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Bruce Toussaint (Grand Angle, Liverpool / Tottenham) : « BFM est une chaîne de l’événement, c’est logique qu’elle diffuse la finale »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 01/06/2019 à 16:42

Ce samedi 1er juin, BFM TV diffuse la finale de la Ligue des Champions opposant les clubs anglais de Liverpool à Tottenham. Pour Toutelatele, Bruce Toussaint a commenté l’affiche et le choix de la chaîne pour accueillir l’événement. Il a également dressé le bilan de sa première saison aux commandes de « Grand Angle ».

Joshua Daguenet : Une finale de Ligue des Champions sur une chaîne d’information continue, est-ce bien dans l’esprit du football ?

Bruce Toussaint : Beaucoup de choses dans le football et les droits télé ont changé ces dernières années. Il est loin le temps où le foot était diffusé sur une seule chaîne. J’étais enfant... Aujourd’hui, c’est une autre logique, d’autres réalités doivent être prises en compte avec des appels d’offre, des groupes puissants dont le nôtre qui se bagarrent pour obtenir ces droits. Concernant la chaîne d’information, cela me paraît assez logique car la finale, contractuellement, doit être en clair. Or, BFM est une chaîne de l’événement. Qu’y a-t-il comme plus gros événement qu’une finale de ligue des Champions ? Il est arrivé que BFM diffuse des courses hippiques ou le record de Renaud Lavillenie.

Jean-Baptiste Boursier, votre prédécesseur, a quitté Grand Angle pour le football. Avez-vous échangé avec lui en marge de l’événement ?

Nous n’en avons pas eu l’occasion mais nous allons nous retrouver sur place car il va être sur RMC Sport, le codiffuseur de cette finale.

Après le large succès de Chelsea contre Arsenal, une autre finale 100% anglaise se dispute avec Tottenhal / Liverpool. Le groupe diffusant la Premier League, ces affiches ne sont-elles pas un peu frustrantes ?

C’est particulier une finale opposant deux équipes d’un même pays. Récemment il y a eu une finale avec deux clubs de Madrid. Les amateurs de foot sont habitués à ça, ce sont des configurations qui peuvent se produire. Aujourd’hui, les clubs sont internationalisés. Hugo Lloris, le gardien de Tottenham, est la capitaine de l’Equipe de France. Nous avons aussi Lucas qui a longtemps joué au PSG. C’est aussi un spectacle et des grands joueurs.

Trois clubs de Londres sont même présents parmi ces quatre équipes. Est-ce qu’il manque au football français des rivalités au sein d’une même ville ?

Bien sûr, mais le foot français a quelques lacunes par rapport aux grands championnats européens : espagnol, italien et anglais particulièrement. C’est un problème d’investisseurs, d’histoire. Les clubs anglais de Londres ont une histoire quasiment centenaire. C’est difficile de faire émerger une rivalité entre le PSG et un autre club parisien.

Pour votre première saison à Grand Angle, l’actualité ne manque pas avec les Gilets Jaunes. Comment avez-vous tenté de vous renouveler chaque soir avec un sujet social aussi présent ?

Honnêtement on a été confrontés à une crise sociale sans précédent qu’il a fallu raconter, commenter chaque soir. Il s’est passé tellement de choses durant ces quelques mois : les samedis de manifestation avec des incidents très graves, l’émergence de certains personnages, les polémiques politiques. Nous n’avons pas eu de mal à raconter ça jour après jour. Le décryptage a été permanent, long. La demande du public a été présente au niveau des explications et des débats. Nous avons accompagné cet événement historique

Les Gilets Jaunes ont recouvert d’autres catégories de sujets dans Grand Angle comme les faits-divers ou l’actualité internationale. Le net recul du mouvement ces dernières semaines vous a permis progressivement de varier à nouveau les thèmes...

Oui c’est notre responsabilité d’accorder moins de place à un mouvement lorsqu’il s’essouffle. Cette hiérarchie de l’information est souvent très critiquée et nous sommes souvent pointés du doigt pour ça.

« BFM a accompagné un événement historique avec les gilets jaunes »

Une semaine après les résultats, quelle est votre analyse des élections européennes ?

Nous avons été surpris par certains résultats, non pas le duel final annoncé depuis longtemps, mais la forte percée des écologistes et le recul très net des Républicains. Politiquement, cela a suscité beaucoup de commentaires. Il faut aussi parler du score de la France Insoumise. À l’occasion de ces élections européennes, nous avons assisté à une réplique du séisme politique de 2017 avec la défaite confirmée des partis traditionnels.

Vos dernières expériences radio que ce soit à Europe 1 ou France Info ont toujours été brèves. Aujourd’hui, la radio est-elle un média plus fluctuant que la télévision ?

C’est lié à ma situation personnelle. Il y a une forte concurrence à la radio et notamment le matin. J’ai eu de la chance d’assurer des matinales. Les enjeux d’image et économiques sont gigantesques, la pression est énorme donc les changements sont plus fréquents. Malgré tout, Yves Calvi est dans sa cinquième saison sur RTL, Jean-Jacques Bourdin a bientôt dix-sept ans sur RMC. Sur France Inter, Patrick Cohen a duré dix ans...

Les généralistes RTL et Europe 1 connaissent une crise de fond. Comment expliquer ces chamboulements au niveau des audiences ?

J’ai la chance de faire ce métier depuis quelques années. Il n y a pas de recette magique pour faire de l’audience. L’instabilité d’Europe 1 ces dernières années n’a pas aidé, c’est un euphémisme. Concernant RTL, j’ai le sentiment que cette radio reste très puissante, elle pourrait repasser devant France Inter en juillet. Il faut être prudent et regarder les tendances sur le moyen terme.

Le mercato télé et radio est déjà en préparation un peu partout. Y’aura-t-il du changement vous concernant ?

Je souhaite continuer à présenter Grand Angle la saison prochaine. Nous avons un nouveau directeur général, je m’en réjouis car je le connais depuis longtemps. Nous avons travaillé pas loin dans les années 90 à Canal+. Nous discuterons de tout ça dans les prochaines semaines.

Un retour à la radio est-il d’actualité ?

Ce n’est pas prévu pour l’instant.