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Olivier Delacroix (Dans les yeux d’Olivier, France 2) : « Certaines personnalités refusent de venir dans l’émission car elles se foutent des autres ! »

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Rédacteur - Expert TV & Cinéma
Publié le 20/02/2023 à 18:01

Depuis le 30 janvier 2023, l’émission Dans les yeux d’Olivier est diffusée tous les lundis en deuxième partie de soirée sur France 2. Olivier Delacroix recueille les témoignages d’individus à la personnalité ou au parcours atypiques. Il s’est confié à Toutelatele sur la nouveauté apportée par cette onzième saison et sur les témoignages qui l’ont marqué.

Ewan Maleszka : Vous êtes aux commandes de la onzième saison de Dans les yeux d’Olivier sur France 2. Avez-vous toujours la même envie qu’à la première ?

Olivier Delacroix : J’ai toujours la même envie, c’est certain. Le jour où je sentirais que mon intérêt faiblit, je réfléchirais très vite à la suite des événements. À chaque fois que je tourne l’émission, je me dis « Quelle chance j’ai de vivre toutes ces rencontres ». Ces échanges font appel à ma propre vie, donc ils m’apprennent des choses à travers l’expérience des autres. Je n’ai aucune usure, aucune baisse d’envie.

Pensez-vous arrêter de faire cette émission un jour ?

Dans les yeux d’Olivier est un programme qui parle de la vie. Nos vies sont riches, parsemées de combats, d’épreuves, d’évolution et de réflexion, donc je crois que je pourrais faire cette émission jusqu’à la fin de ma vie. Je ne vais pas le faire, je vous rassure ! Je sais combien j’ai de la chance d’être accompagné par France Télévisions. Dans les médias, il y a toujours un turn over, le dernier arrivé a envie de marquer les programmes de sa patte. Il y a des programmes qui sont installés et que les téléspectateurs aiment, donc c’est à nous, producteurs, de les faire évoluer au fil des saisons. Depuis les premiers numéros de Dans les yeux d’Olivier, on a avancé dans l’approche et dans la réalisation. Dans cette nouvelle saison, on reçoit des personnalités, car on est conscient qu’il faut faire évoluer le programme.

« Je pourrais faire cette émission jusqu’à la fin de ma vie... »

Cette saison, vous vous entretenez justement avec des personnalités comme le skipper François Gabart, le journaliste Georges Malbrunot ou le rappeur Gringe : en quoi est-ce différent d’un entretien avec une personne anonyme ?

Ce n’est pas tant différent pour moi, car je m’adresse à des personnes qui sont dans la lumière, mais qui ont, dans cette émission, la même dimension que les anonymes. Ils viennent parler d’eux, et d’une épreuve qu’ils ont traversée. Introduire une personnalité dans ce programme, c’est montrer que face à l’épreuve, nous sommes tous égaux. Ce n’est pas parce que l’on est connu et que l’on gagne beaucoup d’argent, que l’on est différent. Je trouvais intéressant de créer ce pont entre anonymes et personnalités publiques, pour montrer notre dimension humaine. Que l’on soit une personnalité ou un invisible, on va se battre de la même manière.

Des personnalités ont-elles refusé d’apparaitre dans l’émission en pensant qu’elle pourrait nuire à leur image ?

Bien sûr. Parfois, je garde un état d’esprit d’enfant, en pensant que les personnes qui ont du talent et que l’on admire, seront également comme ça dans la vraie vie. Finalement, je me rends compte que même en invitant des personnalités pour parler de sujets qui ne vont pas les mettre en difficulté, certaines font preuve d’égoïsme. Plusieurs d’entre elles refusent parce qu’elles se foutent des autres, elles ne voient que leur propre intérêt. Elles répondent à mon équipe : « Qu’est ce que j’ai à y gagner ? ». J’ai été surpris et déçu par certaines personnes. D’autres, au contraire, ont compris qu’échanger sur des choses de la vie, parfois intimes, est une manière d’évoluer et de s’enrichir.

« Je ne fais pas d’investigation, je ne suis pas là pour trouver la faille »

L’épisode diffusé ce lundi 20 février 2023 à 22h55 sur France 2 portera sur les troubles psychiques. Est-il plus facile pour vous d’obtenir des témoignages sur ce genre de sujets maintenant que lors des débuts de l’émission ?

Oui et non. Aujourd’hui, quand on prend la parole dans un média, tout le monde peut nous juger, avec les réseaux sociaux. Je ne suis pas sûr que la parole soit plus libérée qu’il y a dix ans, mais il y a une grande confiance en notre travail. Dans les yeux d’Olivier est dans sa onzième saison, l’émission a une réputation. Notre approche particulière fait que des gens témoignent chez nous et ne le feront jamais ailleurs. Ces personnes ont saisi que je suis là pour porter leur parole et les accompagner, je ne vais jamais les mettre à mal. Je ne fais pas d’investigation, je ne suis pas là pour trouver la faille. Je veux que l’émission puisse inspirer et apprendre des choses. Avec les personnes qui témoignent, nous allons jusqu’au bout de l’histoire, au moment où elles s’en sortent. Nous voulons montrer les solutions et les stratégies que ces témoins ont mises en place pour s’en sortir. Nous inspirons de la confiance, car, dans le cas contraire, nous n’aurions pas cette qualité de propos ni ces témoins-là.

Dans l’épisode intitulé « Sous influence », diffusé le lundi 27 février, les témoins sont des personnes de tous âges. Votre volonté était-elle de montrer que cela peut arriver à tout le monde ?

Oui, c’était important pour nous d’ouvrir le spectre au maximum, de montrer le caractère intergénérationnel des problématiques que l’on peut traverser dans notre vie. Les jeunes sont aussi beaucoup touchés par ces problèmes, hier encore, une personne de 23 ans est venue me parler dans la rue. Que ce soit sur Europe 1 ou sur France 2, je reçois de plus en plus de jeunes.

Retenez-vous un témoignage en particulier dans ces deux épisodes ?

Tous les témoignages me marquent d’une manière différente. Je trouve l’épisode sur les troubles psychiques particulièrement fort. Dans ce numéro, il y a la parole d’Alix, une jeune femme atteinte de bipolarité. Elle m’a profondément marqué, peut-être justement parce qu’elle est jeune. Je me souviens globalement très bien des quatre témoignages de cet épisode, il y avait aussi celui d’un père de famille dépressif, d’une personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs ou celui de Gringe, sur la schizophrénie de son frère. Finalement, ce qui m’a le plus marqué, c’est le trouble psychique lui-même, et la façon dont il s’installe dans votre vie à jamais. J’ai été bouleversé par chacun des témoins. On avait déjà fait un épisode sur les maladies psychiques, mais on a voulu y revenir, car cette parole-là est rare et peu visible.