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American Idol : la folle épopée de la Nouvelle Star américaine

Anne-Sophie Hojlo
Publié le 04/04/2007 à 01:02 Mis à jour le 04/04/2007 à 13:16

M6 peut légitimement se réjouir devant les 5.71 millions de téléspectateurs qui ont suivi Nouvelle Star le 28 mars dernier, mais doit rêver devant les scores incroyables qu’aligne son aîné American Idol. Pas moins de 37,3 millions de téléspectateurs étaient devant la Fox pour suivre son retour en sixième saison le 16 janvier.

Les deux programmes sont adaptés du télé-crochet britannique Pop Idol, créé en 2001. Si l’émission originelle n’a connu que deux saisons, elle a été transposée avec un grand succès dans une quinzaine de pays à travers le monde, notamment aux Etats-Unis depuis 2002, et en France depuis 2003. Le cahier des charges est précis, et les similitudes évidentes : les castings aux quatre coins du pays, un jury charismatique et vachard, une sélection des « casseroles » les plus stridentes, une élimination chaque semaine, jusqu’à la musique et au générique. Mais, subtilité de la version outre-atlantique, les résultats des votes du public font l’objet d’une soirée à part entière, le lendemain des prestations des candidats.

Tout comme pour la France, le succès d’American Idol repose en grande partie sur son jury, qui éclipse largement le présentateur Ryan Seacrest. Il est composé de trois membres : la chanteuse Paula Abdul, le musicien et producteur Randy Jackson, et surtout le producteur Simon Cowell, qui faisait partie du jury de Pop Idol, et qui assortit ses réflexions assassines sur les candidats d’un fort délicat « I don’t mean to be rude, but... » (Je ne voudrais pas être impoli, mais...). Les coups de gueule de Marianne James et Manu Katché paraissent vraiment des broutilles face aux polémiques du pays de l’oncle Sam : un finaliste qui cache son séjour de plusieurs années en prison pour violence domestique, un autre qui avoue des relations sexuelles supposées avec la jurée Paula Abdul...

L’audience du programme grimpe d’années en années, de même que celle de Nouvelle Star dans une moindre mesure. La finale de la première saison avait réuni 22,8 millions de téléspectateurs, la quatrième saison en moyenne 29 millions de fidèles chaque semaine. Et le triomphe continue. Le premier numéro de la sixième saison a attiré 37, 3 millions de téléspectateurs (contre 35,5 millions un an plus tôt). Il s’agissait de la deuxième émission la plus regardée du programme, en cinq ans d’existence. A ce stade du jeu, la soirée du mardi (interprétations des candidats) séduit 30 millions de fidèles, et celle du mercredi (résultats des votes) 28 millions, en moyenne. Cela représente un quart du public, ce qui n’arrive quasiment jamais aux Etats-Unis, contrairement à ce qui se passe dans l’hexagone. American Idol, qui a commencé en janvier, trouvera sa conclusion en mai. Elle dure donc nettement plus longtemps qu’en France, ce qui n’est guère étonnant vu ses résultats. L’émission sert de locomotive à la Fox, qui n’atteint habituellement pas de tels scores d’audience. On peut néanmoins noter que les votes des téléspectateurs ont baissé de 20% par rapport à la saison dernière.

Les 24 et 25 avril prochains, des émissions caritatives spéciales sont prévues : Idol Gives Back. Les six finalistes interpréteront ainsi des chansons de circonstance, sur le thème de l’espoir et de la compassion, tandis que les sponsors de l’émission, Coca Cola en tête, feront des dons à des associations d’aide à l’enfance en Afrique et en Amérique. Pour l’occasion, les candidats recevront la visite de Gwen Stefani, Pink, et même Bono de U2.

Mais une fois gagné American Idol, le chemin ne fait que commencer. Le parcours des lauréats est presque aussi chaotique qu’en France. Sur 5, deux seulement sont parvenues à se faire une place au soleil : Carrie Underwood (saison 4), dont le premier album s’est vendu à plus de 4 millions d’unités, et Kelly Clarkson (saison 1) avec son dernier opus écoulé à près de 11 millions d’exemplaires dans le monde. Mais - une fois encore comme en France, voir Amel Bent et Thierry Amiel - ce ne sont pas toujours les gagnants qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Jennifer Hudson, finaliste de la troisième saison, a obtenu un oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour le film Dreamgirls.

Aux Etats-Unis, American Idol est donc un véritable phénomène. A tel point que le programme a été pastiché dans le film American Dreamz, sorti en 2005. Hugh Grant y jouait le rôle d’un présentateur cynique prêt, pour faire exploser l’audience de son émission musicale de télé-crochet, à accueillir les candidats les plus « pittoresques » (y compris un apprenti terroriste), et à recourir à l’arbitrage du président américain pour la finale. A quand un film français avec une pseudo Marianne James, ou un faux André Manoukian ?