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Tunnel : le nouveau thriller franco-britannique de Canal+

Claire Varin
Publié le 11/11/2013 à 18:28 Mis à jour le 19/11/2013 à 13:35

Ce lundi 11 novembre, Canal+ donne le coup d’envoi de Tunnel. La série franco-britannique, adaptée de la série Bron, internationalement acclamée, apparaît comme l’événement de la saison pour la chaîne cryptée. Pour la direction des fictions, il s’agissait de faire la « série la plus singulière et la plus originale possible, ancrée entre la France et l’Angleterre, d’autant plus en partant d’un modèle existant : la remarquable série dano-suédoise. »

Le récit suit la traque d’un tueur en série, suite à la découverte du cadavre d’une femme - en réalité, il s’agit des corps de deux femmes - dans l’Eurotunnel, disposé à la frontière entre la France et l’Angleterre. L’enquête réunit alors un duo de flics étonnant, interprété par Clémence Poésy et Stephen Dillane.

« J’aime bien qu’on me raconte des histoires et j’ai aimé ce que j’ai lu. Et j’ai profondément aimé Élise », explique Clémence Poésy, qui livre ici une prestation remarquable. L’actrice française, dont la carrière se construit depuis longtemps de chaque côté de la Manche, décrit son personnage comme ayant un « rapport très pur à la vérité », qui la rend parfois socialement inadaptée. À la différence de l’héroïne danoise, Élise n’est pas autiste. « Nous avons travaillé à fabriquer ce quasi non-jeu afin de composer ce personnage de fille étrange, mais qu’on ne voulait pas marquer d’une pathologie quelconque. » Le manque d’empathie de l’héroïne contraste avec le caractère opposé de son homologue, Karl Roebuck. « Un type intéressant, amusant, voire engageant ! Un mec assez léger, au contraire de beaucoup de personnages de flics à la télévision » dit Stephen Dillane.

Développée quasiment en même temps que la version américaine, The Bridge, diffusée outre-Atlantique durant l’été, Tunnel arrive la troisième. Si les comparaisons sont inévitables, Tunnel trouve sa singularité dans les détails. Car l’adaptation n’est pas qu’une simple transposition d’une histoire policière. Loin de l’exotisme scandinave, c’est une réappropriation culturelle. Ben Richards, le showrunner, s’est intéressé aux relations franco-britanniques et à leurs subtilités. Soulignons l’intérêt de regarder la série en VOST. Pour Dominik Moll, à qui la création de l’univers visuel a été confiée, rien d’étonnant à ce qu’il ait aussi une version mexicano-étasunisienne. Le réalisateur note que « ce rapport binational appelle à l’adaptation et à explorer les spécificités et les variations des relations entre d’autres pays. »

« La série pose beaucoup de questions, comme de savoir si on paie toujours pour ses mensonges »

Tunnel ne néglige en rien l’humour dans ces relations binationales à travers son duo savoureux. Tandis que le tueur assène quelques vérités sur nos sociétés. « Pour moi, Tunnel évoque notre rapport au mensonge, à la vérité, à la lâcheté » raconte Clémence Poésy. « La série pose beaucoup de questions, comme de savoir si on paie toujours pour ses mensonges. » Elle s’ancre également dans un contexte politique autour de la crise européenne. Cette toile de fond a plu à Stephen Dillane. L’acteur dit également partager avec Ben Richards « une certaine nostalgie d’un engagement politique un peu perdu. » Pour lui, Tunnel était aussi le plaisir de travailler avec des Français. Si ce projet de coproduction est d’abord apparu comme un « double trouble » pour la productrice exécutive Ruth Kenley-Letts. A l’écran, le résultat est la preuve que les Français et les Britanniques savent s’entendre.