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Thomas Joubert (BFM Paris) : « L’actualité est traitée avec la réactivité qui caractérise BFM »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 13/02/2019 à 16:08 Mis à jour le 14/02/2019 à 19:17

Depuis la rentrée, Thomas Joubert est à la tête de la matinale de BFM Paris. L’animateur se confie sur le succès grandissant de sa tranche d’information qui a battu un record d’audience en janvier. Il évoque également ses années passées aux côtés de Jean-Marc Morandini sur Europe 1.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivé à la tête de la matinale de BFM Paris ?

Thomas Joubert : Le directeur de la rédaction de BFM Paris (Alexis Delahousse, nldr), avec qui j’avais déjà travaillé à iTELE il y a quelques années, m’a contacté suite au départ de Stefan Etcheverry pour BFMTV. La matinale de BFM Paris a eu un bel élan et il cherchait quelqu’un pour poursuivre le travail dans cette dynamique.

Par quoi avez-vous été séduit dans ce projet ?

J’ai commencé à iTELE, avant de rejoindre Europe 1 où j’ai traité l’actualité médias. J’ai toujours eu un goût et une appétence pour l’information. Ce retour au hardnews, je le souhaitais et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai une fascination pour les morning show et la télévision américaine. Quand Alexis m’a proposé le projet « Bonjour Paris » et BFM Paris, j’ai senti cette volonté de s’inspirer de ce qui ce fait sur les chaînes locales aux Etats-Unis. Cela correspond exactement à ce que j’avais envie de faire un jour à la télévision : présenter une matinale où on traite de l’information dans la bonne humeur et l’accompagnement des téléspectateurs. Le tout avec le petit supplément d’âme de l’actualité parisienne, ma ville où je me reconnais tellement.

Comment avez-vous imaginé cette matinale pour que l’actualité ne la rende pas aussi anxiogène ?

Il ne s’agissait déjà pas de faire la même matinale que BFMTV. Elle est destinée aux Parisiens et Franciliens. L’actualité traitée est malheureusement souvent anxiogène, mais notre rôle est de réduire cet effet. On se doit d’essayer d’accompagner les téléspectateurs à qui on annonce chaque matin des centaines de kilomètres de bouchons ou des perturbations dans les transports. Malgré ces informations rarement réjouissantes, l’idée est de les enrober avec de la bonne humeur et une bonne entente dans notre équipe. L’objectif est de rendre plus agréable la vie des Parisiens et des Franciliens.

« L’objectif est de rendre plus agréable la vie des Parisiens et des Franciliens »

Jusqu’en décembre, vous co-animiez la matinale de BFM Paris avec Aurélie Blonde. Comment avez-vous vécu son départ ?

Aurélie Blonde a choisi de partir, car je pense qu’elle était arrivée à la fin d’une histoire avec le groupe BFM. On a dû revoir notre copie. On était sur un modèle très américain et anglo-saxon. Ce style est proche de celui de BFMTV avec une fille et un garçon pour une co-animation. Avec Alexis Delahousse, on s’est demandé si on repartait sur une co-présentation et on a décidé d’imaginer autre chose. Cela allait plus tourner autour de moi et de ma personnalité pour sortir un peu d’un cadre trop rigide. C’est que pour cela que l’on a eu l’idée de réimaginer la tranche. L’objectif était d’apporter plus de convivialité et qu’un esprit de bande se détache de cette tranche d’information.

Quel bilan tirez-vous de vos premiers mois à la tête de la matinale de BFM Paris ?

Un bilan excellent. Je me plais beaucoup dans ce groupe, cette chaîne et les équipes de la rédaction. Cela correspond vraiment avec ce que j’avais envie de faire un jour en télévision. Je l’avais déjà expérimenté sur iTELE, mais jamais en étant aux commandes. J’ai longtemps présenté les journaux y compris en matinale. Avoir cette tranche d’information et cette liberté pour l’aménager est une chance. À l’image de ce que j’ai pu faire à la radio, j’aime accompagner les gens, être proche du public et traiter des sujets qui les intéressent. J’ai été particulièrement bien accueilli dans ce groupe et on sent vraiment que NextRadioTV est devenu un acteur majeur du paysage. Pour reprendre un slogan de RMC, « c’est là que ça se passe ». Il y a une effervescence et ça fait du bien d’être dans un média qui marche. Mon idée est de faire encore grandir cette matinale et cette chaîne. Il y a un potentiel encore très important. Même si j’adore partager l’antenne, je me sens aujourd’hui plus à l’aise en étant seul à la présentation. La co-présentation implique un traitement assez neutre. C’est difficile d’y apporter de la personnalité. Pour une matinale comme BFM Paris, la bonne formule est d’avoir plus ce modèle de présentation avec une équipe autour de moi.

BFM Paris connaît un succès grandissant. Comment l’analysez-vous ?

Cette chaîne a un positionnement clair : BFM Paris est le BFM de Paris. Quand les téléspectateurs allument la chaîne, ils savent qu’ils vont y trouver une chaîne d’information en continu dédiée à Paris et sa région. La chaîne reprend les codes de sa grande soeur : bandeau déroulant, infos pratiques à l’antenne, priorité au direct... L’actualité est traitée avec la réactivité qui caractérise BFM. On a des reporters extrêmement mobiles qui peuvent être en duplex dans toute la région parisienne à tout moment de la journée. On a aussi des idées et on s’inspire parfois de ce qui se fait aux Etats-Unis. Le groupe donne les moyens à cette chaîne d’exister et les téléspectateurs le ressentent à l’antenne.

« La baisse d’audience du Grand direct des médias, je ne pense absolument pas qu’on puisse me l’imputer »

Pendant six ans, vous avez officié avec Jean-Marc Morandini dans Le grand direct des médias sur Europe 1. Quel regard portez-vous sur cette période ?

Le jour où Jean-Marc Morandini a quitté Europe 1, il y a eu une suite logique puisque je le remplaçais pendant ses vacances et à l’été. Malgré un contexte difficile, la décision de la direction a été bien accueillie par les auditeurs. Je garde que le positif de cette expérience. J’ai appris énormément de choses aux côtés de Jean-Marc Morandini. Je me suis absolument éclaté dans cette émission pendant six ans. J’y ai fait des choses absolument incroyables et j’ai rencontré la terre entière. J’ai interviewé et ai été en contact avec tous ceux de la télévision. Tout le milieu médiatique écoutait Le grand direct des médias. La dernière année a été un peu plus compliquée, car les conditions du remplacement n’étaient pas simples compte tenu des affaires qu’entourait Jean-Marc Morandini. J’ai présenté cette émission avec beaucoup d’enthousiasme dans des conditions très difficiles et je ne pense pas avoir démérité. Que ça soit des auditeurs ou des professionnels, les retours étaient très bons. La baisse d’audience du Grand direct des médias, je ne pense absolument pas qu’on puisse me l’imputer. C’est plus dû à une spirale infernale où se trouvait et se trouve toujours malheureusement Europe 1. Le 9 heures / 10 heures se portait mieux que le reste de la radio. J’ai perdu 10.000 auditeurs là où Europe 1 en a perdu 450.000...

Malgré diverses relances, Europe 1 ne décolle pas en audience. Quel est votre regard sur son renouveau ?

J’y crois et je veux y croire, car Europe 1 est une belle maison. Il y a encore énormément de gens de qualité qui y travaillent. Laurent Guimier (patron d’Europe 1, ndlr) sait parfaitement ce qu’il a à faire et connaît bien Europe 1. Il a entamé le chantier qui va être long parce que la radio est descendue bas. Un des axes prioritaires serait de ne pas changer de nouveau la grille tous les six mois. C’est assez compliqué, car quand ça ne marche pas, on a tendance à vouloir tout changer. Il faudrait qu’Europe 1 arrive à s’inscrire dans la durée et installer des rendez-vous. Même si les audiences ne sont pas encore au rendez-vous, je retrouve dans l’esprit le Europe 1 que j’ai aimé et connu il y a plus de trente ans. Europe 1 manque encore de redevenir la radio de l’événement et de refaire parler d’elle. Elle a toujours été une radio différente et pour le moment ça ne sent pas encore...

En radio et/ou télévision, les émissions sur l’actualité médias se raréfient. Que pensez-vous de la place qui lui est aujourd’hui consacrée ?

Le problème est que l’actualité médias est partout. Lors de la création du Grand direct des médias, Jean-Marc Morandini a eu l’intelligence de proposer un programme autour de la télé et des médias. Il y avait beaucoup de choses à dire et ça a été copié partout. L’émission a été un carton et a duré quatorze ans à l’antenne. Finalement, tout le monde s’est rendu compte que l’actualité médias avait un intérêt. Elle a été impactée par le développement du buzz. Ces dernières années, j’ai pris moins de plaisir à la traiter parce qu’elle était partout. J’étais en charge du « Journal des médias » où il fallait trouver des scoops sur les programmes télé et différents médias. Ça devenait de plus en plus difficile parce qu’on avait une information, tout le monde avait la même. Avec la concurrence de tous les sites internet, la radio était forcément battue. Quand j’avais une information à 15 heures, il fallait que j’attende le lendemain matin 9 heures pour l’annoncer à l’antenne. Sans aucun doute, elle avait déjà été donnée sur internet... On est arrivé à une saturation puisqu’on a fini par tout mélanger : l’actualité médias et people avec en permanence une recherche de buzz... Il y a parfois des news médias qui ne volent pas très haut et je trouve ça dommage. On est peut-être arrivé au bout de ce filon. Même dans Touche pas à mon poste, il y a de l’actualité médias, mais le show est basé autour de Cyril Hanouna. L’actualité médias n’est finalement qu’un prétexte. Il n’y a plus d’émissions de télévision qui traitent vraiment d’actualité médias. À la radio, il y a encore des espaces avec l’excellent Instant M de Sonia Devilliers sur France Inter.