Toutelatele

Pierre Palmade, de La Classe à ses premiers spectacles

Emilie Lopez
Publié le 26/12/2008 à 14:50 Mis à jour le 14/03/2010 à 23:29

A 40 ans, Pierre Palmade est un véritable touche-à-tout. Fan de Jacqueline Maillan, il débute dans l’émission culte La Classe avant de connaître ses premiers succès sur scène comme Ma mère aime beaucoup ce que je fais et On se connait ?, deux spectacles à retrouver désormais en DVD. Pierre Palmade nous en parle et revient même sur son revers à la télévision avec son émission Made in Palmade. Un échec assumé qui a rendu « furax » cet éternel perfectionniste.

Emilie Lopez : Vous venez de ressortir vos premières pièces en DVD. D’autres comiques en ont fait de même. Pour quelles raisons pensez-vous que le public devrait acheter les vôtres ?

Pierre Palmade : Pour se rappeler ou découvrir pourquoi on dit de moi que je suis une référence dans l’humour. Si je ne le dis pas, personne ne le dit ! (rires) Ça fait longtemps que mes DVDs n’ont pas été dans les bacs, et que je n’ai pas fait de One-man-show. Donc c’est une façon de se rappeler ou découvrir pourquoi on a autant parlé de moi à une époque. Je crois, de plus, que ces premiers spectacles étaient très exigeants et impeccables.

En les redécouvrant, avez-vous été fier, ou avez-vous remarqué certains détails que vous auriez aimé changer ?

Pour ce qui est du côté comédien, je me suis dit « Ah, là il manque tel truc... », car j’imitais un peu les gens que j’admirais, tels que Maillant, Poiret, Joly. Mais tout ce que je n’avais pas en technique, ça passe dans le charme de l’audace des 20 ans ! Cependant, je trouve que les textes étaient d’une grande maturité. Et comme je ne parle pas d’actualité, de politique, d’air du temps, ils ne vieillissent pas. Je me souviens qu’à mes débuts je m’étais dit que je ne voulais écrire que des choses intemporelles, car je suis très vigilant sur ma postérité, j’ai très envie de durer et perdurer. Donc je suis très content que ça se passe comme j’ai prévu...

Vous avez participé à l’écriture de vos 14 spectacles, sauf un. Est-ce une nécessité pour vous de jouer uniquement ce que vous écrivez ?

Je suis plus un homme d’esprit qu’un homme comique. C’est peut-être également par peur de ne pas faire mieux que les autres... Je n’ai pas le génie comique que peuvent avoir Muriel Robin ou Louis De Funès, qui fait qu’avec n’importe quelle phrase, on rigole tout de suite. Par contre dans mes mots, mon phrasé et mes ironies, je me trouve très efficace.

10 ans après Ils s’aiment, votre nom est toujours associé à celui de Michèle Laroque. Cela vous agace-t-il ?

C’est vrai que Michèle Laroque et moi, ça a mis tout le monde d’accord. J’ai assumé ce succès. C’est tellement rare de réussir quelque chose d’aussi spectaculaire que ce couple que l’on a formé à deux reprises. Si les gens ne retiennent que ça, c’est déjà bien... Mais il y a autre chose ! C’est une raison pour laquelle j’ai voulu sortir les DVDs de mes premiers spectacles : pour rappeler que j’ai eu une vie avant Michèle Laroque ! Et j’espère qu’il y en a qui sont assez curieux pour aller voir ce que j’ai fait tout seul...

Imaginez-vous faire un troisième spectacle autour du couple à ses côtés ?

J’ai l’impression que le public l’imagine plus que nous-mêmes ! Mais si je ne me sens pas plus malin que pour les deux premiers, je ne vais pas prendre le risque. On a fait le mariage, le divorce, c’est quoi le troisième truc ? L’enfant ? En plus, dans le deuxième spectacle, on meurt à la fin, donc il faudrait être malin pour revenir sur scène ! (rires) Tant que l’idée n’est que commercialement intéressante, je ne le ferais pas. C’est lorsqu’elle sera artistiquement intéressante que je me lancerai. Et Michèle est prête...

Vous avez fait vos premiers pas sur le petit écran, dans La Classe. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

C’était une chance inouïe de débouler à 20 ans dans une émission regardée par des millions de personnes tous les soirs... En plus, c’était un programme un peu gaulois, où il y avait des gens un peu lourds. Moi je sortais du lot avec un humour un peu élégant, précieux, raffiné, je tirais mon épingle du jeu comme ça. J’avais 20 ans, j’étais le chouchou, la mascotte de l’émission, c’était formidable pour moi. Tous les soirs, Fabrice disait mon nom au tableau, j’ai rencontré mon meilleur ami, Bigard, on allait faire la bringue après, c’était extraordinaire. Du jour au lendemain, je me suis fait connaitre par des millions de gens.


Pensez-vous qu’une émission de ce style aurait encore sa place à la télévision aujourd’hui ?

Oui, mais il faudrait qu’elle ne cherche pas à être culte. La Classe était une émission très naïve, comme le Petit théâtre de Bouvard, faite avec des bouts de ficelle... Maintenant, il y a une telle industrie de l’humour que ça manque un peu de candeur. Les gens se demandent comment refaire une émission où on lancerait les comiques de demain. Mais qui sont-ils pour le savoir, seul le public peut choisir !

Est-ce dans cet état d’esprit que vous avez fait votre émission Made in Palmade ?

J’ai fait cette émission avec le souvenir du Petit théâtre de Bouvard et de La Classe, sauf que ça n’a pas marché. Au final, ça a été un mal pour un bien, parce j’étais furax qu’on ne découvre pas ces sept comédiens que je trouvais géniaux. Du coup, j’ai écris la pièce qui fait que enfin on les remarque, et le bouche à oreille se fait autant sur mon nom que sur le leur.

Pour quelle raison, selon vous, Made in Palmade n’a-t-il pas rencontré son public ?

Je ne sais pas. Je ne vais pas mettre ça sur le compte de la programmation, mais on nous a demandés de faire beaucoup de choses d’humeur, de plateaux entre les sketchs, etc. Nous, on était faits que pour jouer des sketchs écrits et bien répétés... Mais c’est impossible d’analyser le fait que ça n’ait pas été regardé. C’est une totale injustice, c’est tout ce que je peux vous dire ! (rires)

Vous avouez être très perfectionniste, cet échec a dû vous agacer...

Ça m’a vexé ! Je n’aime pas l’échec parce que je n’y suis pas habitué ! (rires) Du coup je l’ai transformé en pièce à succès.

Seriez-vous prêt à retenter l’expérience de faire une émission de télévision ?

Oui, mais si on me laisse complètement faire. Maintenant je n’écouterai plus les professionnels de la télévision qui m’expliquent comment marche une émission. Je ferai tout, comme ça si ça ne marche pas, je n’aurai qu’à m’en prendre à moi-même !

Vous vous faites rare sur le petit écran. Faire votre promotion dans les émissions de télévision ne vous intéresse plus ?

J’ai beaucoup aimé faire ça, ce n’est plus vraiment le cas, parce qu’on a de moins en moins de temps de parole. Il faut être très spectateur de l’animateur et de ses chroniqueurs. À la fin de l’émission, on montre vulgairement notre DVD, donc le public trouve ça très vulgaire que nous fassions notre promo. Au début, on invitait vraiment l’artiste pour lui même, et, petit à petit, ça a glissé vers les « stars animateurs », et tout ça n’est fait que pour servir la télé. Du coup, maintenant je me méfie.

Dans quelles émissions aimez-vous particulièrement aller aujourd’hui ?

Ça dépend qui m’invite, l’animateur, et les invités qu’il va y avoir. Il faut que je sente que je vais avoir la place : au Grand journal par exemple, chez Mireille Dumas, ou avec Laurent Ruquier, je sais qu’il y aura de la bienveillance. Mais dans certaines émissions, quand je sais que l’animateur va vouloir faire son bouffon, et que moi je vais être son spectateur je n’y vais pas. Si je dois partager le plateau avec des artistes dont l’égo ne me convient pas, j’y vais pas non plus...

La mode est à la captation de pièces de théâtre pour la télévision. Aimeriez-vous qu’il en soit de même avec votre pièce actuelle, Le comique ?

Oui, car ça permettrait de la faire connaitre encore plus ! Mais il faudrait me promettre que ça ne désemplisse pas la tournée, car j’aurai peur qu’elle en pâtisse. Si c’est bien réalisé, ça serait grisant. J’aurai envie de faire vivre à mes comédiens toutes les expériences possibles, accélérer leur carrière de toutes les manières... J’ai l’impression de leur devoir plein de choses.

Après le succès de votre pièce Les Fugueuses, pensez-vous que les captations pour la télévision pourraient booster l’intérêt des gens pour le théâtre ?

Je pense surtout qu’il faudrait un comité de gens qui vérifient qu’on ne fasse pas trop de pièces chiantes à Paris ! Il y a trop de pièces mauvaises, chiantes, qui font synonyme de prise d’otage, et où l’on se dit « Deux heures ?! Je vais me faire chier, avec des mauvais comédiens dans des mauvais textes ! » Il faudrait interdire à certains comédiens et auteurs de jouer à Paris, tout simplement !