Toutelatele

Weeds : un Desperate Housewives en herbe ?

Tony Cotte
Publié le 28/09/2006 à 12:42 Mis à jour le 28/09/2006 à 14:23

Depuis l’hégémonie Desperate Housewives, les quartiers résidentiels semblent être le nouveau cadre de prédilection des producteurs. Jinji Kohan n’a d’ailleurs pas laissé échappé le plébiscite autour de cet environnement pour sa série Weeds. Mais à l’inverse de Wisteria Lane, les protagonistes ne passent pas ici leur temps dans les instituts de beauté ni même devant un évier mais achètent, vendent voire consomment de la marijuana ! Sans faire l’apologie de la drogue ni la dénoncer, Weeds se contente cependant d’observer de façon plus ou moins neutre.

A Agrestic (anagramme de « Cigarets »), zone résidentielle huppée de Californie, Nancy Botwin doit élever ses deux fils et faire le deuil de son époux récemment décédé. Criblée de dettes, il lui faut pourtant continuer à subvenir aux besoins de sa petite famille. Pour conserver son train de vie, la jeune femme décide de se lancer dans une activité atypique : le trafic de drogue. Aidée par son beau frère Andy et son comptable Doug Wilson qui, par la même occasion se figure être un de ses plus gros clients, elle tente en parallèle de son commerce illicite d’être une bonne mère. Mais garder le secret de son business n’est pas chose aisée quand on habite une banlieue où tout se sait et surtout quand on est la meilleure amie de Celia Hodes, mère de famille autoritaire et superficielle.

Présentée en avril dernier lors du MIP TV (Marché International des Programmes de télévision, ndlr), Weeds a crée une polémique à Cannes. En effet, les organisateurs du salon ont saisi les objets publicitaires, dont le logo est une feuille de marijuana, pour en interdire la distribution. Cette prohibition n’a pas pour autant freiné Canal+ dans sa volonté d’achat du programme. La chaîne cryptée a même adressé aux journalistes le dossier de presse de la série accompagné d’un petit sachet d’herbes... de provence ! Une communication quelque peu atypique pour une production qui l’est tout autant.

Si Weeds peut être assimilée à Desperate Housewives de par leurs points communs - le cadre et le statut de « satire sociale »- , la production de Jinji Kohan va en revanche bien plus loin dans le côté incisif. La banlieue bourgeoise y est parodiée dès le générique et la politique de Bush en prend pour son grade. Car l’Amérique de Weeds est aseptisée, manipulée et les consommateurs de substances illicites ne sont ni des rastas ni des junkies au regard sanguinolent, mais des citoyens de toute classe sociale. A mille lieux des clichés attendus avec pareil synopsis, la série ne pouvait être diffusée sur l’antenne d’un network. C’est donc sur Showtime que Nancy, Shane, Andy et les autres donnent rendez-vous aux téléspectateurs outre-Atlantique.

Malgré une exposition restreinte sur le câble américain, les professionnels ne sont pas avares de compliments au sujet de cette production. Autant la réalisation que la distribution sont applaudies. En janvier dernier lors des Golden Globes, Mary-Louise Parker, l’héroïne, se retrouve nominée face aux quatre actrices de Desperate Housewives. Et à la grande surprise, Nancy Botwin a remporté la mise face au quatuor de choc de Wisteria Lane ! Une belle revanche quand on sait que l’actrice a décliné l’offre d’incarner Susan Mayer quelques mois auparavant.

Quoi qu’il en soit les deux femmes vont continuer à cohabiter ensemble, chaque jeudi soir sur Canal+, jusqu’au 5 octobre prochain, date où la chaîne cryptée aura proposé les dix épisodes de la première saison de Weeds. La seconde, actuellement en diffusion aux Etats-Unis, devrait être prévue pour la rentrée 2007 en France. En attendant à partir du 12 octobre à 22h15, Lilly Rush et son équipe sont de retour pour enchaîner les frasques des femmes aux foyers désespérées, dans la troisième saison inédite de Cold Case.