Toutelatele

Florence Pernel (Enquête parallèle) : « Fred ne craint pas grand-chose car elle en a vu d’autres »

Par
Rédacteur - Expert TV & Séries
Publié le 09/12/2023 à 18:27

Au-delà de son rôle de Florence Larrieu dans Le juge est une femme, diffusé entre 1993 et 2002 sur TF1, Florence Pernel a interprété de nombreux rôles à la télévision, au cinéma et au théâtre. Dans Enquête parallèle, ce samedi 9 décembre 2023 sur France 3, elle incarne Fred, une ancienne reporter de guerre, heureuse maman jusqu’à ce qu’un mort tombé du Pont des Suicidés ne réveille son goût de l’enquête profonde et complexe. Pour Toutelatele, Florence Pernel dévoile les coulisses de cette fiction.

Clément Gauthier : Entre votre rôle de Fred dans Enquête parallèle et celui de Florence Larrieu dans Le juge est une femme autrefois sur TF1, le dénominateur commun de ces personnages est la soif de justice. Est-ce déterminant pour accepter ce rôle ?

Florence Pernel : Ce qui m’a fait accepter le rôle, c’est d’entrer dans une nouvelle série à la demande d’Anne Holmes, la directrice de la fiction française de France Télévisions. Ça partait sur le principe que Fred était journaliste et sortait du cadre judiciaire. Je trouvais ça très sympathique de pouvoir jouer un personnage libre dans sa façon d’agir avec la possibilité de recueillir une information de façon marginale. J’aimais aussi le passé d’ancien reporter de guerre qui fait qu’elle ne craint pas grand-chose, car elle en a vu d’autres.

Malgré le sujet tragique de ce téléfilm débutant par la mort d’un homme tombé d’un pont, vous jouez la carte de l’humour, notamment avec Manu, un homme benêt et innocent. Comment avez-vous répété ces scènes avec Jean-Baptiste Shelmerdine ?

Avec Jean-Baptiste, on a fait des lectures et comme toujours quand vous créez des personnages, vous leur insufflez beaucoup de votre personnalité. C’est un peu comme quand j’avais fait Le Juge est une femme avec Frédéric Diefenthal. Il y a beaucoup de notre complicité qui transparaît dans les rôles. On se sert de nos réparties communes pour rebondir. La demande était aussi de rester dans une comédie policière.

« Fred peut être à la fois maternelle et complice, mais aussi brut de décoffrage »

Votre personnage revient de zones de conflits, elle a été blessée en tant que reporter de guerre et place désormais sa caméra à Lyon. Elle fait dire au Maire de la ville ce qu’elle veut et se désintéresse des sujets lambda. En filigrane, y a-t-il une critique du journalisme de terrain, soit trop tranquille, soit trop dangereux ?

Je ne pense pas qu’il faille pousser l’analyse jusque-là. Il n’y a aucune critique du journalisme. La proposition est de traiter des sujets graves de façon légère et de toujours amener le sens du divertissement. Il aurait fallu travailler ça beaucoup plus en fond pour émettre une critique ou faire une parodie s’il y en a une à faire. Fred ne traite plus des grands sujets d’actualité, elle a fait des choix comme elle le dit à sa fille.

Le choix était de ne plus repartir, car à partir du moment où cette petite fille est entrée dans sa vie, elle a décidé de devenir maman. Une mère reporter de guerre, c’est difficile à gérer surtout sans papa. À elle seule, elle représente toute la colonne affective de cette petite fille. Dans la vie, ce qui compte ce sont les choix que l’on fait et les politiques que l’on mène pour s’y tenir.

« Fred ne masque pas ses opinions »

À l’écran, vous affichez une belle complicité avec le capitaine de gendarmerie Pierre Langlois (Medi Sadoun), mais votre patronne Pauline Doré (Frédérique Tirmont) et Manu cherchent quelque chose qui vous rend plus « humaine » à l’écran lors de vos reportages. Vous êtes cependant aimante avec Rosa et cherchez à réhabiliter un mort. S’agit-il selon vous de faire transparaître l’une des leçons du téléfilm, à savoir qu’il vaut mieux toujours se méfier des apparences ?

Je pense qu’on est tous faits de contradictions. Les gens ou les personnages lisses sont ennuyeux. Là, ce qui est intéressant, c’est Fred qui peut être à la fois maternelle et complice, mais aussi brut de décoffrage, car elle n’a pas la langue dans sa poche. C’est ce que j’appellerais un caractère entier qui ne tergiverse pas. Elle ne masque pas ses opinions. Au contraire, elle les affiche. Elle est comme tout le monde, pleine de contrariétés, de qualités et défauts pouvant s’entrechoquer.

Vous explorez différents mondes, celui des altermondialistes vivant reclus sur eux-mêmes, jusqu’à la grande bourgeoisie signant des contrats avec des industriels véreux prêts à polluer les sols envers et contre tous. Pensez-vous qu’il soit possible de réconcilier ces deux mondes ?

Je nous le souhaite à tous pour notre avenir commun. J’aimerais que ces deux mondes soient réconciliables et qu’on accepte de changer nos modes de vie pour avoir une société plus vivable pour les prochaines générations.

Les bases sont posées dans ce téléfilm avec des personnages clairement identifiés, une suite est-elle prévue ?

On va tourner deux prochains épisodes, l’un au mois de mai et l’autre au mois d’août 2023. Pour la suite, tout dépendra du succès de la collection et de l’envie des téléspectateurs d’y retourner. Ça dépend de l’audimat.