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Laurent Frattale (Un si grand soleil) : « Camille fait de grosses conneries mais Serge essaie toujours d’avoir un regard bienveillant »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 03/10/2021 à 18:58

Laurent Frattale prête ses traits à un Serge Levars en plein renouveau dans Un si grand soleil. Le comédien a livré ses impressions sur la suite des événements.

Joshua Daguenet : Quelle a été votre réaction en apprenant que l’intransigeant Serge Levars allait s’amouracher de la banquière Laëtitia Maisant dans Un si grand soleil ?

Laurent Frattale : Cela s’accompagne de la proposition qui m’a été faite de développer mon personnage. La perspective de le faire évoluer m’a fait plaisir d’autant que je viens du théâtre et que cela a été compliqué dernièrement. Je voulais montrer d’autres facettes de cet homme qui était là pour les interrogatoires, les gardes à vue, à priori pas les endroits les plus drôles.

L’idylle entre Serge et Laëtitia va permettre à l’avocat de sortir de son rôle, celui du grand rival de Florent. Comment voyez-vous la suite des rapports entre les deux confrères ?

On parle de personnages, mais aussi de personnes. Avec Fabrice [Deville, interprète de Florent, ndlr], nous apprenons à nous connaître. Ce qui permet d’entretenir d’autres rapports est souhaitable. Du point de vue des personnages et vu la proximité des enfants de leur amitié, je trouve ça bien que les scénaristes aillent dans ce sens. Il faut que les situations évoluent.

Est-il possible pour votre personnage de bâtir une relation de confiance avec une belle-fille qui l’a cambriolé à la première occasion ?

Je suis père de famille et j’ai eu des ados à la maison (rires). C’est une période particulière de leur vie. Serge a suffisamment d’expérience et de distance. Il y a un lien affectif qui se crée, mais qui n’est pas de même nature que les parents directs. Avec le personnage de Camille, j’ai toujours essayé d’avoir un regard bienveillant même si elle fait des grosses conneries.

« Je voulais montrer d’autres facettes de cet homme »

Le domaine de la justice est représenté comme rarement dans un feuilleton avec de nombreux avocats à l’écran, mais aussi le procureur Bernier et la juge Alphand. Est-il facile de cohabiter parmi tant de personnages issus d’un même univers ?

Je n’ai jamais réfléchi de ce point de vue là. Pour le moment, même si le domaine de la justice est très représenté avec des personnages forts, nous restons assez restreints dans ce que ce monde peut permettre à un acteur de développer. La représentation est forte, mais elle mériterait d’aller plus loin dans le champ des différences. Nous ne sommes jamais dans le rapport des plaidoiries, Serge n’a jamais été dans une cour d’assises à l’écran. Ce serait génial que l’écriture aille jusque-là.

Avez-vous formulé une demande officielle ?

Je commence un petit peu à en parler, mais je n’ai pas la mainmise sur ces décisions. Je regarde des séries américaines et elles sont plus avancées dans ce domaine. Pour un acteur qui joue un avocat, il n’y a pas mieux que d’avoir une plaidoirie dans une cour.

Entre les tournées quotidiennes de théâtre, qui vous sont familières, et le rythme de tournage imposant d’un feuilleton, quel « exercice » vous semble être le plus exigeant ?

Le théâtre est extrêmement exigeant, ce ne sont pas du tout les mêmes temporalités. Au théâtre, nous passons beaucoup de temps à répéter, creuser les réalités d’un personnage. Ce ne sont pas les mêmes enjeux, le ressort est différent. Mais quand on est au cœur d’une intrigue comme actuellement dans Un si grand soleil, ce sont des heures de tournage chaque jour et c’est très éprouvant. L’acteur en tournage est l’objet d’une attention, sans être péjoratif. Il y a une mise à disposition de soi et de son corps après une prise, nous avons quatre personnes autour pour le maquillage, le texte. On s’occupe de nous, mais pour qu’on soit performant. Au théâtre, l’acteur est maître de son corps et de sa temporalité, il gère le montage en direct avec le public.

« L’acteur en tournage est l’objet d’une attention »

Vous êtes également co-directeur des Ateliers intermédiaires. Comment avez-vous vécu la reprise des événements en public après une longue interruption liée à la crise sanitaire ?

Pour préciser, je suis fondateur des Ateliers intermédiaires. J’ai transmis cette structure qui date de quinze ans, mais je continue à développer des projets de théâtre. Aujourd’hui, je suis Président de l’association « Les ateliers sauvages », et j’ai créé un petit théâtre dans mon village. Après deux ans, je suis retourné en plateau et il y a un désir énorme de reprendre les tournées.

Votre parcours est aussi enrichi par une large expérience à l’international, de la Bosnie au Mali, en passant par la Roumanie. Ce rôle dans Un si grand soleil s’apparente à une rupture de ces chapitres de votre carrière...

C’est très nouveau. Je ne connaissais pas ce milieu audiovisuel même si j’adore le cinéma. Ce n’était pas ma pratique. En changeant de monde, on pourrait penser qu’il y a une rupture, mais c’est très complémentaire. Au-delà de la qualité humaine, sociale et de travail à travers mes rencontres dans Un si grand soleil, je reçois beaucoup de retours très positifs autour de moi et dans mon monde théâtral. J’ai de plus en plus de propositions dans le cadre du théâtre et de la création. Cela parait paradoxal, mais l’un nourrit l’autre. Comme je suis un entrepreneur associatif, au niveau des collectivités publiques qui financent les projets, le fait que je sois dans Un si grand soleil aide, car certains sont vraiment fans.