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Arnaud Poivre d’Arvor (Non Élucidé) : « Avec nos enquêtes, des affaires remontent en haut de la pile »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 07/02/2019 à 17:09

Ce jeudi 7 février à 20h55 sur RMC Story, Arnaud Poivre d’Arvor et l’équipe de Non Élucidé s’intéressent à l’affaire Edwige Alessandri, condamnée à trois reprises pour le meurtre de son mari. À l’occasion de cette enquête inédite, l’animateur s’est confié à Toutelatele sur les affaires criminelles ayant marqué son aventure au sein du magazine. Il a aussi assuré avoir développé le flair d’un enquêteur en côtoyant, pour chaque affaire, les experts Jean-Marc Bloch et Negar Haeri.

Joshua Daguenet : Avez-vous été surpris par le retour de Non Élucidé après trois ans et demi d’arrêt ?

Arnaud Poivre d’Arvor : Oui, cela a été une petite surprise. L’émission avait été arrêtée pour des questions de budget en 2015 par France 2 alors qu’elle marchait très bien. Très rapidement, nous avons récupéré le catalogue de Non élucidé et nous avons réalisé que les rediffusions fonctionnaient très bien. Assez naturellement, nous avons décidé du retour de la marque et celle-ci n’a pas vieilli dans sa mise en images. Pour moi, c’était une interruption et non un arrêt définitif.

Lorsque l’émission est revenue, il n’était pas initialement prévu que des numéros inédits suivent sur l’antenne...

Dans un premier temps, c’était uniquement de la rediffusion sur RMC Story et RMC découverte. La démarche s’est faite progressivement avec l’acquisition d’un nouveau prime. Nous avons senti cette envie de la part du téléspectateur.

Dans les années 90, l’émission de Jacques Pradel, Témoin numéro 1, participait à faire avancer les enquêtes judiciaires. Quel impact a Non Élucidé sur les affaires traitées ?

Nous ne sommes pas des auxiliaires de justice mais nous lançons un appel à témoins en demandant au téléspectateur de se mettre en relation avec le service d’enquête. Chez Jacques Pradel, le téléspectateur contactait la société de production. Notre objectif est de faire redémarrer des dossiers qui sont dans l’impasse. Avec nos enquêtes, ces affaires remontent en haut de la pile et de nombreux témoignages sont arrivés après chacune d’elles.

Les chances ou non de résoudre une affaire constituent-elles un critère de sélection des sujets ?

Non. Le critère est la volonté d’une famille que les choses avancent. Nous ne faisons une émission qu’avec son accord et l’affaire doit permettre de tenir durant 90 minutes. Nous voulons médiatiser des affaires pour permettre l’avancement des dossiers.

« Le téléspectateur doit se faire son propre avis »

Non Élucidé revient à suivre un thriller sans fin. Comment tenir en haleine le téléspectateur ?

Notre particularité est d’avoir un point d’interrogation à la fin de l’émission. Avec Jean-Marc Bloch et Negar Haeri, nous sommes concentrés sur l’enquête policière et l’idée est de permettre au téléspectateur de se mettre dans la peau de l’enquêteur en proposant plusieurs pistes tout en fermant quelques portes. La narration tient le téléspectateurs en haleine et il doit se faire son propre avis car nous devons rester neutres.

Qu’avez-vous appris auprès de l’ancien flic Jean-Marc Bloch, et de l’avocate pénaliste Negar Haeri ?

Je connais Jean-Marc depuis longtemps. L’émission doit-être pédagogique sur les techniques d’enquête policière, les éclairages juridiques... Je découvre beaucoup de choses et les choses sont bien différentes que dans la fiction. J’ai aujourd’hui un œil plus expert et je pourrais avoir le flair d’un policier avec des réflexes que je n’avais pas avant.

Avec près de dix ans d’existence, quels numéros de Non Élucidé vous restent en mémoire ?

Nous en sommes pratiquement à 50 affaires et celle autour de Xavier Dupont de Ligonnès est l’une des plus emblématiques. Les affaires qui touchent des enfants sont celles qui m’ont le plus marquée. La première que nous ayons traitée est l’affaire Jonathan Coulom : l’enlèvement et le meurtre d’un enfant de 10 ans. Je repense aussi à Estelle Mouzin et Anaïs Marcelli dans notre nouvelle saison. J’ai le plus d’affect dans ces enquêtes car j’ai moi-même des enfants et je me projette davantage. Sans oublier Grégory Vuillemin.

L’affaire Edwige Alessandri a été évoquée il y a plusieurs années dans Faites entrer l’accusé. Suivez-vous les sujets des émissions concurrentes ?

Oui nous regardons ce qui se fait par ailleurs. J’ai beaucoup de respect pour l’émission Faites entrer l’accusé et je la suis de temps en temps. Nous ne menons pas nos affaires selon ce qui s’est fait précédemment mais il arrive d’avoir des sujets communs, nous ne pouvons pas avoir systématiquement des exclusivités. Dans l’affaire Edwige Alessandri, nous étions en contact avec elle et elle a accepté de témoigner à visage découvert. Et, de mon côté, je reste persuadé qu’elle a été victime d’une erreur judiciaire.

« Il existe une fascination et un côté voyeurisme pour les histoires de faits divers »

Edwige Alessandri a été condamnée pour le meurtre de son mari. En quoi est-ce une affaire « non élucidée » ?

Effectivement, cette affaire n’est pas « non élucidé » au sens technique du terme car elle a été condamnée à trois reprises. Mais il reste une part de mystère avec une autre piste qui n’a pas été exploitée par les enquêteurs.

Comment s’organisent les recherches en interne pour apporter de nouveaux éléments à vos dossiers ?

Nous avons un outil de veille sur l’ensemble des affaires non résolues et disponibles. Nous sommes aussi en contact avec les avocats des parties civiles et nous regroupons un maximum d’informations sur les dossiers. Notre émission est une sorte de synthèse permettant de raconter l’ensemble de l’affaire avec toutes les pistes abordées. Nous essayons de bénéficier de témoignages exclusifs en remettant tout en perspective.

Quelle distinction faites-vous entre les meurtres perpétués par des femmes et par des hommes ?

C’est compliqué comme question. Les meurtres commis par des femmes sont passionnels dans 95% des cas. Mais elles sont moins nombreuses à tuer leur prochain et cette caractéristique est masculine.

Comment expliquez-vous l’attrait du public pour les émissions de faits divers ?

Les émissions de faits divers marchent de plus en plus et dès qu’il y a une grosse affaire, il existe une fascination pour ce genre d’histoires, avec un côté voyeurisme et des questions par rapport au passage à l’acte. Il y a aussi cette proximité puisque les personnes se disent que ça peut leur arriver et que ces affaires touchent des gens qui nous ressemblent.