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Smash ou les limites de la fonction de showrunner

Tony Cotte
Publié le 28/11/2012 à 17:46

Si Smash revient sur les coulisses de Broadway, ou du moins le développement d’une comédie musicale fictive, la créatrice Theresa Rebeck ne pensait pas, en imaginant la série, écrire son épitaphe en tant que showrunner. Cette fonction, si souvent utilisée par les médias, définit la personne en haut de l’échelle hiérarchique, celle qui mène un programme et qui en a la responsabilité. Mais diriger une machine artistico-industrielle a malgré tout des limites...

La fiction de NBC reviendra pour une seconde salve d’épisodes, le 5 février 2013. Mais la créatrice de la série n’en sera plus aux commandes. Son départ a été annoncé au mois de mars dernier et celle-ci se consacre désormais à un (véritable) spectacle sur les planches, mettant en scène Katie Holmes. À quelques jours de la première, The New York Observer est parti à la rencontre de Theresa Rebeck. L’occasion pour celle-ci de faire un bilan de sa récente expérience télévisuelle.

Si tout débutait sur les chapeaux de roues avec le nom de Steven Spielberg associé au projet, le pilote aurait même bénéficié d’un budget de 7.5 millions de dollars, l’aventure Smash a pris un virage fâcheux pour la showrunner. Au fil des semaines, les critiques comme les audiences ont pris la pente descendante. Un problème lié, selon cette dernière, à une évolution des personnages peu cohérente.

« L’un des points de contentieux l’année dernière venait du diffuseur qui pensait avoir le droit de diriger l’auteur [dans son écriture] », a-t-elle affirmé au support américain. L’interrogé affirme que le network dictait la conduite que devait avoir les personnages, quitte à ne pas respecter la bible et leur vraie nature. Pour Theresa Rebeck, la fonction de showrunner sur Smash était celle d’un architecte vu par NBC comme un simple entrepreneur : « S’ils vous demandent d’enlever le mur, et que vous prévenez que sans le mur, le bâtiment s’écroule, ils refusent de l’entendre. Mais ce cas permet de soulever des questions plus importantes comme le pouvoir et l’art ou le pouvoir et la façon de raconter des histoires. Le pouvoir est-il réellement l’élément le plus important ? Je ne crois pas. »

Nommée aux Emmy Awards en tant que productrice pour NYPD Blue, Theresa Rebeck a déjà pu assister par le passé à ce genre de situations en coulisses et aux demandes des chaînes. « Les meilleurs responsables comprennent qu’il y a des tensions et du respect, mais la majorité donnent des ordres. Nous ne sommes alors pas dans le même terrain de jeu : il n’est pas possible d’avoir une vraie discussion. Vous recevez beaucoup d’argent, certes. Tout le monde doit faire ces choix. Absolument tout le monde. Des fois, quand je vois des films, je me demande si Julia Roberts a réellement besoin de 20 millions de dollars supplémentaires parce que ça ne peut être que la seule raison pour accepter certains projets.  »