les « intouchables » de la télévision. Son livre apparaît aujourd’hui comme libérateur de toutes les pressions et non-dits accumulés, voire « un petit manuel de vie pour ceux qui rêvent de faire ce métier. Ils doivent savoir qu’ils n’ont que deux choix possibles : « accepte tout ou barre-toi ». Tout un programme.

Dans le petit monde de Michel Malausséna, personne n’est épargné. Ou presque. Christophe Dechavanne, dont il avoue n’avoir « aucun souvenir », et Karl Zéro s’en tirent plutôt très bien par comparaison aux Stéphane Collaro - « un admirable branleur professionnel ! » -, Mireille Dumas et Thierry Ardisson. Ces derniers, en plus d’un ego sans faille, n’auraient pour ainsi dire que pour seule obsession les marges bénéficiaires grandissantes. Et quid du contenu de leurs émissions ? Pas un intérêt majeur, comme en témoigne le chapitre consacré à la création de Salut les Terriens !

Tout juste engagé par Canal +, l’homme en noir retrouve son Malo pour créer une émission « qui adoptera le point de vue de Sirius, le regard du héros des Lettres persanes, le « regard éloigné » dont parle Claude Lévi-Strauss... ». De ce concept spatial et original, il ne restera que le titre évocateur pour ne traiter, finalement, que de l’actu. Et surtout une facture salée pour la chaîne « Cent quatre-vingt-dix mille euros et des brouettes par émission. « Vingt pour cent pour lui... ». Et 10 000 euros pour Malo quand même.

Tout au long des Animatueurs, le lecteur découvre ainsi la face cachée des paillettes : de l’importance de son image pour Mireille Dumas, jusqu’au coulisses des tournages de Bains de Minuit et autres Collaro Show. Si l’auteur ne cache rien des travers de la télévision, il n’épargne surtout pas la simple vie quotidienne de ses acteurs, le véritable cœur de l’ouvrage. Au gré des pages, on se plait à apprendre que Thierry Ardisson adore les brochettes du japonais du coin, à découvrir également une Catherine Barma « sans complexe » et même un surprenant Nagui obsédé par la décoration de ses bureaux. En flirtant continuellement avec un certain voyeurisme, l’auteur ne livre au final que de simples amuses bouches, bien loin des coucheries légendaires ou trahisons funèbres habituelles.

Si Michel Malausséna dresse un tableau quasi avilissant de son quotidien, son récit transpire surtout d’une certaine empathie envers toutes ces figures emblématiques, et hautement jalousées, du petit écran. Il semble en tout cas bien décidé à tirer un trait définitif sur sa carrière de producteur, mais surtout pas sur celle d’auteur.