Bixente Lizarazu : « Tout le monde imagine que la France va se qualifier »
Deux matchs décisifs et des commentaires toujours aussi emportés et vivants. Bixente Lizarazu, à la voix retrouvée, Christian Jeanpierre, Arsène Wenger, sans oublier Frédéric Callenge serviront la bonne cause en apportant leurs lumières aux commentaires. À cette occasion, l’ancien champion du monde récapitule ce à quoi il faut s’attendre pour ces deux matchs et livre un constat réaliste sur l’Équipe de France.
Clément Gauthier : Les deux matchs contre la Géorgie et l’Espagne des 22 et 26 mars, représentent-ils un tournant dans les éliminatoires pour la future Coupe du Monde ?
Bixente Lizarazu : Aujourd’hui, personne n’imagine que la France va être devant l’Espagne, mais tout le monde imagine que la France va se qualifier à la Coupe du Monde. Il ne faut pas négliger la Géorgie qui représente le même nombre de points que l’Espagne même si elle semble plus accessible et fait moins rêver. En revanche, pour atteindre l’Espagne, il faudra être mieux qu’eux physiquement, car techniquement, il est impossible de rivaliser.
La place de second représente-elle un danger au vu des équipes pressenties pour y accéder ?
Il ne faut pas être obnubilé par l’idée d’être premier du groupe, car l’objectif principal est la qualification. Être deuxième ne doit pas être perçu comme un échec. Sur un match aller-retour il y a bien sûr possibilité de passer à la trappe. Est-ce qu’on est capable de mettre l’Espagne deuxième ? Si on est aussi bons qu’au match aller, on peut, mais si on joue comme on a joué contre l’Allemagne, non. On ne peut pas se permettre de ne pas être bien physiquement.
Doit-on s’attendre à un schéma particulier de la part de Didier Deschamps ?
Le bon schéma, c’est de savoir jouer avec ses qualités. Je pense qu’on ne pourra pas lutter dans le jeu avec l’Espagne et que les ingrédients que Didier a mis au match aller sont les bons. C’est-à-dire de l’intensité dans les duels, d’aller les presser pour les empêcher de développer leur jeu. Nos intentions offensives doivent être jouées à fond avec des joueurs véloces, des joueurs de percussions.
« En France, je ne vois pas de pépites comme les autres équipes peuvent en posséder »
Didier Deschamps doit-il prospecter pour trouver de nouvelles « pépites » au lieu de faire revenir d’anciens joueurs problématiques ?
En Allemagne par exemple, la question ne se pose pas lorsqu’on voit Gündoggan de Dortmund censé être le remplaçant de Schweinsteiger. Quand je vois les impressionnants Reus et Götze, je me dis que l’Allemagne a des réserves que l’on n’a pas. En France, je ne vois pas de pépites comme les autres équipes peuvent en posséder. Didier a fixé un cap, une discipline et a choisi des joueurs en fonction. Il va garder cette ligne de conduite avec des joueurs qui adhèrent au discours.
Quels sont les motifs de satisfaction de l’Équipe de France ?
La gestion du coach parce qu’il y a deux moments bien distincts. Il y a la qualification pour la Coupe du Monde et le déroulement de la compétition où les joueurs se révèlent à la fois par leurs bons et mauvais côtés. La compétition dévoile les forces et faiblesses de caractère. Les entraineurs successifs ont eu les mêmes problèmes à gérer. Pour Didier, ce sera une étape très importante dans la compétition, mais il possède la capacité de tenir les mecs au moment où les tensions seront au maximum et où l’erreur pourrait être fatale. D’autres motifs de satisfaction individuelle se nomment, en défense par exemple, Varane, Sakho, Yanga Mbiwa. En bref, les jeunes qui surgissent.
A-t-on à redouter la prestation de l’Équipe de France pendant la Coupe du Monde, en cas de qualification ?
On n’a rien prouvé pour être une nation majeure. Une équipe est ce qu’elle gagne. Les meilleurs sont les Espagnols, les Allemands, même l’Argentine qui va avoir une équipe sérieuse ou le Brésil organisateur. On n’en est pas là. Le classement FIFA est réaliste. On a cependant des atouts physiques et un milieu de terrain bien fourni avec pour exemple, un joueur comme Matuidi qui a beaucoup progressé et a une qualité physique très intéressante. Sur un match, on ne peut pas avoir de certitudes. Par contre, on peut en avoir sur la durée.