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Sophie Jovillard : « La rencontre est l’ADN d’Echappées belles. On vit des moments assez intenses »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 04/11/2017 à 18:45

Echappées belles se classe chaque samedi soir en tête des audiences TNT sur France 5. Rencontre avec l’animatrice Sophie Jovillard qui évolue dans l’émission depuis douze ans. Elle se confie sur son esprit de découverte et le succès du magazine de voyage.

Benoît Mandin : Lors du numéro diffusé le samedi 23 septembre, vous êtes partie à la découverte de l’âme malgache. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

Sophie Jovillard : C’était un magnifique voyage entre Nosy Be et le cœur de Madagascar. On a pu vivre de l’intérieur cette île qui est vraiment intense, mais où les conditions de vie ne sont pas idylliques. Il y a aussi des problèmes écologiques et de préservation. Toutefois, la force de vie des Malgaches est très touchante et j’ai été particulièrement émue par leur accueil. Quand je m’y étais rendue il y a quelques années, j’avais été marquée par les grands feux de forêt qui avaient de lourdes conséquences sur la population locale. Outre l’immersion dans les familles, j’ai fait la connaissance d’une très belle association qui se charge du soutien scolaire. Je viens de m’engager auprès d’eux pour participer en tant que marraine. Le voyage était fort et riche en émotion.

Comment s’est déroulé le tournage ?

On travaille avec la société de production Bo Travail. L’équipe est efficace et connaît parfaitement l’exercice du magazine de voyage et de découverte. Ils prennent contact avec des acteurs locaux pour un grand préparatif en amont. Quand on est à l’étranger, ces fixeurs nous aident énormément pour le tournage rien qu’au niveau de la traduction et nous permettent de faire le lien avec la population. Nous sommes quatre sur le terrain, un réalisateur, un preneur de son, un assistant de producteur et moi, tandis qu’un JRI et son assistant partent en reportage. On prend le temps de discuter avec les gens pour leur expliquer ce que l’on va faire exactement. La seule contrainte de tournage est qu’il faut faire des images, on essaye de leur imposer le moins possible nos problèmes techniques. Ceux qui nous reçoivent sont partagés par un sentiment de curiosité et d’amusement. Je veille à ce que l’aspect technique ne prenne pas le pas sur la rencontre. La cohésion de l’équipe y contribue fortement.

Restez-vous en contact avec les témoins rencontrés au cours de vos excursions ?

Oui, car la rencontre est l’ADN d’Echappées belles. On vit des moments assez intenses qui favorisent le lien. Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de garder contact, c’est notamment le cas avec Marie et Franco pour le voyage à Madagascar. Je reçois de nombreux messages suite à la diffusion des émissions et je trouve ça très mignon. Nous créons finalement des passerelles entre nos intervenants des quatre coins du monde.

À l’image de Rendez-vous en terre inconnue sur France 2, aimeriez-vous des spéciales d’Echappées belles où le public pourrait suivre les populations ?

Cela fait douze ans que je suis dans l’émission et j’ai eu la chance de croiser des destins singuliers, des parcours touchants et émouvants ainsi que des jeunes dont j’aimerais avoir des nouvelles. Ce serait intéressant de savoir s’ils ont réalisé les rêves dont ils nous avaient parlé et si leurs projets ont abouti. Je l’ai proposé à mes producteurs, mais ce n’est pas facile à mettre en place, car il faut des créneaux de diffusion et des budgets. Pour marquer ces douze ans de voyages autour du monde, je rêverais de retrouver ces gens qui m’ont particulièrement touché. Le sujet a été évoqué avec la direction de France 5, mais ce n’est pas vraiment d’actualité.

« Pour marquer ces douze ans de voyages autour du monde, je rêverais de retrouver ces gens qui m’ont particulièrement touché »

Echappées belles se positionne chaque samedi soir leader TNT. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je pense que tout cela est déjà dû au fait que nous sommes là depuis douze ans. Il y une marque de fidélité des téléspectateurs pour ce rendez-vous installé. On essaye d’être le plus sincère possible dans nos démarches et nos caméras nous permettent d’avoir un regard plus privilégié. Les téléspectateurs sont séduits par l’authenticité de l’émission. Être leader de la TNT, c’est une fierté de voir que l’on peut s’imposer chaque samedi soir face à une concurrence très rude. Il y a des très belles fictions sur France 3 qui font des scores d’audience incroyables, ce qui nous grignote des téléspectateurs. Ils savent aussi qu’ils peuvent également nous retrouver le dimanche matin. Tout à l’heure, une femme taxi m’a dit que je la faisais voyager et que ça lui donnait des idées pour ses prochaines destinations. Il y a un rôle prescripteur quand on fait un voyage à New York ou en Corse par exemple.

Outre l’esprit de voyage et de découverte, n’entendez-vous pas faire passer un message pour la défense écologique ?

On le saupoudre parce qu’on essaye de temps en temps de faire du tourisme durable. Ce n’est pas l’unique thématique de l’émission, mais je pense qu’aujourd’hui on ne peut pas passer à côté. C’est important et c’est dans notre rôle de prescripteur.

Après été avoir seule aux commandes de l’émission, vous avez été rejointe par Jérôme Pitorin et Raphaël de Casabianca…

Des logiques de production nous ont amenés à faire ces choix. Quand j’étais seule aux commandes de l’émission, il y avait moins de numéros que maintenant. On en a une quarantaine à produire pour un format de 90 minutes alors qu’à l’époque elle n’en faisait que 60. Pour faire 90 minutes d’émission, on doit être présent huit jours sur place pour tourner les plateaux. L’équipe de reportages reste deux à quatre jours de plus. Cela nous a amenés à diversifier la collaboration au niveau de la présentation de l’émission. Après avoir joué sur un binôme avec Jérôme, le magazine a pris encore plus d’importance et il y a fallu jongler sur les plannings de chacun. Raphaël a apporté un autre regard et on accueillera Tiga en janvier. Même si j’estime en avoir une forme de maternité, Échappées belles ne m’appartient pas. Quand on a atteint à plusieurs reprises le million de téléspectateurs, c’était une réelle satisfaction. Les garçons se sont appropriés à travers des regards et parcours différents. Il n’y a pas de concurrence entre nous et on ne choisit pas nos destinations. Je n’ai pas de frustration, car au bout de douze ans, j’ai bien sillonné la planète.

Qu’avez-vous pensé du choix de Tiga ?

Par souci de planning et d’organisation, la production a décidé d’ouvrir la présentation à une quatrième personne. Tiga est la bienvenue et on ouvre la famille à un nouveau membre. Elle est actuellement en tournage, car il faut qu’elle rattrape notre rythme (rires). Elle est très motivée et sa bonne humeur va se sentir à l’antenne, j’en suis sûr.

« Incarner un programme complémentaire à échappées belles, où je mettrais en valeur le patrimoine de la France, me tiendrait particulièrement à cœur »

Sur quels critères, le producteur détermine-t-il vos destinations ?

Je pense que cela se fait de manière aléatoire. On va partir sur un week-end à Stockholm, puis à New York, tout en retournant au Kazakhstan. On donne ensuite nos envies et idées, mais je n’ai vraiment pas eu de frustration puisque j’ai eu la chance d’aller partout. Concernant une destination comme le Liban que je rêvais de faire, nous avions l’envie d’aller à la rencontre de toutes les populaires transgénérationnelle, hommes comme femmes. On a estimé que c’était mieux que j’y aille vu que j’aurais plus facilement accès au monde des femmes. Je suis une animatrice télé, mais avant tout une fille comme tout le monde.

Quelles seront vos prochaines destinations ?

Après le week-end de Stockholm qui a été diffusé le 21 octobre, je me rends en Savoie pour l’émission de ce samedi 4 novembre. J’ai tourné cet été dans le Pays Basque côté espagnol que l’on va garder un peu sous le coude. Je vais prochainement partir en tournage à New York et sur le Lac Léman.

Avez-vous une destination où vous rêveriez d’aller ?

Je rêve de Groeland, de pôle, de banquise, d’iceberg… C’est très compliqué de mettre en place une émission là-bas donc on n’a pas pu le faire dans Echappées belles. J’aimerais aussi partir sur les bateaux au milieu des icebergs, mais je ne suis pas sûre que ça se fasse (rires).

Outre Echappées belles, vous avez participé en tant que chroniqueuse à Comment ça va bien, Le monument préféré des Français ou encore La Quotidienne. Aimeriez-vous explorer de nouveaux horizons aujourd’hui ?

J’ai cessé en très bons termes ma participation avec La Quotidienne, car il voulait une personne qui puisse être présente en permanence. Les collaborations avec Stéphane Bern ont été très enrichissantes, mais la forme de l’émission a fait qu’il n’y a plus besoin de consultant. J’espère que cela va pouvoir se refaire un jour, car c’est un bonheur de travailler avec les équipes de Morgane Production. Aujourd’hui, j’ai très envie de revenir sur une émission de radio en mettant en avant les rencontres et le patrimoine. On va reprendre pour France 5 le tournage de Trésors, une collection documentaire sur le patrimoine. Celle-ci devrait être diffusée pendant les fêtes de fin d’année. Incarner un programme complémentaire à Echappées belles, où je mettrais en valeur le patrimoine de la France, me tiendrait particulièrement à cœur. Avec France 5, je suis en confiance et cela a toujours été un rêve d’y travailler.