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Marion Bartoli (Eurosport) : « Être à l’US Open est un bonheur par rapport aux quatre semaines que j’ai passées dans mon lit d’hôpital »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 02/09/2016 à 17:08 Mis à jour le 02/09/2016 à 17:17

Quelle est votre plus-value sur les commentaires du tennis sur Eurosport ?

Marion Bartoli  : Mon objectif en tant que présentatrice, est de montrer au public ce que vivent les joueurs de tennis sur le terrain. J’aime expliquer différemment ce qu’ils peuvent penser à tel ou tel moment grâce à mon expérience. Les peurs et les difficultés sont là et je pense qu’il est important de les montrer aux téléspectateurs pour qu’ils se rendent compte de ce que les joueurs surpassent. J’apporte aussi des détails techniques dans les évolutions afin que les téléspectateurs voient le tennis différemment.

Comment la collaboration avec Eurosport se poursuit-elle ?

J’ai beaucoup d’attachement à Eurosport, car c’est la première chaîne qui m’a fait confiance. Je travaille beaucoup pour la branche anglaise de la chaîne. Je me suis formée au fur et à mesure, au départ je parlais trop par exemple. Je commente pour beaucoup de chaines dont la BBC, Fox Sports au Japon, ou encore ITV. En France, j’ai resigné un contrat plus plusieurs années avec Eurosport. Quand quelqu’un me fait confiance en premier, je n’aime pas trop changer de crèmerie. Je suis très fidèle en travail.

Quelle est la différence de traitement entre Eurosport et d’autres chaînes dans le monde avec lesquelles vous collaborez ?

Il existe à chaque fois des spécificités. Sur Fox Sports Asia, le public réagit différemment. En France, on peut se permettre quelques boutades, alors que les Anglo-saxons sont beaucoup plus clients d’analyses techniques. On est plus sur l’émotion chez nous avec une description de ce qu’il se passe sur le moment. Ailleurs, j’ai des logiciels spécifiques avec des traitements image par image pour être dans une analyse pointue afin de montrer la tactique et la technique.

Votre état de santé a beaucoup été relaté dans la presse après que vous ayez été évincée du tableau senior de Wimbledon cet été. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Je me remets doucement, mais je viens à peine de sortir de l’hôpital où j’ai été perfusée et intubée pour essayer de me faire reprendre des calories. Je ne peux plus rien manger. Je ne digère toujours quasiment rien à cause de la bactérie que j’ai dans l’estomac et les intestins. Je sais très bien que je vais perdre du poids pendant les quinze jours de l’US Open. L’objectif est que je ne perde pas trop pour ne pas être obligée de repartir à l’hôpital. C’est juste un enfer !

« Quand quelqu’un me fait confiance en premier, je n’aime pas trop changer de crèmerie. Je suis très fidèle en travail »

Comment parvenez-vous à tenir le rythme effréné de l’US Open ?

J’arrive à bosser, car je suis très heureuse d’être sur place avec toute l’équipe d’Eurosport. J’ai beaucoup de bons souvenirs à l’US Open. C’est un bonheur d’être là par rapport aux quatre semaines que j’ai passées dans mon lit d’hôpital. C’est de la gestion à flux tendu, mais ça vaut le coup. Que je sois ici ou dans un lit, si je ne me débarrasse pas de ma bactérie, j’aurai les mêmes sensations, alors autant continuer à travailler. Ce n’est pas le repos qui va m’aider à guérir. Je dois être active. J’ai l’impression de ne plus avoir aucun contrôle sur rien donc c’est éprouvant, mais le soutien des gens m’aide.

Il n’y a eu aucun aménagement de la part d’Eurosport vis-à-vis de votre situation ?

Ce n’est pas à mon employeur de le faire. Je suis si heureuse de pouvoir commenter l’US Open. C’est un bonheur absolu. Je n’ai pas envie que l’on m’enlève ça. Après c’est sûr, je ne peux pas faire huit heures d’affilée, mais je veux être ici, à l’US Open. Je me suis exprimée à un moment donné, car je ne voulais pas qu’on pense que j’étais anorexique et que je m’infligeais tout ça. Après je ne regarde pas ce qui se dit sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Je ne veux pas du tout faire l’apologie de la maigreur. Je me sers de toute la force que j’ai emmagasinée dans le tennis pour guérir.

Avez-vous le temps d’avoir d’autres projets ?

Je me prépare pour la prochaine fashion week. J’ai ma collection pour Fila qui sort, c’est juste super. L’année prochaine j’aurai ma propre marque d’active wear et de sport wear. Je ne vais pas m’intéresser qu’au tennis, mais aussi à des tenues de yoga ou encore de danse. Mon implication est totale. Je choisis le tissu, les spécifications techniques, les dessins, les prints...

Est-ce une véritable passion ?

J’ai fait Central Saint Martins, une des écoles d’art et design les plus difficiles au monde à Londres. J’ai une bonne formation du coup et on apprend au fur et à mesure. Je regarde ce que fait la concurrence. L’avantage, c’est que j’ai moins de concurrence dans le secteur du sport wear. C’est un vrai projet de vie pour les vingt prochaines années, et une véritable passion.

Êtes-vous prête à vous éloigner du tennis dans les médias si votre marque décolle ?

Non, j’ai besoin des deux pour être équilibrée. J’adore la mode, mais j’ai besoin de mes tournois du Grand Chelem pour me sentir bien. Si ça marche très bien, je déléguerai une partie. J’ai déjà des assistantes qui connaissent mes projets et qui savent gérer certaines parties pour moi. L’avantage que j’ai c’est qu’une fois la fashion week passée, j’ai quatre mois pour produire, car je livre mes produits en février. L’Open d’Australie ne dure que deux semaines, donc il me restera plus de trois mois pour travailler.