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Lost : la série prend définitivement le large sur TF1

Aurélie Demarcy
Publié le 23/06/2010 à 12:25

Le 25 juin 2005, alors que les rescapés de Koh-Lanta s’initiaient aux lois de la survie en milieu hostile, ceux de Lost : Les disparus débarquaient sur les écrans de TF1. Ce naufrage cathodique, sorti tout droit de l’imaginaire de JJ Abrams (Felicity, Alias, Fringe...), Damon Lindelof et Jeffrey Lieber, allait créer l’événement.

Réalisée en 2004, l’intrigue de la saga, voire ses différents niveaux de lecture, apparaît comme un ovni révolutionnaire dans l’histoire des séries télévisées. Débutant sur le crash d’un avion, celui du vol 815 de la compagnie Oceanic, l’épopée s’ouvre sur le sort de 48 miraculés, échoués sur une plage paradisiaque où ces derniers sont condamnés à cohabiter. Fil conducteur et originel du récit, le thème de la survie va être prétexte à la mise en place d’autres trames, dont les différents profils des personnages servis à coup de flashbacks, flashforwards et flashsideways. Ces techniques, permettant d’effectuer des retours dans le passé, des projections dans le futur ou d’insinuer la présence d’une réalité alternative dans le présent, confèrent à la fiction la possibilité d’insuffler une épaisseur à des personnages recélant de mystères. Une construction temporelle morcelée, prompte à fasciner le téléspectateur, par ailleurs, immergé dans un univers empreint d’événements fantastiques.

Cette dynamique narrative parvient alors à s’imposer dans l’hexagone, après avoir fait ses preuves outre-Atlantique. Aussi, dès sa première diffusion, Lost fédère et les trois premiers épisodes sont suivis par près de 7 millions de téléspectateurs en prime time, tandis que les parts de marché s’envolent sur les cibles convoitées, les plus addicts à la saga étant les femmes de moins de 50 ans (jusqu’à 62% de part de marché) et les 15/34 ans (jusqu’à 57.3%). Face à cet engouement, la chaîne privée ne manque pas de souligner le caractère « exceptionnel » de ces chiffres.

Exceptionnels, les coûts de production le sont aussi. Car si le succès est au rendez-vous, force est de constater que les moyens engendrés n’y sont pas étrangers. Ainsi, pour exemple au moment de sa production, le double épisode-pilote aura été le plus cher de l’histoire de la télévision. En effet, le budget fixé à 11.5 millions de dollars s’avère des plus mirobolants, comparé au coût moyen d’un épisode pilote, alors estimé à 4 millions de dollars.

Reste que les aventures de Jack, Kate ou encore Charlie s’introduisent volontiers dans les foyers, tout en repoussant les frontières du secteur télévisuel. De fait, Lost, loin de se satisfaire du seul titre de série, provoque un véritable raz de marée sur la toile, et nombre de blogs ou autres sites internet font leur apparition pour la plus grande satisfaction des « Losties », inconditionnels de la première heure, qui se plaisent à débattre sur la fiction et ses multiples interprétations.

Or, ce qui au départ apparaissait comme l’action d’éclat des auteurs semble devenir hermétique aux yeux des téléspectateurs, témoignant d’une lassitude face aux innombrables révélations appelant d’autres questionnements, sur des situations en mouvement perpétuel. Trop d’événements, tuerait-il l’événement ?


Toujours est-il qu’au terme de la seconde saison, TF1, après avoir offert sa case du samedi aux Robinson Crusoé, les prie de rejoindre celle du lundi, sans pour autant changer l’horaire de diffusion. Et bien que la saga puisse toujours compter sur son lot de fidèles, celle-ci alimentera rapidement les secondes parties de soirées avant de voir une partie de la sixième saison reléguée en troisième partie de soirée, à l’instar d’Heroes. En effet, programmés le 5 mai dernier, les deux premiers épisodes de l’ultime saison inédite tiennent en haleine 1.6 million de fans, soit 18.6% du public. Une contre-performance d’autant plus que près de 800 000 fidèles abandonnent en cours de route. Si une semaine plus tard, un souffle donne un nouvel espoir (2.2 millions et 22.4%), le mardi suivant, il retombe d’emblée (1.5 million et 21.2%).

Trop c’est trop ! Dès le 26 mai, TF1 décide d’expédier sa série avec la diffusion de trois épisodes. Les téléspectateurs n’adhèrent pas du tout et l’audience s’effondre avec 10.9% de part de marché pour l’épisode diffusé à 23 heures, et un petit million d’inconditionnels pour les deux suivants. Ces chiffres font alors bondir TF1, peu enclin à laisser quelques bouées de secours aux héros, qui préfère reléguer la série, à minuit, en 3e partie de soirée. Avec cette nouvelle programmation, Lost obtient des scores satisfaisants, voire supérieurs aux précédents (1.2 million de fidèles en moyenne et 25.2% de part de marché). Pour cet épisode final du 23 juin, la série achèvera donc sa course après minuit. TF1 laissant alors les mystères de l’île entre les mains des noctambules.

Mais face à ce désamour apparent et généralisé sur les écrans, le dernier volet de la saga peut, sans conteste, se targuer d’un succès inchangé sur la toile. Aussi selon les sources de Torrentfreak.com, les deux derniers épisodes du feuilleton auraient atteint un million de téléchargements illégaux à travers le monde en seulement 24 heures. À noter que d’ordinaire un épisode de la série totalise 1.5 million de téléchargements en une semaine.

Une effervescence que le dénouement du drama n’a pas apaisée. Car si l’œuvre de JJ Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber aura réussi à tenir en haleine les fidèles, nombreux sont ceux qui s’indignent d’une fin bâclée, où certains mystères restent non élucidés. Une polémique, qui pour l’autre partie des « Losties », estimant ce final en parfaite cohérence avec l’esprit de la série, n’a pas lieu d’être. Un débat que la sortie de cette saison en DVD, prévue pour août, devrait apaiser, puisque les producteurs et réalisateurs annoncent un ultime épisode rallongé de 20 minutes, et révélateur de certains mystères restés en suspend. Une stratégie marketing laissant entendre que Lost n’a pas fini d’alimenter les discussions, via le net...