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Patricia Bitschnau (scénariste des sitcoms AB) : « Le Club Dorothée a été une respiration dans ma carrière »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 21/09/2017 à 18:49 Mis à jour le 22/09/2017 à 18:53

Entre 1987 et 1997, le Club Dorothée a connu un succès triomphal sur TF1. A l’occasion du trentième anniversaire de l’émission jeunesse, rencontre avec la scénariste des sitcoms AB, Patricia Bitschnau.

Benoît Mandin : Le Club Dorothée fête ses 30 ans. Qu’évoque pour vous l’émission jeunesse culte de TF1 ?

Patricia Bitschnau : Une respiration dans ma carrière ! J’étais attaché de presse pour une milliardaire et je venais de l’univers du roman. A l’occasion de l’anniversaire de Johnny Hallyday, j’avais fait la connaissance d’Eric Bouad. On est devenus très amis. Quelques années plus tard, il m’a appelée pour me parler du Club Dorothée et de Jean-Luc Azoulay (producteur, ndlr) à qui il m’avait proposé comme auteur dans la mesure où il en cherchait… Très vite, Jean Luc m’a proposé d’écrire Salut les Musclés. Cela m’a fait beaucoup rire, car je n’aurais jamais imaginé le faire. Je suis d’abord allée à l’anniversaire de Dorothée et c’est là que j’ai fait la connaissance des Musclés.

Avez-vous eu des appréhensions face aux sitcoms qui étaient un genre inédit en France ?

J’ai vécu longtemps aux Etats-Unis et j’y voyais des sitcoms. Je me demandais quand même si ça allait pouvoir marcher en France, mais finalement j’étais assez consciente que ça s’adressait aux enfants surtout. J’avais écrit des trucs sérieux jusque-là en tant que journaliste, romancière… J’ai voulu faire un bond dans ma carrière à travers une expérience drôle.

Pour Salut les Musclés, quelles directives aviez-vous reçues de Jean-Luc Azoulay ?

Jean-Luc m’avait dit que c’était une bande de garçons sympa sans que ça soit plus explicatif. Je savais juste qu’il fallait qu’ils arrivent plein de choses aux Musclés, tout en étant amoureux toutes les cinq minutes. Il m’a demandé de venir assister à un tournage, je me suis vite mise dans le rythme et j’ai surtout écouté les voix des Musclés. Il ne fallait surtout pas de vulgarité même pas « merde » (rires).

Les sitcoms AB ont connu un succès sans cesse grandissant. Comment l’expliquez-vous ?

Dès les premières diffusions, on a senti que c’était en train de prendre de l’ampleur. Je ne pensais pas que l’on irait si loin… Je me souviens particulièrement d’Hélène et les garçons, car on avait le vent en poupe et Jean-Luc m’a montré ce qu’il allait proposer à TF1. Cela tenait sur une page et finalement ça a eu le succès que l’on connaît.

« J’ai adoré Les filles d’à côté et Les nouvelles filles d’à côté. On était servi par Thierry Redler qui était excellent dans ce registre »

Avez-vous participé à l’écriture de toutes les sitcoms ?

Non, je n’ai pas pu participer à Hélène et les garçons puisque j’étais déjà sur d’autres séries. A un moment donné, il m’est arrivé d’écrire Les nouvelles filles d’à côté et un épisode des Vacances de l’amour le même jour. J’avais besoin de ça même si le rythme était intense. Pour tout vous dire, je venais même le dimanche (rires). Je me suis vue écrire un épisode de Salut les Musclés sur un ticket de métro, en voyant un panneau publicitaire ou en entendant une conversation dans un café.

Quelle sitcom vous a le plus particulièrement marqué ?

J’ai vraiment pris du plaisir sur toutes les sitcoms. J’ai trouvé marrant La croisière foll’amour, j’ai adoré Les filles d’à côté et Les nouvelles filles d’à côté. On était servi par Thierry Redler (Marc, ndlr) qui était excellent dans ce registre. J’ai bien aimé La baie des flamboyants (diffusé entre 2007 et 2010 sur France Ô) parce que c’était un gros challenge : Aucun des rôles était interprété par des comédiens professionnels… . Il y avait un pilote de ligne, un stewart, une championne de surf et Mister Guadeloupe, qui n’avaient jamais joué et avaient un fort accent créole. Ils sont vraiment devenus bons après deux saisons.

Avez-vous participé à l’élaboration des castings ?

Bien sûr et j’ai personnellement insisté pour que Patricia Elig (Stéphanie des Nouvelles filles d’à côté, ndlr) soit recrutée. Quand j’étais journaliste, je l’avais connue dans une école d’art dramatique et j’avais des amis parmi les jeunes comédiens. Je leur demandais de venir aux castings et je faisais tout pour qu’on les essaie. Aude Mésséan (directrice de casting, ndlr) me demandait parfois de venir si elle avait un doute ou Jean-Luc me faisait visionner plusieurs comédiens.

Quels souvenirs gardez-vous de l’époque AB ?

J’en ai de très bons puisque l’on était une grande famille. On a été à un moment donné 1.700 employés et on se connaissait tous que ce soit les techniciens, réalisateurs et comédiens. C’est vraiment une aventure à vivre une fois dans sa vie et c’est dommage que ça se soit arrêté.

« C’est vraiment une aventure à vivre une fois dans sa vie et c’est dommage que ça se soit arrêté »

Comment avez-vous vécu l’arrêt du Club Dorothée et des sitcoms en 1997 ?

Cela a été très dur. Certes pour nous en écriture, il y a toujours de quoi faire, mais ça m’a embêté de quitter l’usine AB. Je suis quand même restée deux ans à bâtir des projets avec Jean-Luc sans aucune diffusion. Personne ne l’a vu venir, car tout est parti d’un conflit entre TF1 et AB Productions…

En 2011, Jean-Luc Azoulay a lancé Les Mystères de l’amour sur TMC. Auriez-vous aimé participer à la suite d’Hélène et les garçons ?

Hélène et les garçons et les aventures de la famille Girard sont les bébés de Jean-Luc ! Il me semble que Patrick Puydebat (Nicolas, ndlr) a sollicité Jean-Luc pour une suite et il ne s’est pas fait prier. J’ai écrit d’autres choses pour NRJ12 et RFO. Jean-Luc m’a demandé pour Dreams (diffusée sur NRJ12 en 2014, ndlr) que je n’ai pas écrite sous mon vrai nom. J’ai aussi collaboré pour Le Secret de l’île qui ne s’est pas fait au dernier moment. On devait tourner à La Réunion, les dates de tournages étaient fixées, les comédiens étaient choisis, et puis j’ai écrit les quatre cents épisodes de La baie des flamboyants.

Jean-Luc Azoulay n’a jamais caché son envie de relancer Les filles d’à côté. Qu’en pensez-vous ?

Il a abandonné l’idée qu’il avait émise à deux ou trois reprises. Maintenant avec Jean-Luc, il faut s’attendre à tout ! On se tourne actuellement vers le téléfilm, mais rien n’est encore fait.