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Alba Ventura : « Dans Zemmour & Naulleau, rien n’est censuré »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 21/02/2018 à 18:54 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Alba Ventura est l’une des chroniqueuses de Zemmour & Naulleau, chaque mercredi soir en prime time sur Paris Première. La journaliste, également présente sur RTL, a balayé l’actualité politique et commenté les premiers mois du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Joshua Daguenet : Vous tenez des éditos politiques à la radio pour RTL et à la télévision sur Paris Première pour Zemmour & Naulleau. Votre écriture est-elle la même pour ces deux rendez-vous ?

Alba Ventura : Pas du tout, car d’un côté c’est un édito pour RTL, et de l’autre, une chronique politique sur Paris Première. L’écriture est différente car sur une chronique, on est davantage dans du factuel ou de la coulisse et dans l’édito, le papier est plus pensé. C’est un exercice qui cherche à poser des questions, donner un sens, élever un débat.

Adaptez-vous le ton pour une chronique en direct sur une matinale à la radio et une autre, en soirée et en différé à la télévision ?

Le ton est propre à chacun. Dans la mesure où on a son propre style, on l’utilise pour les différents exercices auxquels on touche.

L’actualité est très riche en ce début d’année sur la scène politique, sociale et sociétale. Comment définir les priorités dans le choix des sujets ?

C’est très différent. Pour l’édito, je vais faire davantage de social ou d’économie alors que je suis davantage attachée à la politique intérieure. Sur Paris Première, les débats sont organisés entre les deux Éric, Anaïs en arbitre et les deux invités. Je ne suis pas là pour intervenir sur le débat mais plutôt sur les coulisses, les dessous des cartes de la politique.

Éric Zemmour est votre collègue à la télévision et à la radio. De ce fait, avez-vous une oreille plus attentive à sa rubrique « On n’est pas forcément d’accord » ?

Il m’arrive de l’écouter mais je ne suis pas branchée à l’antenne de RTL vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! (rires). D’autant que lors de la chronique d’Éric Zemmour et Nicolas Domenach, je suis souvent aux côtés d’Élizabeth Martichoux avec l’invité qui vient de sortir. Mais, il peut m’arriver de les écouter en podcast ou de leur demander à l’un et à l’autre ce qu’ils ont fait et d’en discuter avec eux.

« On ne peut pas jeter quelqu’un en pâture parce qu’il nous a fait les yeux doux »

RTL est la radio la plus écoutée de France, alors que Paris Première a une visibilité limitée. Souhaiteriez-vous pouvoir vous exprimer sur grand écran à nouveau ?

Être sur Paris Première me plait beaucoup, j’adore cette chaîne ! Si l’exposition est plus discrète c’est parce qu’elle est sur un câble payant mais le succès est déjà au rendez-vous. Si elle devient gratuite, imaginez les résultats… De manière générale, cette chaîne a beaucoup de classe et propose des documentaires, des films et des émissions de grande qualité. Alors, pourquoi pas continuer…

Le mercredi 14 février, vous mettiez en doute les accusations de « L’ebdo » à l’encontre de Nicolas Hulot. L’affaire Warnstein a-t-elle également entraîné une dérive où n’importe qui peut-être publiquement jeté en pâture ?

Je ne mettais pas en doute mais je relevais un manque d’éléments. Cela laisse perplexe sur le travail de journaliste mais ils ont reconnu eux-mêmes qu’ils n’avaient fait que la moitié du travail. Après, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier mais l’affaire Warnstein a été utile car des comportements ignobles ont pu être mis à jour. Dans notre société, il y a très peu de mesure et on en vient toujours à des extrémités. Il faut être nuancé et pas être radicaux, et ce, dans tous les domaines. Mais, on ne peut pas jeter quelqu’un en pâture parce qu’il nous a fait les yeux doux, il ne faut pas exagérer.

Beaucoup d’affaires animent ce début d’année en politique. Après le scandale Fillon début 2017, Gérald Darmanin et Laurent Wauquiez sont sous le feu des projecteurs. Que vous inspirent ces deux cas ?

Pour le premier cas, il y a une plainte pour abus de faiblesse donc nous sommes dans le cadre judiciaire. On ne sait pas si une enquête sera ouverte ou non et la justice, en son temps - et non celui des médias - s’exprimera. Dans celui de Laurent Wauquiez, il s’est lâché devant des étudiants avec l’idée de tout dire sans que cela soit répété mais l’un d’eux n’a pas été très loyal. Il est pris à son propre jeu mais, en même temps, est-ce très grave ? Tous les hommes politiques font un peu ça mais il était venu pour donner des cours et non faire des commérages.

« Le Président de la République n’est pas un gérant de Club Med »

Si Laurent Wauquiez souhaite éteindre l’incendie, n’est-ce pas contre-productif d’envisager un dépôt de plainte ?

Il ne le fera pas et n’intentera aucune action en justice. Et ce n’est pas un véritable incendie, beaucoup de politiques se sont lâchés même si devant des étudiants, c’est inapproprié.

Les relations entre les journalistes et les politiques ne sont pas toujours au beau fixe. Jugez-vous qu’il y a constamment un jeu de dupes entre ces deux professions ?

Nous ne sommes pas amis et n’avons pas vocation à l’être. Les relations doivent être respectueuses mais certains politiques et journalistes fonctionnent très bien dans un échange d’informations. Eux, ont besoin de faire passer un message et nous de recevoir des informations. Emmanuel Macron, par exemple, a décidé de mettre la presse à distance, pourquoi pas, je le respecte… Si nous ne nous adressons pas à lui, nous trouverons bien quelqu’un d’autre dans son équipe, ce n’est pas un problème.

Les politiques et les journalistes sont les principaux boucs-émissaires des Français. Est-ce une raison de la tenue à distance de la presse par Emmanuel Macron ?

Il y a eu une déviance à un moment. Quant on voit que Hollande a gardé deux journalistes à l’Elysée, je ne trouve pas ça sain. Il y a eu beaucoup de off avec Sarkozy, ça nous a servis mais pour lui, c’est revenu comme un boomerang. Est-ce du masochisme à un moment… Macron a voulu rompre avec ces pratiques là et nous ne sommes pas toujours obligés d’être dans leur cuisine ou leur salle de bains. Regardez ce que ça a apporté à Hollande d’être dans sa salle de bains… Avec Macron, c’est une manière différente de fonctionner mais il sait qu’il a besoin de la presse et de la télévision. Il est assez présent et dit les choses quand il a à les dire mais cette distance est saine. Le Président de la République préside la France, il n’est pas un gérant du Club Med.

L’échange entre Christine Angot et Laurent Baffie dans On n’est pas couché a été coupé au montage il y a une semaine. Comprenez-vous une telle censure sur le service public ?

Pourquoi ? Il faudrait tout pouvoir passer ? C’est mieux quand il n’y a pas de censure, maintenant, cette émission est enregistrée sur un temps assez long donc ils font des coupures et enlèvent ce qui pose problème. Dans l’idéal, il faut tout montrer mais voir des gens se disputer, violents verbalement ou qui pètent les plombs, ça n’a aucun intérêt. Ça m’emmerde de payer une redevance télé pour voir ça. Donc, je préfère payer le câble et regarder Zemmour & Naulleau où rien n’est censuré.