1 série, 1 destin > Kevin Hill

Inspiré par le succès d’Ally McBeal pendant 5 saisons sur la FOX, le network américain UPN commande fin 2003 un premier script de Kevin Hill, décrite à l’époque comme un savant mélange entre la série de David E. Kelley et le film Baby Boom, porté par Diane Keaton. UPN, habituée à mettre en avant des minorités sur son antenne, part alors à la recherche d’un héros noir américain tandis que derrière la caméra, on retrouve Jorge A. Reyes (Resurrection Blvd.).

Côté scénario, la série met en scène le personnage de Kevin Hill, brillant avocat d’affaires qui collectionne les victoires dans les tribunaux et les conquêtes féminines dans son lit. À 28 ans, toujours célibataire, ce dernier voit sa vie basculer. Après le décès de son cousin, le jeune homme est forcé de prendre en charge sa petite nièce Sarah, âgée de tout juste 10 mois. C’est le début d’une nouvelle vie pour l’éternel séducteur, qui décide de rejoindre un cabinet d’avocat plus adapté à ses nouveaux engagements, dirigé par une jeune maman. Après de nombreuses semaines de casting, Taye Diggs, qui sera connu par la suite pour son rôle dans Private Practice, décroche le premier rôle. À ses côtés, on retrouve Christina Hendricks, révélée trois ans plus tard avec Mad Men, Jon Seda (Close to home) ou encore Michael Michele (Urgences).

Séduite par le pilote de Kevin Hill, UPN décide de propulser la série dans la meilleure case horaire dont elle dispose : le mercredi à 21 heures, juste derrière la télé-réalité Top Model. Alors dans sa troisième saison, Top Model est un vrai hit à l’époque avec plus de 5 millions de téléspectateurs chaque semaine. De quoi aider l’avocat à bien débuter. Chez la concurrence, ABC propose un Bachelor fatigué, CBS des rediffusions et des sitcoms peu performantes tout comme la FOX tandis que la WB diffuse sa nouvelle série The Mountain. Rien de très inquiétant.

Le 29 septembre 2004, le lancement de Kevin Hill est un joli succès pour UPN : 3.9 millions de curieux sont au rendez-vous, soit 1.4 million de plus que pour le démarrage de Veronica Mars une semaine plus tôt dans la même case ! Au fil des jours, l’avocat convainc et voit son public s’agrandir. Début novembre, Kevin Hill réalise ainsi son record d’audience historique avec plus de 4 millions de fidèles. UPN en profite pour renouveler la série pour 9 épisodes supplémentaires. Il faut dire que, sur un an, Kevin Hill a fait progresser la case horaire de 60% sur le public global, 90% sur les 18-34 ans et 200% sur les femmes de 18 à 49 ans !

Si les cinq premiers épisodes ont séduit 3.9 millions de téléspectateurs en moyenne, la série connaît peu à peu un affaiblissement de ses audiences. En décembre, elle quitte les écrans devant 3.2 millions de présents après 11 aventures.

Pour son retour un mois plus tard, Kevin Hill va devoir faire sans Top Model à 20 heures. La saison 3 terminée, UPN décide de programmer en lieu et place des mannequins la nouvelle télé-réalité de Missy Eliott. Seul problème, cette nouvelle émission est loin d’égaler les performances de Tyra Banks, avec tout juste 3 millions de présents pour le lancement. Résultat, Kevin Hill s’effondre à 21 heures avec tout juste 2.3 millions de fidèles. Les semaines suivantes, Missy Eliott doit affronter le blockbuster American Idol et Kevin Hill ne parvient pas à redresser la barre face à The Simple Life, le show de Paris Hilton et Nicole Richie.

Opposé aux 26 millions de fidèles d’American Idol pour son quatorzième épisode, Kevin Hill creuse sa tombe et touche le fond. La série sombre sous la barre des 2 millions de téléspectateurs, sa plus mauvaise performance historique. Un mois plus tard, Top Model fait enfin son retour à 20 heures. De quoi « sauver » Kevin Hill d’une annulation certaine. Mais toujours opposé à American Idol, l’avocat préféré des femmes ne progresse que très légèrement avec tout juste un peu plus de 2 millions de fidèles.

Au mois d’avril, alors qu’American Idol est réduit à une édition de 30 minutes, Kevin Hill respire : chaque soir, le public afflue à 21h30 une fois le show musical terminé ! La barre des 2.5 millions de téléspectateurs est à nouveau franchie. Le 18 mai, le dernier épisode de la série atteint même 3.1 millions de fans.

Si Kevin Hill a prouvé qu’elle pouvait retrouver ses fidèles à la fin de la saison, UPN a fait son choix : la série n’aura pas de saison 2. Pourtant, celle-ci conserve des audiences légèrement supérieures à Veronica Mars, renouvelée. La dirigeante de la chaîne Dawn Ostroff explique alors sa décision en affirmant que « d’un point de vue créatif, Kevin Hill connaissait quelques difficultés » en soulignant « des audiences bien loin de celles espérées par la chaîne » et « en baisse continue ». Une grande déception pour les fans, qui pourront toutefois retrouver la plupart des acteurs dans des séries à succès par la suite.

En France, Kevin Hill a été programmée sur Canal + en mai 2005 le dimanche à 15h30, avant d’être rediffusée sur M6. La série a fait son arrivée en clair le dimanche après-midi au rythme de trois épisodes par semaine. Le 7 janvier 2007, le papa avocat a surpris en séduisant 2, 2.1 et 2.2 millions de téléspectateurs, soit 11 à 16% de part de marché jusqu’à 16h30. Les semaines précédentes, LAX n’affichait pas plus de 1.5 million de fidèles dans la même case. Un joli succès confirmé les semaines suivantes, qui pousse même M6 à diminuer la cadence avec 2 épisodes seulement par semaine. En moyenne, la première saison affiche ainsi 1.7 million de fidèles pour 12.1% de part de marché.

Forte de ce succès hebdomadaire, la Six décide dès l’année suivante de rediffuser Kevin Hill quotidiennement à 18h55. Un échec, avec seulement 1.1 million de téléspectateurs et 5.5% de part de marché. Par la suite, M6 essayera à nouveau de rediffuser la série le dimanche après-midi en janvier 2010. Nouvel échec cinglant avec moins de 8% de part de marché et une déprogrammation à la clé. Dernière apparition en date en avril 2011 sur W9, tous les après-midi dès 13h30. Une nouvelle vague de rediffusions suivie par 240 000 fidèles, soit 3.1% de part de marché, des audiences dans la moyenne de la case. De quoi imaginer, peut-être, le retour de la série un jour à l’antenne.