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François Florentiny (Directeur Général d’ITV Studios France / Tout peut arriver) : « Le but n’est pas de faire un copier-coller de la version originale »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 11/02/2015 à 18:52 Mis à jour le 02/03/2015 à 13:10

M6 lance ce 11 février en prime time Tout peut arriver, présenté par Jérôme Anthony et Guillaume Pley. Après l’échec d’Un Air de star en 2013, la Six retente l’expérience du divertissement pur en prime time. À cette occasion, François Florentiny, Directeur Général d’ITV Studios France, s’est exprimé sur les enjeux de cette nouvelle émission et les adaptations réalisées par rapport au format original britannique. Rencontre.

Benjamin Lopes : Tout peut arriver est lancé sur M6 ce mercredi 11 février. Comment décririez-vous ce format ?

François Florentiny : C’est un grand divertissement qui propose de mettre à la disposition de particuliers des moyens de production conséquents pour leur faire des surprises, destinées à des personnes méritantes. Des proches peuvent piéger leur mari, leur femme ou leur cousin. On prévoit ainsi des pièges sur mesure. Ça peut être quelqu’un qui est fan d’un artiste, ou une personne qui fait une collection, et on va gentiment se moquer de lui.

Il s’agit d’une adaptation. Avez-vous repris tous les codes visuels et la structure de la version originale britannique ?

Concernant l’habillage oui, c’est assez classique en télévision. Le générique de l’adaptation française de Tout peut arriver est, par exemple, calé sur celui de la version britannique. En revanche, la structure sera différente puisque ce format existe depuis douze ans en Angleterre. Ce que les deux animateurs anglais se permettent dans la version la plus récente, c’est vraiment dû au succès de l’émission. Les programmes où il est possible de faire une vanne de trois minutes en ouverture sont rares, car c’est très risqué.

Vous êtes-vous finalement éloigné de la version diffusée sur ITV outre-Manche ?

On repose sur une bible de segments (150 gags, ndlr) qui nous permettent de pouvoir piocher dedans en fonction des profils qui nous sont proposés au casting. Mais en rien le but est de faire un copier-coller de la version originale, ni de copier la complicité des animateurs originaux qui n’est pas la même puisqu’Ant & Dec (les animateurs en Angleterre, ndlr) forment un tandem qui se connait depuis 20 ans.

« On a voulu s’écarter de ce qui avait déjà été fait sur le marché français »

En Angleterre, les deux animateurs réalisent des défis impressionnants durant l’émission. Cette partie a-t-elle également été gommée pour M6 ?

La mécanique de l’émission ne sera pas la même. En effet, vous ne verrez pas Guillaume contre Jérôme. Il n’y aura donc pas de grands jeux en extérieurs, à l’instar du Bigdil. On a vraiment axé sur la promesse principale de l’émission qui est de surdimensionner les moyens qui sont mis en place pour des particuliers. On a voulu s’écarter de ce qui avait déjà été fait sur le marché français et il faut dire qu’en Angleterre, les animateurs sont beaucoup mis en avant en prime time avec des quiz et des programmes assez spectaculaires.

Dans tous les pays où le format a été adapté, le duo de présentateurs était très connu du grand public. Si Jérôme Anthony est une figure bien identifiée du public de M6, Guillaume Pley l’est beaucoup moins après l’échec de Rising Star. Ne craignez-vous pas ce choix ?

Le duo entre Jérôme Anthony et Guillaume Pley fonctionne très bien, car ils sont complémentaires. La logique de M6 est de s’inscrire dans celle de départ d’ITV. Au début, la chaîne anglaise a été chercher un nouveau tandem d’animateurs. C’est le cas de Guillaume Pley pour Rising Star. En plus, en France, les duos d’animateurs naturels et identifiés sont très rares, mis à part Charlie et Lulu, ou Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze.

Tout peut arriver a été lancé en 2002 en Angleterre. L’émission est adaptée en 2015 sur M6 en France, mais aussi sur NBC aux États-Unis. Ce programme connaît-il une seconde vie à l’internationale ?

Pendant de nombreuses années, les chaînes ont misé sur Nouvelle Star, X-Factor ou encore Incroyable Talent. En 2009, la version anglaise de Tout peut arriver s’est arrêtée et on s’est rendu compte à son retour en 2012 qu’elle était plus puissante en terme d’audience que des formats de talent quest. Les chaînes étaient globalement frileuses et ont attendu la confirmation de ces bons scores en 2013. ITV a alors battu The Voice sur BBC One. À ce moment-là, les diffuseurs à l’international se sont intéressés à cette émission qui est différente d’un talent show et avec beaucoup de codes très identifiants.

Pourquoi le format n’est pas arrivé avant en France ?

La prime était à la télé-réalité entre 2007 et 2012. Tout peut arriver est l’un des premiers formats que nous avons pitché sur le marché français en 2010. Tout le monde a reconnu la puissance de l’émission. Personne ne voulait véritablement y aller, car c’était contre la tendance du moment. À partir de l’instant où les audiences des formats de talent quest se sont un peu érodées, il était très naturel pour tout le monde de revenir sur du divertissement pur. On l’a vendu à M6 début 2014. Par la suite, les États-Unis, apprenant que le marché français partait sur ce format, ont repitché l’émission et elle a été achetée par NBC.

« On sait qu’il existe un enjeu assez important pour M6 »

Le format fonctionne très bien en Angleterre avec près de 8 millions de téléspectateurs en consolidé pour la dernière saison sur ITV. Pourtant, à l’international ce programme a eu un peu plus de difficulté. Comment l’expliquez-vous ?

Le format a très bien marché au Portugal par exemple (565 000 téléspectateurs en moyenne, 15.6% de part d’audience, 3e des audiences sur SIC, ndlr) et il a été reconduit pour une deuxième saison. Après, chaque cas est différent. En ce qui concerne la version chinoise, on avait un contrat de volume avec eux et ils ont lancé l’adaptation de Tout peut arriver sans y croire vraiment. En Allemagne, sur RTL, c’est le tandem d’animateur qui n’a pas fonctionné.

Tout peut arriver devient votre programme en production le plus exposé en France. Quels sont les enjeux pour ITV Studios ?

Notre objectif est que notre client soit satisfait et on espère pouvoir poursuivre. C’est notre première production de prime time pour M6 et la collaboration s’est très bien passée. On sait qu’il existe un enjeu assez important pour la chaîne. C’est un format qu’on a pris beaucoup de plaisir à produire. On ne veut pas enterrer une marque aussi performante que Tout peut arriver. On a d’autres émissions qui sont très avancées, dont Hell’s Kitchen pour NT1.

M6 a eu de grandes difficultés à installer de nouveaux concepts, ou même à pérenniser les marques historiques, ces derniers semestres. N’avez-vous pas de craintes quant à la capacité de M6 à attirer un large public sur ce type d’évènement ?

Je tire mon chapeau à M6. Quand vous essayez beaucoup, ce que l’on retient, ce sont les échecs. C’est quand même la chaîne qui a réussi à installer Cousu Main, Le Meilleur Pâtissier ou encore Les Reines du shopping. Le renouvellement de grille de M6 est important par rapport à d’autres diffuseurs. Je fais confiance à la chaîne pour mettre derrière le programme toute la force commerciale pour la publicité, et la force marketing pour évangéliser autour de Tout peut arriver.