Toutelatele

Sébastien Farran, le juré rebelle de Popstars

Tony Cotte
Publié le 22/09/2007 à 14:49 Mis à jour le 07/04/2011 à 17:01

Manager de Joey Starr, Sébastien Farran est à l’image de son poulain : un brin provocateur et rebelle. Le lendemain de son passage remarqué dans T’empêches tout le monde de dormir, le juré accorde une interview à Toutelatele.com. Un peu sur la défensive avec les journalistes, il ne supporte pas que l’on remette en question la crédibilité artistique de « son » émission. Rencontre musclée avec un des quatre jurés de Popstars...

Tony Cotte : Personne ne s’attendait vraiment au retour de Popstars. Quelle a été votre première réaction quand on vous a proposé de faire partie du jury ?

Sébastien Farran  : On m’a dit en premier lieu qu’il s’agissait d’un Popstars avec une direction artistique r&b et de manière générale plus urbaine. Dans la mesure où c’est un mouvement que l’on défend depuis le début de nos vies professionnelles avec Benjamin (Chulvanij, ndlr), je me suis senti investi d’une mission d’accompagner mon camarade dans cette épreuve. On représente des artistes qui vendent beaucoup mais qui passent peu à la télé. Que M6 décide de prendre cette direction est un risque respectable et intéressant.

Tony Cotte : Les noms de Joey Starr et Tété étant mis souvent en exergue pour mettre en évidence votre parcours, les avez-vous consultés avant d’accepter ?

Sébastien Farran  : J’ai bien évidemment demandé à Joey Starr et Tété qui, avec ma femme, étaient les trois personnes les plus importantes pour cette décision. Ils m’ont dit de ne pas hésiter une seconde. De toute façon, ça peut plutôt les intéresser d’être cités dans l’émission...

Tony Cotte : Le nom de Joey Starr assimilé à une émission comme Popstars ?

Sébastien Farran  : On a déjà fait une émission de télé-réalité sur Canal +, 60 jours, 60 nuits...

Tony Cotte : On est quand même très loin du télé-crochet grand public !

Sébastien Farran  : Peut-être mais ce qui m’intéresse est d’apporter une crédibilité au programme et non pas de rentrer dans l’image que vous avez de l’émission. Joey sait que l’on fonctionne comme ça. On ne fait pas les choses pour se faire avaler mais pour rapporter quelque chose. On est tellement décidé d’obtenir des artistes d’une vraie crédibilité, que l’on a ajouté des ateliers et des cours d’écriture, ce qui n’est pas le cas dans les autres émissions de ce type. Nous tenons à ce que les artistes deviennent les auteurs de leurs textes. Nous n’avons pas encore terminé le tournage (l’interview a été réalisée le 5 septembre dernier, ndlr), ça fait trois semaines qu’ils y sont. On a qualifié des auteurs plutôt que des interprètes.


Tony Cotte : En l’espace de seulement trois semaines, peut-on vraiment avoir de bons textes ?

Sébastien Farran  : On a déjà trouvé de très bons textes. Il ne faut pas croire que les candidats qui arrivent à ce genre de castings soient des néophytes. Certains sont même venus avec trois livres entiers de textes (rires). Ce qui m’intéresse, c’est la crédibilité, l’authenticité et l’honnêteté dans la démarche des personnages.

Tony Cotte : Vous ne cessez de parler de crédibilité. Quand on a une émission qui s’intitule Popstars, ne démarre t-on pas avec un handicap dans ce milieu ?

Sébastien Farran  : Je ne vois pas pourquoi vous dites cela. Joey Starr est une popstar pour moi. Je pense que le mouvement urbain de manière générale a droit d’entrer dans ce que l’on appelle la « pop ».

Tony Cotte : A l’inverse des autres saisons, Popstars n’a pas d’impératif pour trouver un groupe, une artiste féminine ou autre. Le fait de ne pas avoir de critère, a-t-il été plus facile pour votre démarche ?

Sébastien Farran  : Evidemment. En fait, ce qui a été le plus difficile, c’est d’entrer en studio le lendemain du choix final et d’obtenir un album deux mois après. C’est le seul critère que l’on peut qualifier d’obstacle. Mais c’est aussi un challenge.

Tony Cotte : Selon le dossier de presse de l’émission, vous seriez à la recherche d’un « nouveau Justin Timberlake » ou d’une « nouvelle Beyonce ». Etes-vous d’accord avec cette vision ?

Sébastien Farran  : Je ne suis jamais à la recherche d’un nouveau « quelque chose ». Nous avons énormément de points communs avec les américains mais aussi énormément de différences. Trouver un blanc qui danse comme Justin Timberlake c’est intéressant, trouver un gamin qui a le même parcours, ça l’est moins. Je n’ai pas besoin qu’un candidat vienne de Disney Channel pour faire quelque chose avec lui. Je suis surtout attentif à la personnalité, au charisme, à l’honnêteté et au talent. Une fois que l’intégralité de ces facteurs sont réunis, je fonce !

Tony Cotte : En tant que manager, vous devez bien être placé pour savoir que les étiquettes peuvent être péjoratives. Si même la chaîne en annonce d’emblée, cela ne risque t-il pas de porter préjudice aux futurs talents révélés par l’émission ?

Sébastien Farran  : Je ne pense pas. Quand on a lancé NTM au début, tout le monde disait que c’était les « Public Enemy français ». Ca nous a servi d’un côté, les journalistes ont pu situer un peu les personnages et ont eu envie de les entendre et les encourager. Les médias savent de qui on parle mais pour certaines personnes, ce genre de repères peut leur permettre de comprendre la direction artistique que l’on utilise. Le mouvement urbain n’est pas forcément cohérent pour le téléspectateur lambda.


Tony Cotte : On parle de « star du r&b » français. N’avez-vous pas l’impression que le terme, galvaudé aujourd’hui, a perdu sa signification d’antan ?

Sébastien Farran  : Le terme est galvaudé comme la pop l’est. Aujourd’hui, en 2007, toutes les niches musicales n’ont plus de réalité. Le Raggamuffin n’est plus que du Raggamuffin. Depuis l’influence des Etats-Unis dans le reggae, ça ne peut plus être considéré de la même façon. On est sur une logique de niches qui est en train d’exploser en général. Après, il ne faut pas juste cantonner le r&b au reste et surtout arrêter de se dire y’a du bon r&b et du mauvais.

Tony Cotte : Artistiquement, Nouvelle Star a apporté une certaine crédibilité au télé-crochet musical depuis Christophe Willem. Aviez-vous une pression particulière lors des phases de castings ?

Sébastien Farran  : Je n’ai aucune pression par rapport à Nouvelle Star mais uniquement vis-à-vis de mon métier et des gens qui m’entourent. Je n’ai pas envie de décevoir. Je ne suis pas sûr que Nouvelle Star ait apporté une crédibilité. Julien Doré est un artiste intéressant certes, mais je demande à écouter son album.

Tony Cotte : Ils ont tout de même réussi à enthousiasmer les rédacteurs en chef et journalistes de supports les plus frileux à ce genre de programmes comme Libération ou Technikart. Pensez-vous que ces derniers partageront le même avis sur votre ou vos futurs découverte(s) ?

Sébastien Farran  : J’espère. Mais je trouve naturel qu’au bout de 3 ou 4 saisons, un télé-crochet commence à avoir une vraie réalité professionnelle et un suivi artistique. C’est aussi pourquoi on a choisi des personnalités comme Benjamin et moi en guise de jury. Aux Etats-Unis, American Idol est totalement respectée par la presse et l’intégralité des médias.

Tony Cotte : L’angle que les médias semblent apporter, ou du moins qu’on leur donne, est uniquement axé sur des tensions entre Ophélie Winter et Mia Frye. Est-ce une image que vous déplorez ?

Sébastien Farran  : Je m’en fous. J’étais chez Fogiel, si l’angle était là-dessus, je l’aurai entendu (la veille de l’interview, Sébastien Farran a participé à l’émission de Marc-Olivier Fogiel sur M6, ndlr)

Tony Cotte : Le sous-titre de votre passage avec vos camarades était tout de même : « le nouveau jury explosif »...

Sébastien Farran  : C’est parce que c’est accrocheur. Il n’y a pas tant de tensions que ça. C’est surtout entre nous quatre, car nous sommes des passionnés. Nous avons des choix qui ne sont pas toujours les mêmes. Il est normal que nous les défendions. Il y a eu des rumeurs de début de programme qui sont depuis longtemps anéanties.

Tony Cotte : Allez-vous participer ou avoir un droit de regard sur ce que les/le/la gagnant(e)(s) produira(ont) ?

Sébastien Farran  : Benjamin est producteur exécutif du disque, moi je m’occupe de la tournée. Bien sûr il y aura un lien artistique. Je compte bien aller loin avec. Je n’ai pas fait tout ça pour pouvoir me payer mes vacances (rires).