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Départs en chaîne des animateurs stars de la RAI

Par
Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 14/12/2004 à 00:19

Il y a comme un goût de Waterloo à Viale Mazzini, le siège romain de la RAI, la télévision publique italienne. En effet, il en faudrait guère peu pour imaginer en Napoléon le directeur de la première chaîne, Fabrizio Del Noce (au centre de la photo). Ancien journaliste proche du parti au pouvoir, il a réussi, depuis sa nomination, à mettre au placard, à licencier ou à laisser partir pour la concurrence des personnalités qui ont fait le succès de la chaîne.

L’épisode le plus médiatisé dans toute l’Europe, puisque clairement politique, est la suppression de la chronique quotidienne du journaliste octogénaire Enzo Biagi, qui avait eu le malheur d’aborder à 20h30 les démêlés judiciaires de Silvio Berlusconi. A nouveau chef du gouvernement, ce dernier avait également obtenu les licenciements du journaliste Michele Santoro et de l’humoriste Daniele Lutazzi, qui officiaient sur les petites « sœurs » RAI 2 et RAI 3.

Mais bien avant cette injonction venue du sommet de l’Etat, Fabrizio Del Noce avait coupé les ponts avec les stars des années dominées par la gauche. Parmi elles, un duo qui a longtemps animé les divertissements-phare de RAI 1. Depuis 3 ans, Milly Carlucci s’est contentée de présenter une dizaine d’émissions événementielles (dont le Téléthon local). Quant à Fabrizio Frizzi, dont la présence à l’écran permettait de le comparer à Jean-Pierre Foucault, il a vu ses émissions, pourtant très populaires, systématiquement critiquées par le directeur, qui, soit dit en passant, les avait mises à l’antenne...

Plus récemment, le licenciement de Pippo Baudo (sur la photo à gauche)
, le Michel Drucker italien, avait mis le pays en émoi. Parce qu’il avait osé critiqué les dirigeants actuels de ne pas lui confier d’émission, la RAI a même intenté un procès et lui demande la bagatelle de 4 millions d’euros de dommages et intérêts. Un traitement qui laisse perplexe pour une figure historique du petit écran transalpin, qui a passé la plupart de ses 40 ans de carrière sur la RAI.

Le coup d’éclat est arrivé cependant la semaine dernière lorsque le chanteur Adriano Celentano (sur la photo à droite), dont la carrière peut-être mis en parallèle avec celle de Johnny Hallyday, refuse l’offre mirobolante de la RAI, qui avait déjà prévu pour le printemps un show qui aurait, comme à l’accoutumée, battu tous les records d’audience. Habitué à avoir carte blanche, le chanteur a refusé que la chaîne n’exerce un droit de regard sur les textes de la future émission. La star, qui n’a pas la langue dans sa poche, pouvait devenir dangereux en pleines élections régionales...

Si la RAI ne ménage pas mieux ses vedettes, l’hémorragie pourrait continuer. Amadeus, qui anime le jeu d’access-prime-time, L’Eredità, menace de claquer la porte depuis qu’il a appris dans la presse son remplacement aux commandes de Music Farm, un divertissement en prime-time. Une mésaventure partagée par Paolo Bonolis, pourtant animateur de l’émission la plus regardée du pays : c’est dans les journaux qu’il a su que Affari tuoi (A prendre ou à laisser en France) laissera finalement sa place, en janvier, à un nouveau jeu.

Ces départs en série ont profité, profitent et profiteront sans doute encore à Mediaset, le groupe de télévision du Premier ministre, bien heureux de recueillir les fruits de cette perpétuelle révolution de palais...