Toutelatele

Marianne James

Ariane Grassi
Publié le 22/02/2006 à 00:40 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:53

Sans son jury passionné, truculent et rebelle, Nouvelle Star ne serait qu’un classique télécrochet. Pour la troisième, et semble-t-il dernière année, Marianne James a parcouru la France à la recherche de la future idole des Français. Une expérience haute en couleur qui promet quelques beaux moments de télévision...

Ariane Grassi : M6 diffuse, à partir de ce soir, les castings de Nouvelle Star. Que diriez-vous pour donner envie aux téléspectateurs de vous suivre dans cette aventure ?

Marianne James : Cette année, il y aura non pas quatre mais cinq émissions sur les castings, avec un montage tout à fait judicieux, drôle et assez féroce sur le thème « Comment passer de 25 000 inscrits à 14 candidats ». Ils ont fait un entrelacs du jeu et de ce qu’habituellement on ne voit pas, le making of. En fin de compte, c’est l’histoire de tous ceux qui participent à l’émission, les équipes techniques, la production, les pré-casteurs, et bien sûr le jury, les quatre insupportables, plus le cinquième, Benjamin Castaldi. Il fait vraiment partie de l’aventure, on forme un genre de club des cinq !

Ariane Grassi : Pourquoi un tel changement ?

Marianne James : L’aventure hors caméra nous semblait aussi palpitante que les auditions.Une fois dans le couloir, les candidats ont des réactions vraiment étonnantes. Et Benjamin ne fait pas qu’ouvrir des portes ! Il connaît les candidats, leurs galères. Alors que pour nous, c’est juste un numéro, le 12548 qui s’appelle Cynthia, Cindy ou Kevin ! Donc, il n’hésite pas à nous engueuler s’il n’est pas d’accord avec nous ! Et évidemment, on riposte : « Depuis quand tu es jury ? ». Pour avoir vu les documentaires, je peux vous dire qu’ils sont croquignolets. Même si pour en arriver là, il a fallu s’habituer à être suivis en permanence par une caméra. On s’est loftisé !

Ariane Grassi : L’émission connaîtra-t-elle, cette année encore, son lot de casseroles ?

Marianne James : Evidemment ! Ces candidats-là, peu importe les conséquences, ils y vont. Malheureusement, si 10% d’entre-eux viennent pour s’amuser, 90% ont l’espoir que ça va changer leur vie... On a aussi des gens qui viennent faire des numéros, comme cette fille qui s’est clairement présentée en disant : « Je ne sais pas très bien chanter, mais je suis championne de hoola-hoop » !

Ariane Grassi : On reproche souvent au jury sa cruauté...

Marianne James : Pendant le casting, je me suis retrouvée moi-même à auditionner dans une maison de disques, debout avec une guitare mal accordée face à trois personnes assises. Ca vous rappelle quelque chose ? Je sais ce que vivent les candidats, et je peux vous dire que je suis vraiment à l’affût. Et je n’hésite pas à me mettre en colère contre certaines filles talentueuses qui montrent leur culotte. Forcément, on les a fait venir, mais pas pour les bonnes raisons. En dehors de quelques filles dans la production, l’équipe est essentiellement masculine, et l’univers de la route est assez macho. Je voudrais leur faire comprendre que pour être respectées, elles doivent se respecter et que ce n’est pas en réveillant les bas instincts de mes copains qu’elles vont y arriver !


Ariane Grassi : Comment définiriez-vous votre rôle au sein du jury ?

Marianne James : Je trouve que le rôle qui me correspond le plus est celui de « maman », un mélange de sévérité, de moralité et de bons sentiments ! Très ménagère de moins de 50 ans ! Je rappelle souvent les trois autres à l’ordre : tiens-toi droit, enlève tes lunettes de soleil, sois aimable... Comme s’ils étaient les seuls à être fatigués ! Généralement ils m’envoient promener à la fin de la journée en me disant texto « c’est bon, t’es pas ma mère », mais je recommence le lendemain !

Ariane Grassi : Vos larmes ont marqué les éditions précédentes, qu’en est-il de cette année ?

Marianne James : Une candidate de Rennes, Dominique, nous a interprété du Withney Houston, je me serais crue dans une église baptiste ! Je voulais me retenir de pleurer pour ne pas parasiter sa prestation qui était magnifique, mais j’ai craqué après le premier refrain ! C’est d’ailleurs une des rares à avoir interprété sa chanson en entier, tellement c’était beau.

Ariane Grassi : L’organisation des primes sera-t-elle différente en 2006 ?

Marianne James : Comme l’émission est en constante progression d’audience, les autres jurés et moi avons négocié cinq points avec la maison mère anglaise, qui a lancé le programme original Pop Idol. Premier point, on a fait sauter le système des trios pour la première émission. Ils chantent à 14, le public vote pour les 14. Deuxième point, le jury en repêche un, c’est nous qui allons chercher le dixième finaliste. On ne veut pas voir, comme l’année dernière avec Gérôme, notre chouchou nous échapper. Troisième point, nous avions été déçus en 2005 par les choix musicaux, donc cette année les chansons seront attribuées par un véritable programmateur musical, pour mieux coller au style des interprètes et nous proposer d’autres tubes que ceux que l’on entend partout ! Quatrième point, le jury devait rester identique. Et cinquième point, qu’on soit augmenté !

Ariane Grassi : Quel regard portez-vous sur la carrière des chanteurs issus de Nouvelle Star ?

Marianne James : Steve Estatof est un vrai artiste. C’est un rocker, il a ça dans la peau. Certes, il ne plaît pas aux midinettes, et le public amateur de rock lui a tourné le dos, parce qu’il sortait de télé réalité. Mais il faut arrêter de dire que le public a toujours raison ! Regardez Amel, elle a été éliminée en demi-finale alors qu’elle avait la plus belle voix ! Si son album marche, c’est parce qu’il est profondément elle. Je ne suis pas sûre que ce soit le cas pour les autres. On les oblige à faire un album en quatre mois, avec douze chansons qu’ils connaissent à peine. Pierrick, Myriam, ils sortent de l’émission, il faudrait que l’album soit déjà fait ! Elle ne vient pas de Nouvelle Star, mais j’aime beaucoup l’album de Nolwenn. Elle a pris le temps. C’est ce qui se passe pour Thierry Amiel. Il s’est fait oublier pendant trois ans, mais revient bientôt avec un deuxième album qui est, paraît-il, époustouflant.


Ariane Grassi : Vous êtes également sur scène avec Le Caprice de Marianne, votre public et celui de Nouvelle Star est-il le même ?

Marianne James : Ceux qui se retrouvent en moi, surtout dans mes coups de gueule, viennent me voir sur scène. Comme quoi, à la télévision, même si c’est réducteur ou manichéen, il reste quelque chose qui, humainement, accroche les gens. Ils viennent parce qu’ils m’aiment bien, même s’ils ne savent pas si je vais les faire rire ou pleurer. Il y a aussi ceux qui me suivent depuis L’Ultima Récital. Ca fait quand même douze ans que je fais de la route, je commence à avoir une bonne tripotée de fans un peu foufous !

Ariane Grassi : Qu’en est-il de votre émission sur Pink TV ?

Marianne James : Le deuxième numéro d’Aujourd’hui Marianne est en préparation. Pour moi qui ne suis pas présentatrice, c’est un vrai laboratoire ! D’habitude je suis l’invitée, et là je me retrouve aux fourneaux. J’adore ça !

Ariane Grassi : Etre animatrice sur Pink TV, est-ce un choix militant ?

Marianne James : C’est vrai que parmi toutes les causes à défendre, je suis plus particulièrement impliquée dans la défense des droits des homosexuels, car la France est très en retard ! Mais si j’ai accepté cette émission, c’est aussi parce que pour la première fois on m’offrait une totale liberté. J’ai voulu faire un divertissement à l’anglaise en m’inspirant de Dawn French et Jennifer Saunders. En Angleterre, elles sont l’équivalent des Inconnus ou des Guignols. Les femmes sont majeures là-bas, elles ont les rennes d’une émission et ne sont pas seulement invitées comme potiche ou sniper. Dire qu’il a fallu que j’attende une chaîne d’homosexuels pour obtenir ça !