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Sylvie Tellier (Miss France 2019, TF1) : « Nous n’avons aucun intérêt à faire gagner une Miss ou une région »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 15/12/2018 à 16:36

Ce samedi 15 décembre, les téléspectateurs de TF1 vont connaître leur Miss France 2019, après l’élection de Maëva Coucke un an plus tôt. La région Nord-Pas-de-Calais sera très scrutée puisque Lille accueille la compétition, que trois des quatre dernières représentantes ont remporté la couronne, et parce que la Miss régionale de cette année est la sœur d’un champion du monde de football. Sylvie Tellier, Présidente du Comité, a livré son sentiment sur cette nouvelle édition, la diversité ethnique des candidates et réfuté les accusations de triche portées par Touche pas à mon poste.

Joshua Daguenet : Que pensez-vous de cette promotion 2019 ?

Sylvie Tellier : J’ai rencontré les 30 Miss tardivement car j’étais en congé maternité et ma première impression s’est effectuée sur le C.V. Quand je les ai vues, j’ai eu une bonne surprise. C’est la première fois qu’elles sont aussi grandes, on dépasse le mètre 74 de moyenne et c’est aussi la promo la plus diversifiée en métissage. Miss Pays-de-Loire est d’origine camerounaise, par exemple, en plus des Dom-Tom. Il y a de plus en plus de jeunes femmes qui osent se présenter et la France n’est pas raciste dans Miss France. Nous avons également demandé aux jeunes femmes comment elles souhaitaient être valorisées après le petit scandale de l’année dernière autour de la coiffure de Miss Martinique.

Le niveau d’études est-il tout autant disparate ?

Il y a des filles qui font des études très poussées et d’autres qui sont déjà dans la vie active. Les Miss estiment que cette aventure est un tremplin, une année de césure où elles voyagent. C’est un accélérateur de vie et c’est chouette car nous attirons des filles qui en sont à bac +4 ou bac +5. Je pense aussi à Marine Lorphelin qui vient de réussir son entrée à l’internat et qui est une future médecin.

Comment s’est décidée la constitution d’un jury entièrement féminin ?

La décision a été collégiale entre TF1, la production, Caroline Gavignet [Endemol, ndlr]… Nous ne sommes pas là pour se relayer en donneur de leçons mais, cette année, nous nous sommes dits : quoi de mieux que de juger 30 jeunes femmes par un œil de femme ? Cela n’a jamais été fait dans Miss France. Quoi qu’il en soit, la femme du XXIe siècle doit être parfaite : une bonne épouse, faire un 38, bien cuisiner, s’occuper de ses enfants… Les téléspectateurs veulent une femme engagée, qui sache parler, défile comme une star et rentre dans un 38. Mais nous aimons beaucoup les hommes et le plus beau sera sur scène (rires).

Line Renaud en présidente du jury est un choix qui paraît évident…

Elle est un sacrée exemple. Line Renaud vient de fêter ses 90 ans. Toujours là pour les autres, les Français la respectent et l’aiment. Nous sommes à Lille et elle est une figure de la région. Je l’admire en tant que femme et elle fait partie de notre patrimoine.

« Il s’agit de la promo la plus diversifiée en métissage »

Touche pas à mon poste avait accusé la production de tricherie et dénoncé des présélections…

Cela étonne les gens qu’une émission regardée par 8 millions de Français ne contienne aucune triche. Pour notre part, nous n’avons aucun intérêt à faire gagner une Miss ou une région. Nous avons un jury de présélection et pendant un mois, les Miss sont soumises à un test de culture générale, des épreuves sportives, des cours d’art de la table, de démarche, elles apprennent à se tenir pendant une interview et intègrent le fait qu’on ne s’adresse pas de la même façon à un Maire qu’à Soprano. Tous ces critères sont pris en compte par un jury composé de huit à douze membres, dont le directeur de la coiffure, le responsable du maquillage, la productrice, le metteur en scène, moi-même… Donc peut-être que parmi les 12 dernières Miss en lice, certains se disent : « celle-là, ce n’était pas la plus belle mais elle est dans les 12… » Ce n’était peut-être pas la plus jolie mais c’était peut-être la première au test, au sport, la plus sympa et qui est-on pour dire qu’une fille est belle et pas une autre. La beauté est très subjective. La présélection est également importante si une Miss se révèle inapte parce qu’elle ne supporte pas la pression ou parce que sa famille lui manque.

Les Miss ont voyagé cette année à l’Île Maurice. Pourquoi privilégier autant les destinations désertes et paradisiaques ?

Nous pourrions aller en Islande mais il fait froid, les photos de groupe en maillot, c’est dur… L’élection Miss France a lieu tous les ans en décembre, si elle se déroulait au mois de mars ou en été, nous aurions des destinations différentes. J’adorerais aller en Suède, faire les fjords, et même en Antarctique mais les téléspectateurs les attendent en maillot de bain et l’anorak c’est moins sexy. Nous avions été au Canada l’année d’Elodie Gossuin, en 2000, et quand nous revoyons les images… elles n’ont pas quitté leur doudoune ni leur bonnet. L’année dernière, d’ailleurs, nous étions à Los Angeles et non sous les cocotiers avec de la ville et du béton. Nous ne nous interdisons pas non plus d’aller en Chine.

Le maillot une pièce reste-t-il préservé ?

Je tiens au maillot une pièce pour les 30. Autant Geneviève [De Fontenay] ne souhaitait pas deux pièces mais pour le concours de Miss Monde, elles sont en deux pièces donc une jeune femme s’inscrivant au concours Miss France peut potentiellement passer en maillot. Mais je trouve ça bien de garder les 30 en une pièce car certaines ne sont pas à l’aise en deux pièces mais dès que la compétition se resserre, nous préparons psychologiquement les filles à cette éventualité.

Les comités régionaux ont-ils la même implication ?

Certains préparent mieux leur Miss que d’autres. Je prends l’exemple de Tahiti où l’élection régionale passe à la télé tout comme en Martinique ou en Guadeloupe. Il y a un véritable engouement et ces Miss ont déjà l’expérience du plateau télé. Au Nord-Pas-de-Calais, le comité a été réorganisé et lorsqu’il a gagné avec Camille Cerf, il a réitéré l’exploit avec Iris Mittenaere. Et pour cette année, la Miss Nord-Pas-de-Calais a un frère champion du monde de football [Annabelle Varane, sœur de Raphaël Varane] : ça peut-être un avantage comme un inconvénient car elle aura une pression de dingue juste à cause de son nom.

« Nous repérons rapidement celles qui sont à la course au titre et elles s’essoufflent très vite »

Ne craignez-vous pas une polémique liée à un élan de supporterisme en cas victoire d’Annabelle Varane ?

Oui, automatiquement. Mais je n’aimerais pas que les Français pensent que les Miss France ne soient plus élues qu’au Nord-Pas-de-Calais. C’est peut-être une région qui vote beaucoup et celle-ci a beaucoup de chance : Camille Cerf, Iris Mittenaere et Maëva Coucke sont magnifiques. Elles auraient représenté une autre région, elles auraient également gagné. Iris Mittenaere est arrivée première au test de culture générale, Camille Cerf était dans les cinq premières et quand on a vu Maëva Coucke, nous savions que cela serait difficile pour ses concurrentes.

Malgré la subjectivité de la beauté, vous aviez donc décelé des favorites qui l’ont finalement emportée…

Car elles n’étaient pas que belles. Marine Lorphelin était jolie mais aussi brillante, sociale, souriante et une très bonne communicante. Laury Thilleman était dynamique, sportive et elle s’entendait bien avec tout le monde. Pour cette édition 2019, les profils sont variés et très intéressants. Durant le mois de préparation, elles doivent être curieuses et au courant de l’actualité.

L’esprit de compétition prend-il le dessus sur la complicité qui peut naître entre les jeunes femmes ?

Cela reste une compétition. À mon époque, nous étions 47 donc nous pouvions difficilement toutes nous connaître. Nous repérons rapidement celles qui sont à la course au titre et elles s’essoufflent très vite. Les filles pas sympas ne tiennent pas très longtemps. Les coups bas sont dans les concours internationaux, et l’élection en France tient uniquement sur le vote du public donc elles ne jouent pas à ça.