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Mélusine Mallender (Ne te dégonfle pas) : « Je tente de montrer comment la liberté est perçue ailleurs »

Yoann Jenan
Publié le 02/10/2014 à 18:41 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

À 33 ans, Mélusine Mallender ne cesse de se lancer des défis. Spécialiste des longs voyages, elle aime découvrir de nouveaux pays en solitaire. Dans Ne te dégonfle pas, la globe trotteuse explore des contrées méconnues ou mal perçues au guidon de sa moto. Une aventure qui l’amène à recueillir des témoignages étonnants, dans des contextes social et politique complexes. Après des expéditions en Asie centrale et au Moyen-Orient, Mélusine Mallender s’est rendue en Afrique de l’Est. La chaîne Voyage diffuse ce jeudi 2 octobre, dès 20h40, le deuxième épisode de la saison 2, intitulé « D’un Nil à l’autre ». L’occasion pour Toutelatele d’en apprendre davantage sur cette baroudeuse accomplie.

Yoann Jenan : Vous avez une formation de costumière de théâtre. Comment êtes-vous passée de ce métier à globe trotteuse ?

Mélusine Mallender : Depuis toute petite, j’ai toujours voulu voyager. Et aujourd’hui, je vais découvrir le monde avec Ne te dégonfle pas en posant des questions sur les gens. Or, selon moi, ce n’est pas très éloigné de la conception d’un costume dans la mesure où lorsqu’on en crée un, on se pose aussi des questions sur l’époque comme « Pourquoi cette personne met telle robe ou tel pantalon, quelles sont ses intentions, qu’est-ce qui l’amène à s’habiller de cette manière ? ». Finalement, ces deux métiers sont assez liés.

Comment avez-vous eu l’idée du programme ?

C’est une évolution. Dans le premier épisode, intitulé « Un jour, il faut partir », je suis d’abord partie à l’arrache avec ma moto. Ensuite, je me suis vite aperçue que la moto était à la fois un symbole de liberté et un vecteur de rencontre. Au fur et à mesure du second voyage (« Les routes persanes »), j’avais vraiment envie d’aller plus loin, à savoir d’explorer des pays qui questionnent comme l’Iran, le Rwanda, ou l’Éthiopie.

Quel est l’objectif de Ne te dégonfle pas ?

C’est un questionnement sur la liberté. Je tente de montrer comment cette idée est perçue ailleurs, surtout dans des pays qui ont une mauvaise image. L’idée est donc de rendre sur place pour voir comment les gens vivent.

Combien de temps mettez-vous à tourner un épisode ?

Pour le premier, j’ai fait quatre mois d’expédition. Mais pour la saison 2, je suis partie pendant autant de temps, et j’en ai tiré trois documentaires de 52 minutes. Maintenant, je suis un peu plus productive.

Partez-vous vraiment seule dans tous ces pays ?

Cela a changé au fil des épisodes. Dans le premier numéro, j’étais complètement seule pendant tout le tournage. Alors que dans les derniers, comme « Les routes de l’espoir », quelqu’un m’a accompagné à deux reprises sur quelques jours afin de filmer des éléments que je ne pouvais pas tourner toute seule.

Un plan précis du voyage est-il toujours prédéfini ?

J’ai une feuille de route globale, mais j’improvise souvent sur place. Beaucoup de rencontres se font de manière très spontanée. Elles se font au fil de la route et je prends plus ou moins le temps à certains moments.

« Je me suis vite aperçue que la moto était à la fois un symbole de liberté et un vecteur de rencontre »

Vous arrive-t-il d’essuyer des refus lorsque vous rencontrez des gens ?

Discuter ensemble, et parler devant la caméra sont deux choses bien distinctes. Généralement, discuter n’est pas un problème. Ensuite, il faut accepter la caméra, que je n’impose pas. Je filme uniquement quand les gens sont d’accord. Mais dans certains pays, c’est plus compliqué parce que les habitants ont vraiment peur d’émettre une opinion à l’image.

La moto est-elle indissociable du programme ?

Complètement, et je dirais que c’est même la seconde héroïne de Ne te dégonfle pas  !

Dans quel état est Lucie, votre moto, après un tournage ?

Elle est fatiguée, comme moi (rires). D’ailleurs, la première n’est pas revenue, elle est restée en Asie. Les autres, je les ai ramenées, et après une bonne révision, elles ont pu partir à nouveau. En Afrique, c’est toujours la même : Lucie ; et dans les autres épisodes, j’utilise deux autres motos.

Quel pays vous a le plus surpris ?

Sur l’ensemble des deux saisons, l’Iran m’a sans doute le plus étonnée par la gentillesse des gens que j’ai rencontrés. La manière dont les Iraniens vivent m’a également troublée. Malgré un régime politique très compliqué pour eux, ils veulent aller de l’avant. Ils essaient de trouver des moyens d’être libres, c’est pourquoi la population est très éduquée. Ils font même la fête comme s’ils allaient mourir demain, et sont très chaleureux, alors qu’on s’attend plutôt à un peuple austère. De tous les pays où j’ai voyagé, je n’ai jamais été aussi bien accueilli qu’en Iran. Ensuite, le Rwanda m’a également beaucoup marquée.

Quelles sont les différences avec une émission comme J’irai dormir chez vous ?

D’abord le mode de locomotion : la moto. Le fait que je sois une femme apporte également une sensibilité différente. Ensuite, nous ne sommes pas sur le même principe puisque je ne voyage pas dans tous ces pays pour m’inviter chez les gens. Dans Ne te dégonfle pas, il s’agit davantage de se questionner sur eux, d’observer comment ils vivent, et d’en rapporter un témoignage. Cela dit, je ne serai vraiment pas capable de faire le travail d’Antoine de Maximy, même s’il reste comme moi sur une volonté de donner la parole à ceux qu’il rencontre.

Une troisième saison est-elle d’ores et déjà prévue ?

Je reviens tout juste d’Afrique de l’Est, où j’ai exploré l’Éthiopie, le Somaliland, l’Ouganda, ainsi que le Rwanda pour la saison 2. Le tournage a été assez éprouvant ! Il y aura forcément une suite, mais pour l’instant je ne sais pas encore.