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True Blood > Michelle Forbes

Emilie Lopez
Publié le 19/12/2009 à 18:15 Mis à jour le 14/03/2010 à 23:55

Star Trek, Lost, 24, Battlestar Galactica, Prison Break pour la télévision, Kalifornia, Los Angeles 2013 ou encore Swimming Sharks au cinéma, le CV de Michelle Forbes impressionne. Véritable touche-à-tout, l’actrice a préféré diversifier sa carrière plutôt que de se poser trop longtemps dans un rôle. Elle a ainsi intégré le casting de True Blood, pour la seconde saison, dans le rôle de la troublante Maryann. De passage à Paris pour la promotion de la série, l’actrice répond aux questions de Toutelatele.com, avec beaucoup humour, mais surtout un charismatique des plus puissants, et énormément d’humilité.

Emilie Lopez : Vous interprétez le rôle de Maryann, dès la fin de la première saison de True Blood, et prenez plus d’ampleur au cours de la seconde. Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce rôle ?

Michelle Forbes : Pour être sincère, je ne savais pas grand-chose de Maryann quand j’ai accepté ce rôle. C’était plutôt mystérieux à la fin de la première saison, il fallait découvrir ce que qu’elle préparait. J’aime le fait de ne pas savoir, ce mystère, et cela permet de creuser pour découvrir la vérité sur qui est cette femme, sa complexité... Quand on la voit nue en plein milieu de la route, avec ce cochon géant, on imagine que quelque chose d’amusant est sur le point d’arriver... (rires)

De l’avis général, vous êtes très charismatique, et détenez un grand pouvoir d’attraction. Ce rôle de Maryann semble avoir été écrit pour vous...

(rires) C’est grâce au noir ! Quand on s’habille tout en noir, on a l’air plus « puissant ». (rires) Ce qui est drôle, c’est que je n’ai absolument aucune idée de pourquoi Alan (Ball, créateur de la série, ndlr) m’a engagée ! Je suis quelqu’un de très timide, de maladroit, et je dois sans arrêt penser au fait qu’il faut que j’essaye d’avoir un semblant de sophistication. Ce « pouvoir » ne vient pas à moi naturellement. Mais c’est toute la beauté de ce métier, de prétendre de posséder certaines choses, d’être quelqu’un d’autre.

Étant timide, quelle a été la scène la plus difficile à jouer ?

Je dirais que la scène où je me suis sentie le plus mise à nue est celle où je devais danser seule devant tout le monde et séduire le bar tout entier. Au départ, cela me terrifiait ! Ça a l’air tellement bête maintenant. C’est l’un des plaisirs d’avoir fait cette série : si tu as de la chance, chacun des projets dont tu fais partie te permet de surpasser une peur, ou deux, ou trois. (rires)

Vous avez dû jouer des scènes parfois extrêmement écœurantes. N’avez-vous jamais été dégoutée de ce que l’on vous faisait faire ?

Pour Maryann, tout ceci est fait par amour. Elle a juste une vision différente des choses, et je devais le ressentir à travers son cœur et ses yeux à elle. Dans son esprit, il n’y avait rien de mal : ce sont des sacrifices dans son chemin spirituel, tout ceci n’était que beauté et pureté pour elle. Par contre, pour mes précédents rôles, certaines choses étaient vraiment sombres et plus difficiles à jouer, car réelles : se confronter à la vérité de la noirceur humaine, et ce que cela peut générer, par exemple, d’assassiner quelqu’un. Maryann c’était un contrat moral différent, ce n’était pas horrible du tout, au contraire : c’était marrant pour moi, comme pour mon personnage ! (sourire)


Vous avez tourné In treatment presque en même temps que True Blood. N’était-ce pas difficile de passer de l’un à l’autre, ayant des rôles totalement différents ?

En fait, je suis allée de In treatment à True Blood, puis à une autre série canadienne, Durham County, pour trois mois, puis à nouveau In treatment et True Blood. Effectivement, ces rôles étaient tellement différents, mais c’est ce qui est bon quand on est un acteur ! Je pense que ce serait beaucoup plus difficile et douloureux de jouer toujours le même genre de personnage, voire le même personnage pendant des années et des années !

Est-ce une des raisons pour lesquelles vous avez, il y a quelques années, refusé un rôle récurrent dans Star Trek : Deep Space Nine, après avoir joué dans Star Trek : la nouvelle génération ?

Ces histoires de contrat à longue durée me terrifient. Je suis inquiète pour certains jeunes acteurs qui se retrouvent piégés dans un long contrat, car c’est le seul monde qu’ils connaissent ! Or, il y a tellement à explorer dans notre industrie : différentes compagnies, différentes philosophies, différentes façons de raconter les histoires. Le monde est immense au dehors, et si vous êtes chanceux, et gourmand comme moi, vous pouvez picorer un peu partout, et recevoir beaucoup en retour.

N’avez-vous toutefois jamais eu de regrets d’avoir pris cette décision ?

C’était il y a bien longtemps. C’était un personnage génial à jouer, un rôle fantastique et une histoire très belle, mais si j’avais continué dans cette voie-là, je pense à toutes les histoires que je n’aurai pas vécues et aux personnes que je n’aurai pas rencontrées dans mon travail. Je n’ai aucun regret.

Est-ce la raison pour laquelle vous avez accepté True Blood, car vous saviez que ce n’était que pour une saison ?

Michelle Forbes : Initialement, c’était ce qui était excitant justement. Mais quelque chose auquel je ne m’attendais pas est arrivé : je suis tombée amoureuse de cette aventure, des autres acteurs, de Maryann, etc. Et pour la première fois, j’étais vraiment triste que cela s’arrête si vite... Mais ils sont toujours là, ils tournent pas loin de chez moi, donc bientôt ils en auront marre de me voir ! (rires)

Dans votre carrière, vous avez principalement joué dans des dramas ou de la science-fiction. Vous sentez-vous plus à l’aise dans ces genres ?

En tant qu’actrice, je suis toujours attirée par ce qui est le plus compliqué, complexe, tout ce qui est en dehors de ma zone de sécurité. C’est une des grandes joies de ce que l’on fait : nous sommes amenés à explorer différents côtés de notre psychologie, de notre humanité, des côtés dont nous ne soupçonnions parfois même pas l’existence. Donc je suis attirée par ces personnages, et par ces côtés sombres de ce que nous sommes, en tant qu’humain. Mais Maryann est perçue comme quelqu’un de sombre et destructrice, pourtant l’incarner m’a apporté une telle liberté, une telle jubilation ! Elle a tendance à ricaner devant des choses qui nous terrifieraient ! Donc cela peut effrayer certaines personnes, mais c’était tellement amusant pour moi. Elle m’a donné envie de faire plus de comédie, en espérant que ce soit de la comédie complexe, pas quelque chose de stupide.

Vous avez tourné dans de nombreuses séries particulièrement appréciées du public. Êtes-vous habituée au succès ?

J’ai vraiment eu de la chance d’être dans de telles séries, auxquelles je croyais et que j’aimais. Après avoir passé 16 à 18 heures par jour, parfois 6 jours par semaine à faire ces histoires, et que tu vois l’impact qu’elles ont sur le public, que tu vois tout le monde tellement excité à l’idée de te rencontrer, que tu les voies si respectueux, comme cela peut-il t’énerver ? C’est ce que l’on fait, c’est ce pour quoi on travaille pendant des jours et des jours : avoir un impact émotionnel sur le public. Donc quand cela arrive, c’est toujours extrêmement touchant...