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Off Prime / Kaamelott > Simon Astier, en direct de Monaco

Tony Cotte
Publié le 15/06/2007 à 00:40 Mis à jour le 11/04/2011 à 17:22

Kaamelott et Off Prime, avec ces deux productions de Calt, Simon Astier a su se faire un nom. A seulement 23 ans, le jeune homme multiplie les casquettes : acteur, auteur, réalisateur, directeur artistique... rien ne semble l’arrêter. C’est à lui que l’on doit les savoureux dialogues et la repartie de Virginie Efira dans Off Prime. La série - qui compte à ce jour douze épisodes - a su trouver ses fidèles sur M6 et devrait revenir pour une nouvelle saison. Ca tombe plutôt bien, Simon Astier imagine déjà la suite. Rencontre lors du Festival de Télévision de Monte Carlo avec l’acteur pour qui l’humour est devenu une marque de fabrique...

Tony Cotte : A seulement 23 ans, votre parcours est assez épatant. Avez-vous dû vous battre pour avoir de la crédibilité dans ce que vous entreprenez ?

Simon Astier : A la télé, il faut toujours se battre. J’ai eu la chance d’avoir plus de liberté que des mecs qui sont de 20 ans mes aînés. Les autres auteurs sont très surpris de la liberté de ton que l’on peut avoir avec Alex (Alexandre Astier, son demi-frère, ndlr). Je pense que nous avons en commun cette passion pour ce métier. J’ai eu à me battre mais au bout d’un moment, il faut poser quelque chose. On commence par un scénario qui rassure les gens puis ils se succèdent, jusqu’à arriver à un stade où on me fait confiance.

Tony Cotte : Jusqu’à présent, vous aviez l’habitude de travailler en famille. Sur Off Prime, vous avez développé le concept, écrit les scénarios et les dialogues sans vos proches. Peut-on dire que cette série a été une émancipation ?

Simon Astier : J’ai également co-réalisé et participé à la direction artistique. Même si j’ai travaillé en famille sur Kaamelott, on fait tous ce métier depuis longtemps, mais cela n’a pas été médiatisé. Nous venons du théâtre. Off Prime a été le premier projet à cette échelle où je me suis autant impliqué.

Tony Cotte : Vous multipliez donc les casquettes. Quand on dit de vous que vous êtes « homme orchestre », qu’est-ce que cela vous inspire ?

Simon Astier : Je ne cherche pas le pouvoir mais à partir du moment où l’on fait beaucoup de choses sur un projet, on est vite amené à tout faire. Ca commence par l’écriture de la musique qui est dans la tête, je la fais ensuite jouer par mes partenaires. Derrière au montage, il y a une réécriture chargée de redonner le rythme et rendre la chose fidèle à ce que j’avais en tête. Au final, cela forme une certaine cohérence.

Tony Cotte : Des rumeurs parlent de désaccords avec Christophe Fort, créateur de Off Prime...

Simon Astier : (étonné) D’où viennent ces rumeurs ? Quand Virginie Efira a finalement avoué qu’elle était comédienne, CALT (la société de production, ndlr) s‘est penchée sur un projet de concept. Christophe Fort a posé les bases avec les personnages principaux, le format et les guests. Il a une culture en matière de séries très large. Il a un pif inouï mais il n’est pas auteur. Christophe avait juste besoin de moi pour compléter ce travail, même si nous n’avons pas écouté tout ce qu’il disait. Ce n’est pas un désaccord mais un complément.

Tony Cotte : Dans vos différentes interviews, vous dites que vous aviez des a priori sur ce projet. De quoi aviez-vous peur ?

Simon Astier : Le concept à la base n’était que trois feuilles écrites. Après la lecture, ce que j’avais en tête était « Virginie Efira, Animatrice, Propre Rôle ». Je m’en foutais royalement. Et elle, en me voyant arriver, s’est demandée ce qu’un mec de 20 ans qui s’autoproclame auteur pouvait bien faire. Mais une fois que nous avons fait plus amples connaissances, j’ai remarqué qu’elle était vraiment drôle. Elle a un sens de la comédie impressionnant et joue comme les américaines sans avoir peur de se ridiculiser. C’est très précieux pour une actrice. Cette manière de déconner nous a permis de trouver un terrain d’entente. La confusion réalité / fiction ne me plaisait absolument pas. Je préférais réinterpréter à notre manière ce que l’on connaît du monde du show-biz. Raconter des histoires est toujours plus sympa que de relater une vérité ennuyeuse.


Tony Cotte : Vous avez déclaré « Quand on voit la tournure que prend Off Prime, je me dis qu’en France on va pouvoir essayer de faire des séries comme on aime en voir ailleurs ». Présomption ou ambition ?

Simon Astier : C’est avant tout un souhait de spectateur. Je suis un grand fan des productions américaines et anglaises. Quand on voit ce qu’ils font, on se dit à quel point ils sont brillants, drôles et intelligents. Le cinéma est devenu une grosse industrie et les séries deviennent un nouveau média. On se sert de la télé autrement. J’ai envie de voir des productions de qualité en France. Quand je bosse sur un projet, j’ai dorénavant des références.

Tony Cotte : Quelles sont celles pour Off Prime ?

Simon Astier : Ma référence ultime est The Office de Ricky Gervais. Je trouve cela brillantissime. J’adore également Weeds, My name is Earl, Lost, Desperate Housewives ou encore les Soprano.

Tony Cotte : Les audiences de Off Prime peinent à décoller. Le tournage de la deuxième saison, annoncé pour cet été, va t-il réellement avoir lieu ?

Simon Astier : J’y compte bien, je travaille dessus à mort ! Mais M6 laisse la chance aux programmes de trouver leur place et leur public.

Tony Cotte : Cinq épisodes ont déjà été diffusés !

Simon Astier : Certes, mais il y a eu un lancement avec une confusion entre le mercredi et le samedi. Il faut aujourd’hui foutre la paix à ce programme et le laisser vivre. Puis il y a eu la panne de courant (qui avait empêché de diffuser l’épisode le 12 mai dernier, ndlr). Et la période joue beaucoup. Nous entrons dans la phase estivale.

Tony Cotte : Le beau temps ne change pas une part de marché...

Simon Astier : Le problème du cœur de cible de M6, c’est qu’il est influencé par le temps. C’est l’une des seules chaînes à connaître ça. Un soir de week-end, il est normal qu’un public de 15 ans ne soit pas forcément devant son poste de télévision. Des programmes comme Plus belle la vie touche les ménagères. C’est pas sorcier est notre concurrent et plait aux mômes.

Tony Cotte : Remettez-vous en cause la case horaire ?

Simon Astier : C’est simplement une nouvelle case. Pendant longtemps il y a eu de la musique, puis Classé Confidentiel et maintenant une série. Il faut que les gens le sachent. Mais quand on a 1.2 millions de téléspectateurs, je suis déjà content ! Ca change par rapport à l’époque où je jouais devant 300 personnes.

Tony Cotte : Si l’on part de ce principe, il y avait pourtant plus de téléspectateurs pour Kaamelott ...

Simon Astier : (embêté) C’était une case en or le 20h40 en semaine...

Tony Cotte : Nous sommes au festival de Monte Carlo où sont présents de grands professionnels en matière de séries télévisées. Avez-vous croisé ou parlé à certains ?

Simon Astier : Je n’ai encore croisé personne (l’interview a été réalisée dimanche 10 juin, ndlr). J’ai appris que Terry O’Quinn était présent. J’aurais simplement aimé lui serrer la main. Mais je ne suis pas là pour parler aux gens. C’est juste un truc de fan (rires).