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Bruno Dumont (P’tit Quinquin) : « Je me moque franchement de la série policière »

Claire Varin
Publié le 18/09/2014 à 18:28

« On m’a proposé de faire une série. Je ne me suis pas précipité parce que je ne me sentais pas forcément être la bonne personne. On a insisté un peu et j’ai dit ’oui, si on me laisse carte blanche’, a raconté Bruno Dumont, lors de la projection presse de P’tit Quinquin. Et en même temps, j’avais envie de faire depuis très longtemps une comédie. »

Arte a donné au réalisateur de L’humanité sa carte blanche. La chaîne exigeait simplement un format de 4 épisodes de 52 minutes. « Alors j’ai rentré la bête dedans », a déclaré amusé Bruno Dumont sur France Inter, lundi 15 septembre. Il n’y connait pas grand-chose en séries télé et l’assume : « Je connais bien les Experts. Ça s’arrête là », dit-il pour ensuite affirmer se moquer franchement de la série policière. « Je n’obéis pas aux règles. De toute façon, les règles, je ne les connais pas. » Bruno Dumont et la télévision, c’est donc une grande première. Et c’est l’événement de la rentrée d’Arte. Mais est-ce vraiment de la télé ? On remarque que P’tit Quinquin fait le tour des festivals de cinéma plutôt que celui des festivals consacrés aux séries.

Néanmoins, le réalisateur réfute avoir fait un « long film ». Selon lui, le format série lui a permis d’explorer de nombreux personnages et de faire coexister une intrigue policière avec le point de vue des enfants, installant ainsi un équilibre. Mais au-delà de sa posture, Bruno Dumont signe une fiction burlesque et poétique, tournée dans le Nord avec des comédiens non-professionnels.

Le téléspectateur est donc invité à suivre une enquête criminelle campagnarde assez gore (le corps découpé d’une femme est découvert à l’intérieur d’une vache morte), menée par un duo de flics burlesque, qui se heurte à la curiosité du jeune P’tit Quinquin et de ses camarades.

« Ce qui me fait rire, c’est le burlesque. Et j’ai aimé aller dans l’extravagance et dans le malséant, parfois. De temps en temps, c’est un peu limite. Et c’est bien, raconte le cinéaste. Je pense qu’il faut y aller. Et puis, on est protégé par le comique. Ce n’est pas sérieux, c’est une farce. »

À travers cette fable tragi-comique, Bruno Dumont aborde des thèmes comme la misère sociale et affective, ou encore, le racisme. Mais attention, le cinéaste refuse tout naturalisme. « Je ne me sens pas du tout naturaliste. Le film ne dit pas une vérité sur une situation sociologique ou historique contemporaine du Nord-Pas-de-Calais. »

P’tit Quinquin est diffusé les jeudis 18 et 25 septembre à 20h45 sur Arte.