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Cyril Garnier (Demain nous appartient) : « Thomas va avoir beaucoup de mal à assumer son passé et tout ce dont il est responsable »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 27/11/2017 à 18:40 Mis à jour le 27/11/2017 à 20:11

Ce lundi 27 novembre, Cyril Garnier fera son arrivée dans Demain nous appartient sur TF1. L’interprète de Thomas se confie sur l’évolution de l’intrigue de son personnage, le succès de la série et ses projets.

Benoît Mandin : Votre personnage Thomas rejoint Demain nous appartient ce lundi 27 novembre. Dans quel état d’esprit se situe-t-il lors de son arrivée à Sète ?

Cyril Garnier : Thomas arrive en étant assez ouvert sur son avenir. Il a envie de refaire sa vie en revenant à ses attaches familiales et les personnes avec qui il s’est construit. Son passage à Barcelone a été un échec, il ne s’est pas du tout à quoi s’attendre à Sète, mais il est positif et optimiste.

Dès son arrivée, Thomas se fait tirer dessus et est retrouvé ensanglanté sur le quai du port par Chloé. Comment va-t-il vivre ses retrouvailles mouvementées ?

Thomas a retrouvé sur son bateau une importante somme d’argent en liquide et il n’en connaît pas la provenance. Il le prend comme un cadeau et il compte bien en faire profiter sa famille et les gens qu’il aime. Il ne fait pas tout de suite le rapprochement avec l’homme qui lui tire dessus, car il n’a aucune information sur son identité et qu’il n’y a pas de revendication. C’est un personnage qui prend tout à la légère et il se ne pose pas trop de questions. L’agression va être liée à l’argent trouvé sur son bateau, mais Thomas va être dans un premier temps dans une forme de déni.

Thomas va faire le choix de minimiser l’incident...

Je pense qu’au fond de lui il se doute que sa découverte et l’agression sont liées. Thomas est un type honnête même s’il magouille un peu avec son restaurant, mais ce n’est pas un vrai malfrat. Il n’a pas envie d’en savoir plus, car il veut profiter de cet argent et des gens qu’il retrouve. Il ne veut surtout pas arriver à Sète avec une énergie négative.

À la lecture du scénario, comment avez-vous appréhendé la partie légère de Thomas ?

Mon arrivée sur la série a été très rapide et je n’ai pas eu énormément de temps pour me poser des questions. J’y suis allé beaucoup à l’instinct et j’ai travaillé sur ma première journée de tournage avec le réalisateur (Denis Thibault, ndlr) autour de cet aspect du personnage qui n’est pas évident. Alors que l’on aurait tous envie de se poser un tas de questions si on se faisait tirer dessus, c’est l’une des caractéristiques fortes de Thomas. Il cache derrière la légèreté un masque de protection après avoir vécu un passé douloureux à Sète et à Barcelone. J’ai eu des difficultés à appréhender cette légèreté parce qu’elle est difficile à intérioriser et puis finalement, sa manière de tourner les choses à la dérision et l’humour le rend sympathique. Thomas va se servir énormément de la légèreté et de l’humour dans les différentes situations auxquelles il va être confronté.

Angelina, jouée par Frédérique Bel, est une personnalité sombre et s’est donnée pour objectif de reconquérir Thomas. Celui-ci a-t-il connaissance de ses activités dans le financement occulte ?

Angelina est son ex-compagne et il n’est pas très heureux de la retrouver à Sète. Thomas est très amoureux de Flore Vallorta et il est revenu à Sète pour la reconquérir. Angelina arrive donc comme une épine dans le pied et il ne sait pas trop comment gérer la situation. Il va se servir de l’humour et de la légèreté, mais sans se douter qu’Angelina a des activités dans le grand banditisme. Thomas est persuadé qu’elle est juste là par hasard et dans le but de continuer leur relation passée à Barcelone. Il tombe de dix étages quand il apprend ses activités...

Quelle stratégie Thomas va-t-il mettre en place pour préserver Chloé et sa famille ?

Il porte un fardeau à travers son passif de Barcelone dont il essaye de se débarrasser. Thomas va être rattrapé par toutes ces histoires puisque les activités criminelles d’Angelina vont lui retomber dessus. Il va être arrêté par la police, ce qui va l’amener à faire tomber le masque. Il veut protéger Chloé et a une relation extrêmement fraternelle avec son petit cousin Maxime. Dans un premier temps, il fait l’erreur de cacher ce passé et puis Chloé va être extrêmement curieuse et maligne pour découvrir la vérité. Maxime va être lié à l’histoire et sera l’élément déclencheur pour Thomas. Il va réaliser que s’il ne gère pas les conséquences de son passé correctement, les gens qu’il aime vont en souffrir.

Maxime ne va-t-il pas finir par remettre en question le lien fraternel qui l’unit à Thomas ?

Non et c’est ça qui est très fort dans le personnage de Maxime ! Il reste très fidèle à son cousin pour qui il a énormément de sympathie. Maxime voit en lui une personnalité attachante et qui a de l’argent. Il va être fasciné par le personnage de Thomas, ce qui va lui jouer des tours. Maxime va se retrouver mêlé aux affaires de Thomas par sa fidélité. C’est un personnage droit, très bien éduqué et qui a des valeurs. Malgré tout, son manque d’expérience va lui porter préjudice. Le fait que Maxime va tomber dans ce piège va pousser Thomas à se responsabiliser. Chloé va le forcer à assumer et devenir en quelque sorte un homme.

« Thomas va se servir énormément de la légèreté et de l’humour dans les différentes situations auxquelles il va être confronté »

Thomas se retrouve entre Angelina, venue à Sète pour le reconquérir, et Flore, son amour de jeunesse qu’il aime en secret. Comment va-t-il gérer cette situation ?

Il ne va pas bien gérer du tout (rires). Thomas souhaite se débarrasser d’Angelina pour protéger Flore, mais Angelina a tout intérêt à renouer leur relation pour le bienfait de ses affaires de banditisme. Angelina est liée à l’argent retrouvé sur le bateau de Thomas et cela va être très compliqué pour Thomas. D’un côté, il va tenter de rassurer Flore en se montrant sur son meilleur jour et de l’autre, il va être obligé de jouer un double jeu avec Angelina pour aider le commandant Constant et Lucie à avancer dans l’affaire. Il va jongler entre ses mensonges envers Angelina et Flore, tout en se dévoilant et vivre une histoire d’amour avec Flore.

Comment avez-vous imaginé ce paradoxe ?

Quand je travaille, j’essaye toujours de partir de choses que je connais. Dans les situations de stress et d’inconfort, j’ai très souvent envie de rire parce que je trouve ça absurde de se retrouver dans des situations d’une extrême complexité. Je me suis appuyé sur ce levier là en disant que le départ de son rire et de son humour vient toujours d’une gêne, c’est ce qu’on appelle le rire cathartique qui arrive toujours au mauvais moment. Cette légèreté cache une profonde angoisse et il faut sur chaque scène jauger pour savoir si le drame qu’il joue est plus ou moins grave. Thomas aura l’air moins léger dans les situations qui nous apparaissent moins anodines, le mettant systématiquement en contre-pied.

Flore va être sous la menace de Peres, un homme qui a pour objectif de récupérer ses 200.000 euros....

Son amour de jeunesse va être menacé plus d’une fois et c’est le drame de Thomas. Flore a essuyé beaucoup de déceptions amoureuses, Thomas arrive comme un sauveur et quelqu’un sur qui on peut s’appuyer. Il va n’avoir que de cesse de la rassurer sur son intégrité, mais par les histoires avec Peres et Angelina, il va être mis en porte-à-faux vis-à-vis de ce qu’il souhaite représenter. Au fur et à mesure de leur relation, Flore va découvrir son passé et va pousser Thomas à se justifier. Il va devoir revenir à chaque fois sur ce qu’il lui a dit, elle va perdre confiance et il va être contraint de la reconquérir. Thomas va avoir beaucoup de mal à assumer son passé et tout ce dont il est responsable. Il ne va en aucun cas avoir un esprit de revanche envers Angelina.

Comment définiriez-vous Thomas ?

Je pense que c’est un romantique extrêmement timide qui a un manque de confiance en lui. Il le masque par un excès d’humour et de sympathie vu qu’il a énormément de mal à se livrer. Alors que Chloé et Flore vont le sonder, il va avoir un gros travail à faire sur lui-même pour reprendre son rôle à Sète et parmi ses proches. Il va devoir revenir sur son passé et montrer patte blanche vu qu’il est lié à des histoires sordides. Derrière un humour et une fraîcheur, il cache un passé douloureux, notamment sa relation avec Flore.

Quelles similitudes le public pourrait-il retrouver entre Thomas et Cyril Garnier ?

Je crois que je suis parfois proche de Thomas dans ma façon de dédramatiser les choses par l’humour. Bien qu’ils m’ont vu à travers le duo Garnier et Sentou dans On n’demande qu’à en rire, les téléspectateurs ne me connaissent pas intimement. Je pense que cet humour va ressortir et j’espère qu’ils seront heureux de retrouver cet aspect allégé que j’ai pu avoir en faisant des sketchs à la télévision. Je suis plutôt quelqu’un de droit et je n’aime pas laisser la « poussière sur le tapis ». J’ai déjà traversé ce que Thomas va vivre, mais je n’ai pas son côté fuyant.

Savez-vous si Thomas peut devenir un rôle récurrent dans Demain nous appartient ?

C’est la discussion du moment. Je pense que ce personnage va rester un peu parce qu’il est très implanté dans les intrigues et comme il a des liens forts avec Chloé, Flore... Je ne sais pas encore quand il peut revenir et sous quelle forme.

« Thomas veut protéger Chloé et a une relation extrêmement fraternelle avec son petit-cousin Maxime »

Que pensez-vous de son évolution ?

Elle est superbe ! L’arche de ce personnage sur quelques semaines est très intéressante parce que c’est un « adulescent » qui va devenir adulte. Il va apprendre énormément de choses sur lui-même, car il sera dans le dilemme entre son amour, son honnêteté, ses désirs... Cela est intéressant à jouer et à construire vu que c’est un personnage qui a une grande trajectoire. À la fin de ces quelques semaines, Thomas aura beaucoup évolué.

Par quoi avez-vous été séduit dans le projet Demain nous appartient ?

Je trouve intéressant le fait que ça soit une quotidienne, tout va très vite sur les plateaux. En tant qu’acteur, c’est passionnant de le travailler, car il faut apprendre à être présent tout de suite, très efficace et endurant. Les tournages peuvent être éprouvants, mais c’est une très bonne école. Le personnage en lui-même est extrêmement sympathique et connaît une grande évolution donc il y a beaucoup de choses à jouer. La série a des intrigues très bien ficelées et extrêmes, on n’est pas dans quelque chose de trop quotidien, ce qui permet de créer des situations assez inattendues et surprenantes.

Vous êtes déjà apparu dans Alex Hugo, La vie devant elles et Camping Paradis. Comment avez-vous appréhendé ce premier grand rôle dans une série ?

Demain nous appartient est une série quotidienne qui s’écrit comme elle se tourne. On ne sait pas toujours où on va donc il faut faire extrêmement confiance aux auteurs et réalisateurs. Quand j’ai tourné Alex Hugo ou Camping Paradis, j’ai eu toute l’intrigue de mon personnage avant de démarrer le tournage. Dans Demain nous appartient, je ne savais pas dans quelle direction allait Thomas et c’était un peu angoissant.

Depuis quelques semaines, Demain nous appartient connaît un succès grandissant. Comment expliquez-vous l’attachement du public ?

Pour installer une série, les téléspectateurs sont rassurés par les visages qu’ils connaissent. Demain nous appartient a pour cela des têtes d’affiche, mais il faut du temps pour que les gens appréhendent tous les personnages et qu’ils aient envie de savoir comment ils vont réagir face à telle ou telle situation. C’était un vrai pari pour TF1 de laisser Demain nous appartient s’installer. Ils ont raison de le faire puisque le public répond présent et est même en demande. Nous devenons familiers puisque l’on est tous les soirs chez eux et ils s’habituent petit à petit à nos personnages. Certains ont même du mal à faire la séparation entre les personnages et les acteurs, ils peuvent être parfois en colère ou en grande tristesse par rapport à ce qu’il peut leur arriver.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

En tant que comédien, cela m’a apporté de la rapidité et de la souplesse. On projette des choses sur une scène et puis parfois, celle-ci change de décor au dernier moment. Il nous arrive très souvent de recevoir des nouvelles scènes la veille pour le lendemain. Vu que l’on ne sait pas dans quelle direction on va, il y a une forme de lâcher-prise en se laissant porter par les scénaristes et producteurs. Humainement, ça m’a apporté une rencontre avec le reste de la distribution et des équipes qui m’ont réservé un bon accueil. Je me suis senti accueilli dans une famille, c’était très agréable.

Avec Guillaume Sentou, vous êtes rapidement devenu l’un des pensionnaires récurrents d’On n’demande qu’à en rire sur France 2. Quels souvenirs en gardez-vous ?

C’est une très belle époque pour moi. On avait champ libre une fois par semaine que ça soit en création ou en délire. Un peu comme Demain nous appartient, il fallait être productif puisque c’était un sketch par semaine. On avait une grosse pression vu que l’on pouvait sortir de l’émission à tout moment, le tout avec un grand désir d’efficacité, d’être drôle et rapide. C’était aussi extrêmement grisant d’avoir accès aux costumes, accessoires et aux moyens de production pour réaliser tous les délires qui nous passaient par la tête.

« L’arche autour de Thomas est très intéressante parce que c’est un adulescent qui va devenir adulte »

La relance de l’émission par Bruno Guillon n’a pas rencontré le succès. Pensez-vous qu’On n’demande qu’à en rire pourrait encore avoir sa place aujourd’hui ?

Le problème de cette émission est qu’elle crée un afflux de talents important sur une courte période et qu’à un moment donné, il y a une saturation du public. Des humoristes comme Olivier de Benoist et Arnaud Tsamère, se sont fait une place, mais ces émissions sont cycliques. Il y a eu Le petit théâtre de Bouvard, La classe et On n’demande qu’à en rire. Je pense qu’une autre émission viendra, mais pas tout de suite... Il faut trouver une autre forme, une idée nouvelle et c’est là où Laurent Ruquier a été très intelligent puisqu’il a réussi à rendre plus contemporaine et moderne une émission comme La classe à travers la création d’un système de jury, de notes, de buzz...

Vous avez été révélé au public par Incroyable Talent en 2007. Alors que la nouvelle saison est actuellement diffusée sur M6, quel regard portez-vous sur l’émission ?

Cette émission est super. Elle permet à des gens d’émerger et le public peut découvrir des talents extraordinaires. C’est extrêmement positif, car cela donne envie aux gens d’aller dans les salles pour voir des talents fous dans la magie, la chanson, le cirque... Les téléspectateurs ne se rendent pas compte qu’ils ont que 50% de la sensation de ce qu’ils voient devant la télé, il faut les vivre en vrai.

Après l’affaire Gilbert Rozon, M6 a décidé de maintenir La France a un incroyable talent 2017 en supprimant les castings. Qu’avez-vous pensé de ce choix ?

Je trouve que c’est une sage décision, car il y a des tas d’artistes qui attendent après cette émission. Le public est demandeur pour voir tous ces numéros et l’affaire Gilbert Rozon ne concerne que lui. Le public et les artistes n’ont pas en subir les conséquences donc il ne faut pas « jeter bébé avec l’eau du bain ». L’histoire de Gilbert Rozon est totalement indépendante de l’histoire des personnes qui font cette émission.

Avez-vous d’autres projets ?

Je tourne actuellement une série pour France 3. Il s’agira d’un trois fois cinquante-deux minutes et d’un polar avec Claire Keim. Je continue d’écrire avec Guillaume Sentou, on présente une série à France Télévisions dans quinze jours. Parallèlement, on travaille sur un projet à long terme et je poursuis l’écriture de choses plus personnelles. J’ai réalisé un court-métrage l’année dernière et j’aimerais refaire du théâtre. Je suis en tournée avec Piège mortel que j’ai joué l’hiver dernier à Paris aux côtés de Virginie Lemoine et Nicolas Briançon. D’ailleurs, Virginie vient de me proposer une autre pièce.