Toutelatele

Manu Katché (2/2)

Tony Cotte
Publié le 24/05/2006 à 00:27 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:28

Quand Manu Katché a quelque chose sur le coeur, il n’hésite pas à le dire et ce même si le public doit le huer. C’est en qualité de musicien et batteur de renommée internationale (Sting, Dire Straits, Peter Gabriel...) qu’il a rejoint le jury de Nouvelle Star en 2004 aux côtés de Marianne James, Dove Attia et André Manoukian. Depuis, il sélectionne les « nouvelles stars » et les juge devant des millions de téléspectateurs. Ainsi, il pointe du doigt ce qui ne va pas. Et cette année, son coup de gueule se porte sur le single de l’émission. Sans langue de bois, il répond à toutes les questions de Toutelatele.com.

Tony Cotte : Vous avez qualifié le single des candidats de « merde ». Les précédentes saisons, on ne vous a pas entendu au sujet des reprises...

Manu Katché : Parce que c’étaient des reprises justement (rires). On prend un titre qui a bien marché pour leur faire interpréter. Après que l’on aime ou pas... c’est le mécanisme ! Quand on m’a averti que cette année ce serait une chanson originale, j’étais plutôt content. Vu leurs personnalités, on peut leur proposer quelque chose de vraiment intéressant avec une belle mélodie. Mais leur titre n’est qu’une sombre merde ! Que ce soit le texte ou la structure musicale : c’est aux ras des pâquerettes ! Si vous le proposez à des artistes respectés de la variété française, ils vous riront au nez. Alors pourquoi rabaisser le niveau et le proposer à la Nouvelle Star ? Ce single représente l’identité de l’émission et je ne m’y retrouve pas ! La chanson n’est pas cohérente. Elle le serait si c’était une émission de Dorothée.

Tony Cotte : Vous a t-on reproché cette reflexion ?

Manu Katché : Personne ne s’est manifesté ! La jeune femme qui a composé la chanson était là avec les équipes de Fremantle et BMG. A la fin de l’émission, ils nous ont même souris dans les couloirs. Pourquoi ces gens ne nous ont pas fait écouter le single avant ? On aurait aimé être consultés. Nous avons découvert la chanson au moment du prime. Ils savaient pertinemment notre point de vue sur la question. Résultat, c’est quelque chose de vite fait pour aller à la consommation facile. Je trouve que c’est du foutage de gueule. Ce n’est pas parce qu’on fait de la variété que ça doit être merdique !

Tony Cotte : On vous sent parfois lassé. Prenez-vous toujours du plaisir à être jury ?

Manu Katché : Je le dis souvent : certaines chansons me lassent. Combien il y a eu d’artistes depuis les années 60 ? Pourquoi on nous propose toujours les quarante mêmes ? Au bout d’un moment c’est vraiment pénible ! Peut-être que cela me gène plus qu’à mes collègues...


Tony Cotte : Est-ce que le fait d’avoir participé à une émission populaire vous a fermé les portes de certains médias, disons « élitistes », pour la promotion de votre album jazz (Neighbourhood, ndlr) ?

Manu Katché : Je ne pense pas. Mon album est sorti dans le monde entier. La première année où j’ai participé au programme les gens du métier se sont posés des questions. Mais ils se sont vite rendus compte que je n’ai pas changé. Je vis en France mais je travaille à l’étranger. Là-bas, ça ne pose aucun problème. Au contraire ! Il est vrai qu’en France on a plutôt tendance à intellectualiser la chose.

Tony Cotte : Quand vous accordez des interviews pour la promotion de votre disque, vous ne faites pas souvent allusion à Nouvelle Star. Vous ne voulez pas faire naître l’amalgame entre le personnage médiatique et le musicien que vous êtes ?

Manu Katché : J’en parle souvent quand même. Si on ne me pose pas la question, je ne vais pas dire « Oh vous savez je fais la Nouvelle Star » ! J’assume totalement ce que je fais. Je le répète : populaire n’est pas synonyme de merdique. Je m’insurge contre ça ! On peut mélanger les deux et c’est ce qui est intéressant.

Tony Cotte : Vous avez comme souhait de monter une école de musique. C’est plutôt ambitieux comme projet ...

Manu Katché : Je travaille dessus depuis plusieurs années. Je voudrais qu’il y ait des bourses et que l’on soit sous le statut de l’éducation nationale. J’ai rencontré beaucoup de gens. J’ai pu avoir des sponsors. Mais je n’ai pas envie de faire une école privée. Il ne faut pas que ce soit à tendance élitiste. Je souhaite une vraie structure ouverte à tous.

Tony Cotte : Pour mener à bien votre projet, seriez-vous prêt à médiatiser cette école façon real-tv comme Canal + l’avait fait avec Le cours Florent ?

Manu Katché : Nous n’en sommes pas là. Ce n’est ni reconnu ni accepté. Au bout de deux ans d’existence, pourquoi pas ? Mon idée d’origine est de monter une école moderne à tendance rock et pop. S’il faut passer par la case médiatique pour monter ce projet, il n’y a aucun problème. La finalité c’est de la faire connaître. Je songe dans un premier temps à filmer tous les jours un élève et de pouvoir ensuite diffuser un portrait au quotidien dans une courte pastille.

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