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Incroyable Magie > Les illusions et désillusions de Dorothée

Tony Cotte
Publié le 21/12/2011 à 18:35 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

N’essayez pas de savoir ce qu’a fait Dorothée durant ses années d’absence médiatique. Ne tentez pas non plus de récolter trop d’anecdotes sur les années « Club Do’ »... L’idole des trentenaires nostalgiques ne se montre guère contemplative sur son parcours et quand il s’agit de revenir sur ce qui semble être à l’origine de ses fêlures, à savoir son éviction de TF1 et les mois qui en ont suivi, vous obtiendrez, tout au mieux, une réponse lapidaire (« Privé ! »). De sa carrière, celle qui est née sous le nom de Frédérique Hoschedé ne retient donc que du positif, mais préfère se focaliser sur le présent et l’avenir. L’occasion d’aborder Incroyable magie, sa nouvelle émission mensuelle sur RTL9. Rencontre avec une véritable icône du petit écran qui a incarné les émissions jeunesse pendant 20 ans.

Tony Cotte : Pourquoi avoir accepté d’animer cette série d’émissions sur la magie ?

Dorothée : Franck Legrand (Directeur Adjoint des Antennes du Groupe AB, ndlr) me l’a tout simplement proposée. J’ai dit oui. C’est le rêve, l’enfance, la famille... Nous sommes totalement dans la continuité du Club Dorothée.

En quoi Incroyable magie se distingue des programmes déjà existants ou des numéros d’illusionnistes présents dans Le plus grand cabaret du monde ?

Ça n’a rien à voir : nous n’avons pas d’invités, d’interviews ou des pacotilles. Nous proposons des numéros extraordinaires et bluffants. Je suis accompagnée, pour ce faire, de Laurent Beretta qui a tout de même reçu le grand prix de la magie à Monaco. Ce n’est pas n’importe qui ! Lui est plus dans la technique, tandis que je me charge du relais humain entre les téléspectateurs et ces images sublimes. C’est ma vocation.

Laurent Beretta a avoué être devenu magicien après avoir regardé vos émissions étant petit. Avez-vous conscience de l’héritage que vous avez laissé ?

Ça me touche. Mais j’aime autant ne pas en avoir trop conscience : c’est une responsabilité. Il a regardé les programmes à l’époque, s’il a aimé, tant mieux. Qu’il en fasse son métier, c’est bien. Je ne pense pas être l’élément déclencheur, juste une petite étincelle. Il vit sa vie, lui seul a du mérite.

On a souvent tendance à parler de la période Club Dorothée, bien plus que Récré A2. Pourtant, vous y êtes restée presque dix ans. Que retenez-vous de cette époque ?

C’était le b.a.-ba. On découvrait un peu le monde de la jeunesse puisqu’il n’existait pas à l’époque. Le Club Dorothée, lui, a permis de faire plus de choses. C’était un peu l’aboutissement...

Suite à votre éviction de TF1 en 1997, est-il juste de vous considérer comme la victime d’un système qui porte aux nues ses animateurs pour ensuite les écraser ?

À vrai dire, tout cela sont des querelles intestines. Je ne me suis jamais sentie concernée. Oui bon... (Elle marque un temps d’arrêt) Je n’ai pas pris ça pour moi.

Si la chaîne n’avait pas mis fin brutalement au Club Dorothée, auriez-vous continué encore longtemps ?

Je n’en ai aucune idée. Mais ça aurait fait un peu les papys à l’image. Enfin, je ne parle pas pour moi, mais pour les copains (rires). Avec ce qui se passe maintenant, ça aurait pu faire de sacrés pastiches. Je ne dis pas que nous aurions remplacé les Inconnus, mais il y avait de quoi faire. Chaque bonne chose a sa fin...


Vous arrive-t-il de regarder vos anciennes émissions ?

Jamais ! Je n’aime pas me voir. Je ne fais pas les programmes pour moi, ce n’est donc pas à moi de juger. Si vous n’aimez pas, tant pis pour moi.

Comment décririez-vous le milieu de la télévision d’il y a 20 ans par rapport à celui d’aujourd’hui ?

Hélas, ça a changé. Il y a moins de liberté à la folie et à la création. La rentabilité doit être de plus en plus immédiate, on n’a pas vraiment le temps d’installer quelque chose. Ça m’ennuie un peu. Travailler sur une chaîne du câble comme RTL9, c’est différent. On m’a laissée carte blanche, je pouvais même me mettre les doigts dans le nez ou dire des bêtises comme d’habitude (rires).

Regrettez-vous que les émissions jeunesse ne soient aujourd’hui que des « robinets à dessins animés » ?

Ça laisse le champ libre aux bêtises. Je ne dis pas que nous étions très importants, mais depuis qu’il n’y a plus d’émission pour contenir cette jeunesse un peu folle, on retrouve pas mal d’abus à droite et à gauche.

Depuis l’arrêt du Club Dorothée, on a parlé de plusieurs projets, dont une émission culinaire. Qu’en était-il réellement ?

Il s’agissait d’un projet sympa avec Pat Le Guen. Il n’y a pas eu de réponse de la part des diffuseurs. Je crois que c’était un petit peu trop tôt à l’époque. Nous étions en avance de 3 ou 4 ans : nos interlocuteurs disaient que la cuisine ne pouvait pas marcher en télé. Quand on voit le succès du genre aujourd’hui, je rigole. Bien fait ! Mais je n’ai pas envie de prendre ma revanche ou de la proposer à nouveau. C’était une envie sur le moment. Tant pis, on fait autre chose.

Vous avez tourné dans une série coproduite avec la BBC, totalement farfelue, 66 Chump Avenue. Que retenez-vous de cette expérience ?

C’était magnifique. Le même épisode était fait à la fois en anglais et en français. C’est une équipe anglaise venue en France. Vous aviez les animateurs/comédiens qui étaient sous les bestioles et on s’est pris, tous ensemble, des fous rires. C’était fantastique. Après, je suis partie en Angleterre et c’était autre chose, dans le bain de la langue anglaise. C’était un succès d’estime dirons nous...


Vous avez également fait une apparition dans le sentaï Giraya. Qu’en retenez-vous aujourd’hui ?

Wow ! J’ai été surprise par l’efficacité des Japonais. Je me souviens que je m’étais baissée pour chercher quelque chose dans mon sac à main. Je n’avais pas eu le temps de me redresser que toute l’équipe était déjà partie en direction de la carrière, la fameuse qui a été utilisée notamment pour Bioman. Je n’ai pas pour habitude d‘être attendue sur un tournage. Je me souviens avoir couru. C’était également un peu perturbant, car j’entends très bien le japonais, mais de là à le comprendre, c’est autre chose. Il fallait donc que je parle la langue, on m’a corrigé sur mon accent pour, au final, être doublée...

Votre retour dans « L’instit » a été annoncé. Vous auriez passé des essais... Pour quelles raisons n’avons-nous pas eu le plaisir de vous y retrouver ?

J’ai tourné un petit bout de pilote, mais il y a eu des querelles intestines au sein de la chaîne. Encore une fois, ça ne me concerne pas...

On pourrait croire que vous avez rencontré beaucoup de ces « querelles intestines » sur votre route...

Il y en eut plein d’autres. Je suis assez fataliste : c’est sans doute que ça ne devait pas se faire. Quand un projet est pris, tant mieux, sinon je passe à autre chose.

Vous êtes finalement revenue sur IDF1 (JLA) et aujourd’hui sur RTL9 (AB). Peut-on dire que l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ?

Je n’ai jamais quitté Claude (Berda, ndlr) et Jean-Luc (Azoulay, ndlr). AB est ma première famille, elle le sera jusqu’au bout.

Vous avez connu deux belles expériences au cinéma, L’amour en fuite et Pile ou face. Quels souvenirs en gardez-vous ?

C’étaient des moments extraordinaires. Mais Truffaut m’avait prévenue : « Vous allez avoir un mal fou à trouver d’autres personnes avec qui travailler ». En France, on a l’habitude de cloisonner. J’étais étiquetée speakerine à l’origine et je me suis mise à chanter, avant d’animer et de faire du cinéma. Ça ne plaisait pas à l’époque, les gens n’ont donc pas eu d’idée. Je le regrette, mais ma vie n’est pas terminée : on a besoin de grand-mère au cinéma.

Pour rester dans la « famille », une apparition dans les Mystères de l’amour ne vous tente-t-elle pas ?

Non. Peut-être une apparition de Dorothée en tant que Dorothée, et encore, ça ne serait pas drôle. À vrai dire, je n’en vois pas l’intérêt.