Toutelatele

Thierry Ardisson fête ses 20 ans de télévision

Alexandre Raveleau
Publié le 04/04/2008 à 13:19 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Entré à la télévision en 1985 pour seulement quelques Descentes de Police bien musclées, Thierry Ardisson fête ce samedi 5 avril ses 20 ans d’antenne(s). A l’occasion de cette soirée « ardiversaire », l’homme en noir a concocté pour Canal + un Salut les Terriens ! sur mesure, entouré de tous ses fidèles, suivi d’un portrait inédit, à partir de 20h50 sur Jimmy, signé Philippe Kieffer et Marie-Eve Chamard (2 X 52 minutes). Parsemé d’archives, Thierry Ardisson y dévoile les coulisses de son parcours, résumé en une phrase, face à la caméra : « Toute ma vie, j’ai fait sérieusement des choses superficielles ».

Au milieu des années 80, après une première vie dédiée à la publicité (de Tropico à Ovomaltine en passant par « Vas-y, Wasa ») et à l’écriture (Cinémoi en 1973 ou Rive droite en 1983), Thierry Ardisson fait naître la rubrique déjantée Descente de Police dans les pages de la revue Rock & Folk (déjà dirigé par Philippe Manœuvre). Repéré par Marie-France Brière, ce concept insolent où l’interviewer devient accusé est adapté pour TF1. Ainsi débutent les 20 ans d’antenne(s) de l’homme en noir.

Dès ses premières apparitions, l’irrévérencieux Ardisson bouscule l’antenne à coups de claques pour Sophie Marceau et simulation de noyade pour Yves Simon. « On demandait à Jeanne Mas : t’es clitoridienne ou vaginale ? On s’est vite taillé une réputation de gens infréquentables », avoue l’intéressé. Il n’en faudra d’ailleurs pas plus à Michèle Cotta, alors présidente de la Haute Autorité, pour demander l’arrêt immédiat de l’émission. Thierry Ardisson n’en abandonne pas pour autant la télévision, animant la même année 1985 Scoop à la une, chaque dimanche après-midi. Avec Catherine Barma, productrice de l’émission, commence alors une collaboration fructueuse dont le point culminant sera quelques saisons plus tard Tout le monde en parle, sur France 2.

Entre temps, Thierry Ardisson a connu les paillettes de feue la Cinq avec l’inénarrable Bains de Minuit. « C’est sans doute avec Paris Dernière ce que j’ai fait de mieux ! ». Puis il fait un retour remarqué sur le service public avec Lunettes noires pour nuits blanches et l’invention de ses fameuses interviewes. Jimmy en proposera d’ailleurs l’un des moments forts, avec la spéciale Gainsbourg, toujours ce 5 avril, à partir de 22h30.

A la rentrée 1990, c’est avec Double Jeu et Laurent Baffie - devenu « sniper » - qu’il traque depuis les Folies-Bergère les manipulations médiatiques et dégaine notamment sur Patrick Poivre d’Arvor, livrant au grand public la fausse interview du journaliste à Fidel Castro. L’animateur ne se contente alors déjà plus de ses propres émissions et décide de passer à la production. Parmi les plus marquantes : A la folie pas du tout (Patrick Poivre d’Arvor, TF1), Stars à la barre (Roger Zabel puis Daniel Bilalian, Antenne 2), Face à France (Guillaume Durand, la Cinq), Frou-Frou (Christine Bravo, France 2) ou encore les Niouzes (Laurent Ruquier, TF1).


Après les échecs de son Ardimat et Autant en emporte le temps, l’animateur décide de se retirer de l’antenne. Il confie à la caméra de Philippe Kieffer : « 1994-95, c’est l’époque où je découvre ce que c’est d’être tricard. C’est-à-dire, je repars, je refais le VRP, je vais vendre mes émissions, personne m’en achète ! C’est-à-dire j’ai plus la cote, quoi, j’ai plus la carte ». Sur le câble, il crée Paris Dernière et Rive droite/Rive Gauche. Requinqué, il retrouve France 2 en 1998 avec Tout le monde en parle, diffusé chaque samedi soir. En créant le dernier salon à la mode où stars internationales, actrices porno et hommes politiques se croisent, Thierry Ardisson redonne à la case de seconde partie de soirée ses lettres de noblesse. C’est à cette époque que, contre toute attente, l’animateur producteur débarque chez les téléspectateurs en prime time. Opinion publique et Tribu, ses deux rendez-vous de 20h50, n’ont finalement jamais trouvé leur public... La même année 2004, il s’essaie même au direct, en compagnie de Michel Drucker, lors des commémorations du débarquement en Normandie.

En 2006, 93, Faubourg Saint-Honoré (Paris Première) sonne l’arrêt brutal de Tout le monde en parle, pour une simple clause d’exclusivité au goût de Patrick de Carolis, nouveau président de France Télévisions. La rentrée suivante, sur Canal +, naît alors Salut les Terriens !

Ainsi, depuis près de deux saisons, l’actualité est triturée dans tous les sens par l’animateur, entouré par son big band jazzy, Stéphane Guillon et ses invités. Succédant à Stéphane Bern sur la case du samedi à 19h15, Thierry Ardisson est parvenu à fidéliser quelques 5% des téléspectateurs en moyenne (5.7% au mois de mars dernier), soit un peu plus d’un million de fidèles hebdomadaires. Régulièrement au palmarès des meilleures audiences de la chaîne cryptée, Salut les terriens ! talonne même parfois Michel Denisot et son Grand Journal. Des scores que Canal + n’avait plus atteints depuis 1999.

Ce samedi 5 avril, autour de la table figureront la plupart de ses proches parmi lesquelles Laurent Ruquier, Frédéric Taddéï, Laurent Baffie, Yvan le Bolloc’h, Bruno Solo, Philippe Tesson, Maïtena Biraben, Laurent Boyer, Frédéric Beigbeder et Christine Bravo. Exceptionnellement jusqu’à 20h50, les téléspectateurs vont donc revivre quelques 20 ans de souvenirs et surtout de télévision. En basculant sur Jimmy, les plus fidèles pourront poursuivre la soirée en compagnie de l’« animatueur ».

Après la publicité, la littérature, la télévision et la presse, l’enfant du rock touche à tout s’est même trouvé un nouveau cheval de bataille : le cinéma. Le premier film sur grand écran pourrait voir le jour courant 2009. « Le pitch » ? Quatre garçons qui s’appellent John, Paul, Ringo et George vivent à Liverpool, mais ne sont jamais devenus les Beatles. Six projets seraient actuellement en développement.